Démarrons cette chronique par une note d’optimisme : la télé des visions non parabolées nous annonce une météo torride demain à l’entrée de Mascate (45 degrés), et un ciel encombré à la sortie du ciel de sur Vancouver. Une vraie préoccupation nationale . Comme chacun ne l’ignore pas boulevard des martyrs, l’information du genre conforte le bonheur du beauf’ du village des piémonts arides deChlef . Un jeune vieillard de beauf’ se nourrissant de fierté inconsidérée, surtout par ignorance, sensible aux comparaisons en vrac essentiellement avantageuses au bled . En ce matin de printemps à siroter un moitié- moitié bien noir, par 18 degrés de saison, sous une voûte céleste clémente de baraka et compte là-dessus tu verras papa noël . En écoutant le dernier tube percé de chaba « Houhoua–Canastel » promettre à son futur, des gâteries et grattouilles revigorantes inédites au tarif syndical en vigueur . Normal . Et il y croit au refrain murmuré dans un râle érotique, le bougre de beauf’ à voire sa bouille congestionnée par l’effort d’imagination provenant des abysses de ses tripes bouillonnantes de refoulement collectif et d’époque ! Comme quoi nos jeunes, si tu leur donnais leur chance , le bac pour tous , (ou « sanche ») , ils te bâtiraient des usines de bonheur éternel outre- tombe pourvu de te trucider de sur terre ferme, en leur cédant ta place . Les pauvres, pas d’chance, z’har makache , c’est tout !!
Entre vieux retraités à discuter de tout et de rien, attentifs aux échos du bled, voilà que Bachir nous en sort une bien bonne. Pour mémoire, Bachir cet enfant de Oued Souf, élevé en Tunisie, émigré à 19 ans à Gilou-la-folle près de Paris , que sa femme tunisoise a plaqué trente ans plus tard . Seulement une fois la maison de Tunis payée, les gosses toujours en âge de procurer des aides sociales à une pauvre femme intégrée, isolée, abandonnée à ses revenus mensuels . Et à elle-même. Rassurons nos amis, la femme est pieuse faute de mieux .
Le cousin de Bachir, un certain Echattaoui, trois fois veuf , un héros au bled pour cet exploit et l’autre, celui de dix sept gosses délivrés à l’humanité décontenancée, désarmée . Que des frisés, dont deux petits albinos, nains et myopes. Des fins de séries. Echettaoui, n’a jamais disposé à la fois que d’une seule paire de chaussures . Essayées chez la marchande, et lassées une fois pour toutes en réglant la facture. Et qui ne sauraient être dénouées au plus tôt que , en fin de vie de l’un ou l’autre . Au point où, les boucles usées à la corde, devenaient littéralement rigides et pétrifiées. Et ce n’est pas tout. Les godasses lacées à bloc, parvenaient à se chausser sans problème, à force d’enfoncement brutal, avec la cuillère à chorba, puis deux doigts mouillés, puis enfin à la longue s’enfilaient directement comme dans du beurre. Faut dire que la couche de sueur et de poussière gélifiée permanente autour de la tige de la godasse, le permettait. Donc sans dénouer les lacets, le pied d’Echettaoui prenait place dans la chaussure facilement .Et deuxième bizarrerie, lequel pied épousait la forme parfaite …en se dilatant comme dans un moule. Phénoménal, la nature à horreur du vide ! .Et là mon frère tu comprendras , dilatation par çi ou par là , automatiquement, comment Echettaoui a survécu aux ardeurs de tant de veuves gabséiennes esseulées .
Dans le métro, c’est simple , fixe le plancher jusqu’à rencontrer du regard une paire de pompes râpées, déformées, jamais cirées, nouées à mort . Poursuit ton observation vers le haut du quidam repéré , lentement comme une caméra balayant en grand champ. Et là, le choc avec une moustache noire corbeau ostentatoire et au moins cinq incisives défaillantes : un cousin débarqué la veille , en chasse au papelard !.
Pourquoi libérer des histoires à la noix, entre nous ? Pour nous fendre la pêche pardi !
Uniquement parce que l’on en a ras la casquette d’exilés à perpet’ des : « d’origine », « d’apparence » « deuxième, troisième génération », » des quartiers » « cités sensibles » , quand tu sauras que Larbi est en fait blond aux yeux bleu ciel météo anticyclonique .
Il ne leur viendrait pas à l’esprit aux crétins qui nous les gonflent sec, d’interpeler unPiotru Polansxiwxkj quelconque contrevenant à n’importe quoi de mineur, au prétexte que « d’origine », son aïeule une certaine Salomeae Sklodowska ( Marie Curie) , aurait contribué implicitement à la conception initiale du cadeau fait au japonais àNagasaki ou Hiroshima les 6 et 9 août 1945 ! En recommandé avec accusé de réception. A la grandeur de l’occident civilisé. Santé !
Une simple civilité qui a fait basculer l’humanité dans le progrès « urbi etc… » .
Rien que pour çà, on va se resservir un arabica bien serré, pur jus !
Farid Talbi
24 novembre 2012
Farid Talbi