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Le Premier Novembre dans la Mitidja Par : Abdelhakim Meziani

9 novembre 2012

Abdelhakim Meziani

Samedi, 03 Novembre 2012 09:50

LA CHRONIQUE DE ABDELHAKIM MEZIANI

Prétentieux peut paraître ce titre qui est en réalité celui d’un livre que j’ai commis le 1er Novembre 1984, dix longues années après la censure par l’hebdomadaire Révolution Africaine d’un reportage écrit sur la base de témoignages de ceux qui ont contribué à la Révolution nationale. Et dont certains sont vivants de nos jours, par je ne sais quel miracle… Les composantes du front intérieur, le fer de lance des idéaux de Novembre, avaient supporté tout le poids de la guerre, il est vrai… Paysans et ouvriers, ils l’étaient hier. Travailleurs de la terre et des unités industrielles, ils étaient organisés, depuis l’indépendance, en comité de gestion au domaine Souidani Boudjemaâ… et dans l’usine de papier de Baba Ali… Notre rencontre a été bouleversante. Gagnés par l’aigreur, ils considéraient qu’ils étaient alors des laissés-pour-compte. Il aura fallu les bons offices du militant Slimane Slimani de Hadjout et de mon statut de fils d’un chahid particulièrement connu dans les milieux nationalistes du PPA et du FLN pour que le témoignage voie le jour.
Pas plus tard qu’hier, à l’occasion du mariage de la fille de mon ami Tewfik, fils de Mahmoud Zani, un grand sportif et chahid de la Casbah éternelle, j’en parlais avec Ali Slimani qui insista sur la ferveur avec laquelle son défunt père avait entouré sa noble mission de me mettre en contact avec ces artisans de Novembre.
Etaient-ils vraiment des laissés-pour-compte ces miraculés qui avaient accepté avec modestie de contribuer à faire revivre un passé glorieux, faisant ainsi fi de la négation qui leur était opposée par ceux qui avaient confisqué en 1962 le processus révolutionnaire ? Assurément pas, car comme leurs sœurs et frères tombés au champ d’honneur, ils avaient prouvé que la volonté de libérer et de réhabiliter notre personnalité propre était la seule alternative à opposer, dans le cadre de la Révolution nationale, au langage de la force et aux moyens de la ruse de la caste coloniale. à un moment où l’impérialisme et le colonialisme français voulaient assimiler notre peuple à leur propre réalité afin de nous maintenir dans le carcan de leur pouvoir d’action et de nous assujettir à leur volonté d’exploitation et d’oppression.
Ma revanche sera sans concession aucune en 1984 date à laquelle mon livre, préfacé par Kateb Yacine, sortira dans les librairies françaises, alors que sa diffusion en Algérie sera retardée sous le prétexte fallacieux qu’il y était fait référence à Messali Hadj et à Krim Belkacem. Comme s’il était possible de faire abstraction du père du nationalisme révolutionnaire algérien et de celui qui dépêcha auprès de Souidani Boudjemaâ, dans la Mitidja, toute une division de combattants sous la responsabilité du colonel Ouamrane !
Devant mon refus d’arracher la page par qui, semble-t-il, le scandale arriva, ce fut la mort dans l’âme que les apprentis censeurs mirent en librairie, une année après, le seul ouvrage dédié à cette région du pays et à démonter que l’étincelle qui mit le feu à toute la plaine avait jailli dans plusieurs régions du pays et pas seulement dans les Aurès…


A. M.
zianide2@gmail.com

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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4 Réponses à “Le Premier Novembre dans la Mitidja Par : Abdelhakim Meziani”

  1. abdelkader wahrani Dit :

