Rituel - La place était louée une semaine à l’avance par la mère et lorsque la fiancée arrivait, elle n’était jamais seule. Toutes ses amies et toutes ses voisines l’accompagnaient.
Constantine.Lorsqu’on évoque le nom de cette cité antique, trois mots viennent tout naturellement à l’esprit : Ibn Badis, le pont suspendu et le Rummel.
Et pourtant la ville a plus d’une corde à son arc. Comme ses vestiges, ses curiosités architecturales et ses traditions.
Ses bains turques par exemple comme les vieux bains du pays ont une histoire assez particulière.
Leurs espaces ont été pendant très longtemps des lieux conviviaux où les femmes de toutes les couches sociales se rencontraient, échangeaient et nouaient des relations parfois très suivies.
C’est là que les mamans venaient choisir la future épouse de leurs fils, se renseigner sur sa famille et au besoin sur sa moralité.
Parmi tous ces bains qu’on a construits, qu’on a modernisés ou qu’on a laissés en l’état, un seul a changé quatre fois de nom à Constantine.
Les générations qui se sont succédé l’ont tantôt appelé par l’un et tantôt par l’autre.
Il a été désigné sous le nom de «Hammam Drous», «Hammam Echat et «Hammam El-hawa» parce qu’il s’élève sur un terrain nu et enfin «Hammam tlata».
Le mot «tlata» qui veut dire trois, fait référence soit à l’heure d’ouverture pour les femmes, trois heures, soit le jour d’ouverture non-stop, le mardi.
C’est encore là que les jeunes fiancées devaient prendre leur ultime bain avant le mariage.
Il ne s’agit pas d’une douche, il y avait tout un rituel qui était mis en branle pour l’occasion.
La place de la jeune femme était louée une semaine à l’avance par sa mère et lorsqu’elle arrivait, elle n’était jamais seule.
Toutes ses amies et toutes ses voisines l’accompagnaient
La maman à cette occasion offrira aux clientes des gâteaux et des friandises et parfois même prendra à son compte les frais de leurs bains.
Et lorsque «Hammam tlata» recevait dans la même journée trois et quatre fiancées à la fois, autant dire que la fête était partout et que tout le monde se régalait.
Et comme les temps ont changé, la plupart des mamans aujourd’hui font l’impasse sur ce rituel, zappent le décorum et c’est tout juste si elles ne viennent pas au bain avec un sachet en plastique.
Abdenour Fayçal
Le journal des locales Edition du 23/10/2012 |
|
10 novembre 2012
Abdenour Fayçal, une ville ,une histoire