Légende - Certains prétendent qu’elle s’appelait Zohra, d’autres disent, au contraire, qu’elle se nommait Zahra,l’essentiel est qu’elle décida d’en faire un fonds de commerce.
Zemmora est une petite ville d’architecture coloniale qui relie, après une route sinueuse et toute en lacets, les plateaux du Sersou à la vallée de Relizane.
Compte tenu de son relief, la cité a été construite sur les versants de la montagne, dans les moindres aspérités de ses rochers.
Les habitants, qui l’ont presque clochardisée aujourd’hui, viennent des douars et des dechras environnants et vivent du pâturage, de petits commerces et des produits de la terre.
Lorsque éclate la Révolution, une jeune femme de la campagne, robuste et bien en chair, comprit tout de suite les avantages qu’elle pouvait tirer de la nouvelle situation.
Certains prétendent qu’elle s’appelait Zohra, d’autres disent, au contraire, qu’elle se nommait Zahra, l’essentiel est qu’elle décida d’en faire un fonds de commerce.
Aidée par une demi-douzaine de chômeurs sans le sou, elle organisa alors une véritable bande de coupeurs de gorges, sous le prétexte qu’il fallait aider les caisses des moudjahidine.
Le stratagème était simple, les voyous s’armaient de gourdins, de bâtons et de couteaux, se cachaient derrière les rochers, et dès qu’ils apercevaient un véhicule à un virage bien précis, se positionnaient et barraient la route.
Les automobilistes, surtout des chauffeurs de taxi, étaient priés de s’arrêter et d’éteindre le moteur.
Arrivait alors Zohra, flanquée de deux malfrats solidement armés, elle demandait aux passagers de lui remettre leur argent, leurs bijoux et tout ce qui avait de la valeur dans leurs valises.
«Ces hommes qui vous dépouillent, disait-elle dans une posture théâtrale, c’est pour la bonne cause, ce sont les enfants de la Révolution.»
De fil en aiguille, les gendarmes de Zemmora, qui avaient reçu plusieurs plaintes, montèrent un contre guet-apens à ces voleurs, qui avaient fini par faire parler d’eux, jusque dans les casernes.
Et c’est ainsi que cette «pasionaria» fut arrêtée, ainsi que ses complices, en flagrant délit de banditisme un après-midi d’été où la bande avait relâché sa vigilance.
Depuis, personne au village n’a plus entendu parler d’elle. Même son histoire a été effacée des mémoires.
Abdenour Fayçal
Le journal des locales Edition du 21/4/2012 |
|
10 novembre 2012
Abdenour Fayçal, une ville ,une histoire