Elles gardent toute leur fraîcheur et leur candeur
Croyances - Pour des raisons liées à leur culture et surtout à leur superstition, les anciens pensaient qu’une plage ou qu’un bout de côte devaient être protégés par un saint homme, par un mausolée.
C’est si vrai que la plupart des anses et des criques sont surplombées par des «khoubes» où viennent prier de nombreux fidèles même aujourd’hui en saison creuse.
Sidi Mansour, à Oran, par exemple a été bâti sur une crête face à la mer à mi-chemin entre les villes de Mostaganem et d’Oran.
Exactement là où le Cheliff se jette dans la Méditerranée.
C’est sur le terre-plein de cette construction peinte en blanc et en vert que des familles viendront presque chaque week-end respirer l’air du large, invoquer les faveurs du saint et souvent pique-niquer sur place.
Lorsqu’il y avait foule, l’on pouvait sentir le fumet des rots jusqu’à la route nationale.
C’était un peu la fête dans cette campagne isolée et curieusement aucun fidèle ne descendait prendre un bain ou barboter dans l’eau ni même avait l’idée de le faire.
Le saint homme était respecté pour sa baraka, son havre de paix et le silence que ne perturbait que l’envol de quelques mouettes.
Bref, les citadins épuisés par la fureur de la ville, prendront peu à peu l’habitude d’investir le site pour se ressourcer, méditer et se laisser aller au gré de la fantaisie du moment.
Malheureusement les choses ne resteront pas en l’état. Compte tenu de l’énorme pression exercée chaque année sur les plages, les autorités de Mostaganem décidèrent de viabiliser cette partie de l’embouchure et de la livrer aux baigneurs.
L’appel d’air sera instantané. Les visiteurs viendront de partout et spécialement de Mohammadia et du piémont de Mascara qui n’auront qu’une heure de route au lieu de deux pour atteindre les berges… Résultat, le site de Sidi Mansour s’est vidé de ses habitués qui ont fui, une fois de plus, la clameur des foules. De l’autre côté de la baie, à son extrémité est vers l’arrière-pays de Sidi Ali et de Ramdane Abdelkader, une autre plage, la plus vieille de toutes, ne désemplit pas : Le Kerrouba.
Les grands-pères et les arrière-grands-pères de Mostaganem s’y sont baignés lorsqu’ils avaient vingt ans protégés seulement par une serviette nouée autour de la taille. Le saint tutélaire de la plage est Sidi Medjdoub dont on prétend qu’il serait à l’origine de plusieurs cas de fécondité.
Les femmes stériles, selon le mythe, jetaient au fond d’un tourbillon coincé entre les rochers, leurs ceintures… et le miracle se produisait en moins d’un an.
Vrai ou faux mais ces contes gardent la fraîcheur de la candeur des histoires oubliées.
I.Z
Le dossier du jour Edition du 1/2/2012 |
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10 novembre 2012
Imaad Zoheir