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L’histoire de la chambre étrange du pieux calife Par : Amine ZAOUI

9 novembre 2012

Amine ZAOUI

Jeudi, 01 Novembre 2012 09:50

…SOUFFLES…

Pourquoi est-ce que je vous raconte cette histoire que j’ai lue, il y a de cela une dizaine d’années ?

Il s’appelle al-Tabari, il a volé son nom à sa province : Tabaristan. Aujourd’hui Mazandaran ou Mazandéran située dans le nord de l’Iran. À l’image de tous les musulmans ou presque, Tabari s’appelle Mohamed. Dans l’histoire musulmane al-Tabari est considéré comme le plus célèbre commentateur du Coran, le doyen des exégèses. Il est né en 839, mort à Baghdad en 923.

Dans son fameux livre « l’Histoire des prophètes et des rois » (ouvrage de trois milles pages) al-Tabari écrit une horrible histoire du Calife al- Mansour né en 714 d’une mère esclave berbère. Al-Mansour a régné de 754 jusqu’à sa mort à la Mecque où il a été enterré, le 07 octobre 775.

Al-Tabari nous décrit avec précision les détails de la vie quotidienne du pieux calife al-Mansour! Il était matinal, ainsi dès son réveil, le bon-dévot débutait sa journée en imam guidant les membres de la famille califale dans la prière d’el-Fadjr (l’aube).

En religieux, al Mansour interdisait toutes «boissons alcooliques », à sa table. En croyant pratiquant, al-Mansour interdisait la musique. On racontait, toujours selon al-Tabari, qu’un jour le calife a entendu le bruit d’une musique arriva de l’autre côté du palais, sur le champ, il a ordonné de casser l’instrument sur la tête du musicien et vendre ce dernier sur la place publique du souk de la traite. Ordre exécuté ! D’après al-Tabari, le calife n’a jamais oublié ni retardé ses prières. Et il fut un excellent orateur. En guide des croyants, al Mansour dirigeait les prières du vendredi célébrées dans la grande mosquée de Baghdad. Sur le minbar, en prêcheur rhétorique, il sollicitait recommandations aux intellectuels : les foukahas, les grammairiens, les commentateurs, les juges et autres!! Leurs demandant de le corriger s’ils jugent que leur pieux calife a fait faux pas ou a été fourvoyé. Mais derrière ce personnage pieux et pratiquant se cachait un monstre. Un train peut en cacher un autre !

En l’an 775, le pieux calife décida d’accomplir le cinquième pilier de l’islam, le pèlerinage. En l’absence de son fils héritier El Mahdi, en voyage en Iran, le calife fit appel à Rita sa belle-fille, la femme de son fils, et la chargea de la responsabilité la plus sensible, celle des clés du palais!! Tout en lui dictant l’instruction califale suivante : en son absence, il est permis d’ouvrir toutes les chambres, toutes les suites, excepté une. L’ouverture de cette dernière n’est autorisée qu’une fois l’annonce officielle de la mort du calife confirmée. Seul son fils héritier al-Mahdi et sa femme Rita sont alors autorisés à franchir la porte de cette chambre.

La nouvelle atterrit : le calife al-Mansour est décédé à la Mecque. Il fut enterré dans la terre sainte, loin de Baghdad. Le fils héritier al-Mahdi rentra en urgence de son voyage afin de prendre le règne du pouvoir. Rita lui délivra le secret de la clé de la chambre ambiguë. Sans tarder, le couple califal ouvrit la porte de la chambre impénétrable et équivoque. Une fois la porte poussée, les paumelles rouillées ont dégagé un bruit effrayant et cauchemardesque. Le couple califal s’est trouvé face à un paysage horrible. Abominable ! La chambre était encombrée de cadavres de tous âges, des jeunes et des moins jeunes, des enfants, des femmes et des hommes. Les cadavres étaient bien momifiés. Et du lobule d’oreille de chaque victime pendait une plaque en cuivre sur laquelle étaient écrits le nom du mort, le nom de son père et de sa région. La chambre était bien rangée, les cadavres hautement classés, selon les dates d’excusions, selon les régions, selon les confessions. Les victimes n’étaient que ses opposants politiques. Le sal-boulot fut professionnel d’un pieux aussi professionnel !

La chambre secrète et étrange du calife al-Mansour fut le premier musée musulman de la momification politique, un musée unique dans son genre.

Depuis l’ère du Calife al- Mansour, l’art de la momification politique ne cesse de se développer, de se moderniser. Et chaque calife ancien ou moderne, pieux qu’il soit, détient la clé de sa chambre secrète.

Mais pourquoi est-ce que je vous ai raconté cette histoire que je viens de lire dans un de ces livres qui font peur? Je ne sais pas trop !

A.Z

aminzaoui@yahoo.fr

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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