Le premier raconte sa version des faits. Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison». Vint le deuxième chasseur qui vient raconter sa version des faits. Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison». Le chef du village ne comprenant pas, s’adresse au sage: «Mais enfin, il y en a sûrement un qui a tort, ils ne peuvent pas avoir tous les deux raisons !!» Le sage le fixe et lui dit: «Tu as raison»…
T’as raison. Je n’ai rien à dire et pourtant je dois faire un billet. Peut-être parce que billetter est plus synonyme d’écrire que de paroler. Mais qu’est-ce que l’écrit et la parole… S’exprimer sur plateforme vocale ou sur papier, de sa propre parole intérieure qu’est la pensée. Alors, j’écris, je parle, et ma parole sera disséminée sur la toile journalistique pour que les araignées du verbe puissent s’agripper à l’écrit.
Je billette, mais je renierai mon nom. Je m’appellerai guellil tout le temps. Je crie des billets. Que de billets ai-je signé sans être patron de la banqueroute centrale. Des billets doux doucement. Des billets blancs, des noirs, des billets de toutes les couleurs, mais jamais de billets verts. J’ai fait des billets sans jamais en avoir un seul en poche. J’ai vécu de billets et de manque de billets. De billes et de courage pourtant je n’en ai jamais manqué. Bilieux, je ne l’ai jamais été, ni enclin à la colère, ni à la mauvaise humeur.
Depuis ses débuts d’existence, l’homme qualifie de moi, la représentation de son corps réfléchi dans un miroir, et son esprit, déjà torturé par cette société de recherche de profits au détriment de son prochain. Emprisonné dans ce corps matériel, il tentera par tous les moyens d’en sortir.
Et alors, quand il verra son monde d’en haut et comprendra son insignifiance, il regrettera le moment béni, où il se croyait supérieur à toute chose sur Terre… là il commencera à écrire des billets doux, blancs, noirs mais pas verts.
21 novembre 2012
El-Guellil