    c´est devenu une sorte de rendez vous sacré. de pélerinage obligé. chaque année, le 1er novembre 1954 quand alger verse dans la commémoration grandiloquente, le moudjahid Lakhdar Bouragaa quitte la capitale et retourne dans le maquis. il part seul, pour la journée, dans les montagnes qui bordent la Mitidja. la loin du monde, il a rendez-vous avec ses souvenirs et les âmes mortes de ses compagnons. je marche, je parle a tous ceux qui ont été tués pendant la glorieuse révolution. le Moudjahid Lakhdar Bouragaa se souvient bien du 1er novembre 1954. il avait 20 ans et faisait le service militaire en france, dans les chasseurs alpins a brioncon. un officier chrétien, le premier, lui a annoncé qu´un soulevement venait d´avoir lieu. d´autres informations suivront, fournies par les officers francais. le moudjahid Bouragaa a la fibre. comme son pére, comme son frére, Rabah et son maître a l´école coranique. adolescent, il croisé le moudjahid Didouche Mourad, un des fondateurs du FLN. il admire Messali Hadj, pére du mouvement national. le jeune Bouragaa de retour en algerie au printemps 1956, pour rejoindre son frére Rabah, maquisard de la premiere heure, dans les montagnes de la wilaya 4 : je n´ai rien dit a personne, surtout pas a ma mére, je suis parti une nuit, emportant un fusil de chasse caché sous de la paille et une demi-douzaine de cartouches….. Allah yarham chouhadas.

  2. abdelkader wahrani Dit :

    le moudjahid Lakhdar Bouragaa, cette guerre de la révolution va bientôt prendre une tournure autrement dramatique. l´armée coloniale est bien renseignée. aux embuscades, s´ajoutent des batailles rangées qui saignent les rangs des moudjahidines. dans les maquis les pertes sont lourdes. Lakhdar Bouragaa promu chef de compagnie, se souvient qu´elle a été reconstituée pas moins de trente et une fois, dont une fois gravement blessé, au ventre. j´ai saupoudré la blessure avec le DDT qu´on nous donnait dans le papier journal et mis du scotch dessus. le médecin m´a traié de fou. je m´en suis sorti. j´ai eu de la chance. les maquisards sont des gueux. l´équipement arrive au compte gouttes de tunisie, ou est installé le FLN de l´extérieur, que les djounouds affublent du titre de maquisards par correspondance lorsqu´un adversaire était tué, la cosigne était de lui prendre en priorité son fusil, puis ses chaussures, son pantalon et enfin sa veste….

  3. abdelkader wahrani Dit :

    Lakhdar bouragaa. dans les maquis de la wilaya 4, ou toute présence féminine a été bannie, la vie quotidiéne est rude et bien encadrée, une séance d´autocritique suit chaque embuscade. chacun doit justifier l´emploi des munitions . en cas de dérive, un commissaire politique veille au grain, et un tribunal siége pour juger les traitres. lire un journal francais, écouter la radio d´Alger contrôlée par les colonialistes sont des gestes interdits. mais des étudiants maquisard ont créé une troupe de théatre. et des cours d´alphabétisation existent, ou l´on peut apprendre le francais ou l´arabe. chaque combattant devait toujours avoir sur lui un carnet, un stylo, une brosse a dents et du dentifrice. c´était une facon d´éduquer le peuple…

  4. abdelkader wahrani Dit :

    le moudjahid Lakhdar Bouragaa…, les anectodes s´enchaînent. il y a cette embuscade d´ou il est sorti miraculeusement, unique rescapé parmi six moudjahidines. on était encerclé. un béret vert francais nous narguait en nous demandant s´il nous reste des munitions. ou ce photographe francais, qu´ils avaient recueilli pendant prés de six mois, persuadés qu´il s´agisait d´un déserteur. il nous avait appris a nous servir d´un appareil photo et nous avait tous photographiés. on le considérait comme un des nôtres. il avait adopté le prénom d´un moudjahid tué au combat. un jour, le francais disparaît dans la nature pour nous c´était un martyr. beacoup plus tard. en lisant un livre de Massu, j´ai découvert que c´était une taupe (espion) infiltré dans nos rangs. il y aussi l´histoire de cette vieille femme, folle de douleur, a qui les moudjahidines amenérent un prisonnier francais pour qu´elle se venge de la mort de ses deux fils, assassinés par des criminels tortionnaires légionnaires. elle se contentera de lui mordiller l´oreille. l´histoire encore du frére de Lakhdar, tué et qui les soldats criminels francais rendront hommage pour sa bravur. Lakhdar Bouragaa il fera huit années de prison sous Boumediene pour des raisons politiques. a fin des années je suis tombé en arrêt devant la plaque d´une rue, elle portait le nom du colonel avec qui, en tant que commandant du centre de la wilaya 4, j´avais signé le cessez-le-feu local en 1962. gloire a nos glorieux valeureux martyrs. merci.

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