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Mitt Romney. Candidat républicain battu à la présidentielle américaine le Mormon gaffeur qui voulait diriger le monde

10 novembre 2012

Contributions

le 08.11.12 | 10h00

 	Que peuvent les lois là où ne règne que l’argent ?

Que peuvent les lois là où ne règne que…

«La première loi de l’histoire est de ne pas oser mentir ; la seconde de ne pas craindre d’exprimer toute la vérité.» Léon XIII

Il était une fois, en Amérique, un homme qui voulait séduire la Maison-Blanche. A l’aise financièrement, il est archimilliardaire, il a mis tous ses moyens pour tenter d’atteindre cet exaltant objectif. Celui de diriger son pays et le monde. S’il a eu du mal, dans les primaires, à s’imposer dans son propre camp en s’adonnant à une véritable bataille fratricide, l’homme se lâcha carrément après son investiture par son parti.

Dans cette Amérique de l’excentricité, de l’extravagance et de la démesure, le duel qui opposa Mitt Romney à Barack Obama a indéniablement les allures d’un show médiatique, où l’exhibitionnisme et les petites phrases sont de rigueur, quitte à éluder les questions de fond. Chez Romney, toujours l’audace a forcé le triomphe. «Vaincus sont ceux qui n’espèrent pas vaincre !», professe-t-il. Aussi, il se démena comme un diable malgré les revers, pour toujours aspirer à «occuper les plus hautes fonctions» et comme le fauteuil de gouverneur était devenu trop étroit pour lui, notre homme s’attaqua à la magistrature suprême.

Mormon et versatile

Une revanche contre le sort et surtout, diront les psychanalystes, une vengeance longtemps refoulée, puisque son père, George, fut candidat malheureux aux élections primaires républicaines pour la présidence en 1968 et sa mère Lenore, ancienne apprentie actrice, échoua aux sénatoriales de 1970 dans le Michigan. Dernier d’une famille de quatre enfants, Mitt est élevé dans le strict respect de la foi mormone. Il a 22 ans quand il épouse sa petite amie de l’école secondaire, Ann Davies, convertie à sa foi et avec qui il aura cinq enfants.

A 19 ans, il part en France comme missionnaire mormon. En 1968, il est victime d’un grave accident de voiture en Gironde, mais il s’en sort miraculeusement. En 1975, il obtient un diplôme de droit à Harvard. En 1999, il est chargé de sauver de la faillite les Jeux olympiques d’hiver qui se dérouleront en 2002, à Salt Lake City, où se trouve le siège du mormonisme. Les Mormons, dont est issu Romney, comptent près de 6 millions d’âmes en Amérique. Considérés par certains comme une secte, les Mormons étaient pour la polygamie. Ils sont chrétiens, mais se confèrent au livre des Mormons qui raconte l’exode des tribus d’Israël jusqu’en Amérique, 600 ans avant notre ère, à qui Jésus serait apparu après sa résurrection.

«Les Saints des derniers jours attendent son retour aux Etats-Unis.» Ce n’est qu’en 1994 que Mitt se lance pour la première fois dans la vie politique. Il se présente sous les couleurs républicaines aux élections du Sénat contre Edward Kennedy. Il est battu, mais obtient 41% des suffrages, le meilleur score jamais obtenu par un candidat contre Kennedy. Ce n’est que partie remise car, le 5 novembre 2002, Romney est élu gouverneur du Massachusetts. Il fera par la suite campagne pour le président George Bush en 2007, avec 32% des voix, il arrive deuxième lors de la primaire présidentielle derrière H. John McCain, 37%. Il annonce le retrait de sa candidature, puis une semaine plus tard, son ralliement à McCain.

Cette contre-performance ne découragea pas outre mesure Romney, qui annonce officiellement, le 2 juin 2011, sa candidature à l’investiture républicaine en vue de l’élection présidentielle du 6 novembre 2012. Ses contempteurs vont alors railler ce candidat «saugrenu, adepte d’une religion bizarre», «comment voulez-,vous que je fasse confiance à un Américain de 65 ans qui n’a jamais pris de sa vie une goutte d’alcool !»

