Auteur d’une crypto-théorie bougrement révolutionnaire, Chalachou sort de la poche arrière gauche de son saroual rapiécé une idée si géniale que le peuple des électeurs bava d’impatience pour se rendre aux urnes le Jour qui ne viendra pas.
«L’idée-lubie» sans précédent de Chalachou est d’abord de se mettre au-dessus du lot des pseudo-associations dites à «caractère politique» en créant sa propre liste libre, mais pas indépendante, ni de tout ni encore moins de tous. Ni marxiste, ni khobziste, ni pétro-dépendant, ni encore mois oesophago-dépendant, ma liste à moi se veut une frontière (invisible à l’œil nu), entre une poche dégoulinante de douros malodorants et une gamelle grandeur nature où viennent se sustenter tous les «rôteurs» par vocation, les abuseurs, les blouseurs, les «embabouineurs», les «taxeurs», les (re) «taxeurs», et même les épouseurs du petit peuple sans alliance aucune. Avant même d’entrer par la porte de derrière à l’hôtel de ville, Chalachou se sentit l’homme le plus heureux au monde. Il se sent juché sur les cimes où le BNB (Bonheur National Brut) flirte avec les rases pâquerettes depuis cinq lustres déjà. Comme hypnotisé par sa sublimation percutante, et empruntant toujours les chemins des grands bandits, Chalachou, en parfait NSNLNE, (comprendre ne sait ni lire ni écrire), devint l’homme le plus important de sa région, sans jamais avoir été ni au bahut, ni trouvé un traître job depuis ses premiers grains de beauté.
Avant même de parapher son premier oukase, Chalachou, l’édile-mutant, décida d’adresser une lettre-programme à ses sous-électeurs grugés, habitant une Cité paumée. Voici à deux syllabes près la missive «historique» de Chalachou le candidateur :
«Moi, Chalachou, fils de mon père qui n’eut jamais de maire digne de ce nom, je vous prie de bien vouloir voter pour moi, et glisser vos bulletins en carton à mâcher directement dans ma poche. Je vous fait la promesse sur la tête de ma mère, (et même de mon ex-maire), de soigner vos femmes stériles, qui vous donneront des enfants qui ne grandiront jamais; je vous dis aussi que je m’engage devant l’Omniscient à vous nourrir à votre faim, en puisant dans les estomacs vides de vos aïeux sacrifiés.
Mon autre promesse non négociable est celle de construire des maisons sans toit à chacun de vous; vous donner un emploi sans vous sentir obligés de trimer comme des baudets anguleux; si vous acceptez de me donner vos voix détournées, je jure dans le dos de votre Dieu que je vais faire de votre Cité le no man’ land le plus policé du pays; et je peux même me présenter aux présidentielles si vos enfants in vitro acceptent de me faire don de leur majorité prématurée. A vous de retenir ces deux dates très importantes dans votre vie castrée : le 30 février où vous nos maires sortiront vraiment des urnes non piégées et le 1er avril où les élus censitaires ne scieront pas la branche sur laquelle ils croient être assis !».
25 novembre 2012
El-Houari Dilmi