Brocardé, Romney, qui ne cache pas ses accointances avec le lobby sioniste, fait fi de toutes les remarques, parfois fantaisistes, qui lui sont adressées. N’empêche, son CV s’est enrichi du vocable de gaffeur et de retourneur de veste… Ainsi, le 22 octobre dernier, lors du débat présidentiel, c’est tout juste si le candidat républicain n’a pas fait le signe de la paix en direction du public pour l’inviter à faire l’amour pas la guerre.

A propos du Moyen-Orient, il a déclaré : «On ne peut pas se sortir de ce bourbier en tuant.» En ce qui concerne la Syrie, Romney a exprimé sa volonté de chasser Al Assad du pouvoir, tout en excluant catégoriquement toute intervention militaire. A propos de l’Iran, qu’il a présenté à plusieurs reprises comme la principale menace pour les Etats-Unis, le républicain a pris soin de répéter qu’il n’avait pas l’intention d’entrer en guerre et qu’il n’envisagerait cette option qu’après que toutes les autres solutions auraient été épuisées.
Et puis, il a, pour la première fois, suggéré de faire inculper le président iranien Ahmad Ahmadinejad par les Nations unies ! Dans son programme pour contrer son adversaire, Romney s’attaqua d’abord au bilan de ce dernier, en particulier sa grande réforme relative au système de santé, même s’il se vante d’avoir mis un dispositif presque identique dans son département du Massasuchetts !

Il faut noter que le dispositif mis en place par Obama constitue une véritable révolution. Selon les chiffres officiels, 50,7 millions d’Américains n’ont pas d’assurance médicale parce que leurs employeurs n’y pourvoient pas et parce qu’ils n’ont pas assez de revenus. Ils se fient alors à la fatalité en considérant qu’un  accident, un cancer, une maladie grave, cela n’arrive qu’aux autres. Obama a voulu assurer tous les Américains sans distinction, même ceux qui pensent qu’ils ne seront jamais malades ! Pour cela, il a exigé que l’assurance soit obligatoire, ce qui, bien entendu, a soulevé l’ire des conservateurs, confortés dans leur droit sacro-saint à la liberté individuelle. Cette escarmouche, sans doute la première du fameux duel, n’eut pas de conséquence sur les débats électoraux.

Le fric au service de la politique

En revanche, Mitt concentra ses attaques sur l’incapacité du président en exercice de réformer le système financier, domaine qu’il maîtrise nettement mieux. Parmi les gaffes les plus célèbres du prétendant à la Maison-Blanche, celle d’avoir dit que les Jeux olympiques de Londres étaient mal organisés, en débarquant de l’avion de Boston, ce qui a fait dérailler sa tournée en Angleterre, censée souligner sa stature présidentielle. Et puis, dans une vidéo, on le voit expliquer à ses donateurs qu’«il n’a pas l’intention de perdre son temps à essayer de convaincre les 47% d’Américains qui ne payent pas d’impôt sur le revenu, qui dépendent du gouvernement, des assistés qui s’empiffrent de bons alimentaires pendant que les petits patrons travaillent seize heures par jour. Ils se prennent pour des victimes, qui croient que le gouvernement a la responsabilité de s’occuper d’eux, qu’ils ont droit à tout…».  Il affirme aussi que «les Palestiniens ne s’intéressent absolument pas à la paix avec Israël et qu’un cheminement vers la paix est presque absolument impensable».

Dans un autre chapitre, Romney fait mine de regretter que son père, qui a grandi au sud du Rio Grande, n’ait pas eu la nationalité mexicaine : «Je le dis en plaisantant, mais ça aiderait d’être latino.» Mais la bourde la plus lourde qui a désarçonné ses plus proches collaborateurs, c’est lorsque Romney a présenté son colistier, Paul Ryan, comme «le prochain président des Etats-Unis !» Ensuite, lors de l’une de ses sorties électorales, le candidat s’est fendu d’une sévère critique à l’égard de «la Chine qui vient voler le travail des Américains. Nous devrions la combattre farouchement».

Un célèbre sociologue américain croit déceler, dans l’attitude de Romney, un retour vers le mythe américain des années 1950, avec ses voitures rutilantes et folles, ses richesses, sa belle vie et sa volonté de libérer le monde libre. «Il veut revenir à ces fondamentaux, alors que la mondialisation a depuis longtemps formaté les esprits et mis au pas bien des Etats.» Lors de l’ultime débat, Romney, bombant le torse, avait déclaré : «En tant que président, je vais créer 12 millions d’emplois nouveaux.» 45 minutes plus tard, il s’est ravisé, la mine déconfite et a martelé : «Le gouvernement ne crée pas d’emplois», et pour boucler la boucle face à des chômeurs de Floride qu’il haranguait au cours de sa dernière campagne, il s’est écrié : «Moi aussi je suis au chômage», alors que sa fortune est estimée à près de 300 millions de dollars.

Sur le plan de l’éthique, Romney a été sévèrement épinglé par les défenseurs des animaux. Il avait déclaré, une fois, avoir mis son chien dans un support attaché sur le toit de sa voiture pour un trajet de 12 heures. En réponse, il n’a pas trouvé mieux à dire que les gens ne sont pas contents que son chien aime l’air frais. Toujours dans son style provocateur, Romney, à l’adresse de son adversaire, n’y va pas de main morte en évoquant la capture de Ben Laden : «Ce n’est pas la peine de remuer ciel et terre, de dépenser des milliards de dollars juste pour attraper une seule personne ! »

Les pauvres à la trappe

Lors d’une soirée de recueil de fonds pour sa campagne, Romney a tenu à évoquer la problématique de la sécurité aérienne. La veille, en effet, l’avion dans lequel son épouse voyageait avait dû effectuer un atterrissage forcé en raison d’une panne électrique. Après s’être réjoui de la savoir saine et sauve, Mitt a posé une question qui laisse perplexe : «Lorsqu’il y a un incendie à bord d’un avion, vous ne pouvez aller nulle part. Et vous ne pouvez pas compter sur le fait que l’oxygène venant de l’extérieur de l’appareil entre dans l’avion, puisque les hublots ne s’ouvrent pas, je ne sais pas pourquoi il ne le prévoient pas. C’est un vrai problème.» Mitt parlait-il sérieusement ? En tout cas, personne dans son entourage ne semblait penser qu’il s’agissait d’humour… A la question de savoir quel serait son acte fondateur au cas où il serait élu à la Maison-Blanche : «Je me mettrais à genoux, je prierais et je demanderais au Seigneur de sauver l’Amérique.» Hélas, Dieu ne l’a même pas entendu.

Parcours :

 

Willard Mitt Romney est né le 12 mars 1947 à Détroit. Enfance studieuse dans le Michigan, puis deux ans et demi en France, dans les années soixante, en tant que missionnaire desMormons. Il se spécialise dans le conseil en stratégie et intègre une grande société, dont il devient le secrétaire général. Il est évêque de l’église de Jésus-Christ des Saints des derniers jours, avant de devenir président du diocèse de Boston.

Il échoue aux sénatoriales de 1994 face à Edward Kennedy. Il est président du Comité d’organisation des Jeux olympiques d’hiver de Salk Lake City de 2002. Il est gouverneur du Massachusetts jusqu’en 2006, année où il préfère se porter candidat à la primaire présidentielle républicaine de 2008, qu’il perd au profit de John McCain. De nouveau candidat en 2012, il est désigné par son parti pour affronter Obama. Il échoue. Romney est marié et père de 5 enfants.

 

Hamid Tahri

© El Watan

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À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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