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Mokhtar Benzaki

7 novembre 2012

Contributions

Entretien réalisé par Mokhtar Benzaki
PARTENARIAT STRATÉGIQUE AVEC LES ÉTATS-UNIS D’AMÉRIQUE
«Ni un mal absolu, ni un bien absolu»
A l’occasion de la visite express que Madame Hillary Clinton, secrétaire d’Etat américaine, avait effectuée en février 2012 à Alger, le Soir d’Algérie avait sollicité Mohamed Chafik Mesbah, ami et collaborateur extérieur, à l’effet de commenter l’évènement. 
Il avait réservé sa réponse, préférant se détacher de l’épisode factuel — la visite proprement dite de Mme Hillary Clinton — pour se consacrer, à la lumière de ce qui est communément appelé «le printemps arabe», à un éclairage plus circonstancié de l’évolution des rapports algéro-américains. Dans l’intervalle, Mme Hillary Clinton a effectué, tout récemment, une deuxième visite à Alger après qu’un «dialogue stratégique » algéro-américain se soit ouvert à Washington. Le tout, avec pour arrière-fond, la crise persistante au Mali. L’enjeu des relations algéro-américaines n’en devient que plus important. D’où l’intérêt de l’analyse de Mohamed Chafik Mesbah que nous livrons à nos lecteurs.

Le Soir d’Algérie: Vous aviez estimé que la récente visite de Mme Hillary Clinton, en février dernier, à Alger, était dénuée de grande signification. Comment pouviez-vous être aussi catégorique ?
Mohamed Chafik Mesbah :
 Parce que, tout simplement, les relations internationales ne peuvent être ramenées à des scènes de spectacle. Dans l’ère moderne que nous vivons, les politiques étrangères nationales s’articulent, forcément, autour d’enjeux majeurs qui s’expriment à travers des stratégies fondées sur le long cours et articulées autour d’une évaluation précise, actualisée en permanence, des rapports de force entre protagonistes dans le monde. Ce sont, ainsi, des think tanks, souvent privés qui, à un premier stade, avec des pôles de recherche universitaires qualifiés, animent le processus de réflexion académique sur les grands défis qui, au plan international, interpellent les Etats-Unis d’Amérique. Le meilleur exemple de ces think tanks c’est, probablement, la Rand Corporation-Research and Developmentqui emploie 1 500 analystes et chercheurs et qui dispose d’un budget annuel avoisinant les 230 millions de dollars. Même si ce think tank a pour centre d’intérêt principal la défense et la sécurité, les questions de relations internationales figurent toujours dans son plan de charges. Ce sont, à un deuxième stade, les appareils administratifs publics – ministères et agences spécialisées à l’instar de la CIA – qui exploitent les analyses disponibles pour élaborer des hypothèses de travail opératoires. Il ne faut pas, cependant, oublier le rôle essentiel des lobbies qui sont devenus un acteur, non gouvernemental, certes, mais tout de même essentiel dans la formulation de la politique étrangère américaine. Ces lobbies, qui ne sont ni plus ni moins que des groupes de pression organisés autour d’intérêts déterminés, influent sur le processus de prise de décision diplomatique à tous les niveaux – opinion publique, Parlement et présidence des Etats-Unis en particulier —. Le meilleur exemple de ces lobbies c’est, sans doute, l’AIPAC (American Israel Public Affairs Comitee). L’AIPAC regroupe 100 000 membres et emploie 165 personnes tout en disposant d’un budget annuel de 45 millions de dollars. L’objectif essentiel de l’AIPAC consiste à surveiller tous les processus de prise de décision visant Israël pour les faire évoluer, systématiquement, dans un sens favorable à l’Etat sioniste. C’est tout ce processus complexe qui, en dernier ressort, débouche sur une procédure d’arbitrage politique impliquant les structures du pouvoir exécutif et législatif — Conseil national de sécurité, présidence des Etats-Unis d’Amérique ainsi que commissions spécialisées du Parlement, Congrès et Sénat —. Voilà, en bref, le processus d’élaboration de la politique étrangère américaine où la place des responsables officiels, comme vous pouvez vous en douter, n’est pas, nécessairement, la plus déterminante. Les secrétaires d’Etat successifs donnent, probablement, à cette politique une tonalité personnelle, plus ou moins avérée. Tenons-en-nous, pour la démonstration, au conflit du Sahara occidental. Mme Hillary Clinton ne s’est pas gardée de manifester son appui à la politique marocaine vis-à-vis de cette question. Force est de constater, pourtant, que sa position de secrétaire d’Etat n’a pas eu raison de la politique traditionnelle d’équilibre suivie par l’administration américaine qui tente de garder une certaine équidistance entre thèses marocaines et algériennes. En dernier ressort, c’est l’intérêt de puissance des Etats-Unis d’Amérique qui s’impose, pas les inclinations des responsables du moment. Imaginer, à cet égard, que la simple visite à Alger de Mme Hillary Clinton allait influer sur la substance de la politique des Etats-Unis d’Amérique vis-à-vis de l’Algérie, cela relève de l’ingénuité. 
Pourtant, le cérémonial protocolaire réservé par le président de la République à Mme Hillary Clinton laissait indiquer que la visite était bien d’intérêt exceptionnel…
Sans vouloir diminuer du statut de la secrétaire d’Etat aux Etats-Unis d’Amérique, ni minimiser de l’influence personnelle de Mme Hillary Clinton laquelle semble dominer le Conseil de sécurité national, il n’en reste pas moins que l’époque est révolue où le cérémonial diplomatique était au cœur de la politique étrangère des grandes puissances. Vous voulez être étonné de l’impact de ce fameux dîner offert par le président de la République ? La table d’honneur regroupant autour de Mme Hillary Clinton les principaux responsables des institutions nationales – pour la plupart du troisième âge — elle a pu noter qu’elle était la plus jeune des convives ! Mais revenons à l’objet principal de votre question. Penser que l’aspect ostentatoire du dispositif protocolaire mis en place pour l’accueil de Mme Hillary Clinton allait inciter cette dernière à exprimer de la sympathie pour «les réformes politiques» initiées en Algérie, cela procède de la candeur politique. Les hôtes américains ont pu noter, sans doute, que Mme Hillary Clinton a été accueillie au perron de la présidence de la République par M. Abdelaziz Bouteflika lui-même et qu’elle a eu droit aux honneurs d’un détachement de la Garde républicaine, voire à un déjeuner offert par le chef de l’Etat lequel pourtant — vu son état de santé – se limite à participer aux seuls dîners officiels. Cette hâte à vouloir accueillir Mme Hillary Clinton avec les honneurs dus à un chef d’Etat aura plutôt exacerbé l’attention des autorités américaines qui y auront décelé, forcément, une preuve supplémentaire que le régime algérien était en quête de caution internationale. Le ministre algérien des Affaires étrangères, lors de ses visites successives à Washington, n’a cessé, à cet égard, de manifester le plus grand empressement pour convaincre Mme Hillary Clinton d’accepter le principe d’un voyage en Algérie. Quel voyage ! Une visite de quatre heures, tout juste une escale. Faut-il s’en étonner ? Les secrétaires d’Etat américains successifs – Colin Powell, en 2002, Condoleezza Rice en 2008, Hillary Clinton cette année — ont tous séjourné pour la même durée dans notre pays. Cela doit, sans doute, revêtir une signification particulière dans le code diplomatique des Etats-Unis d’Amérique. Pays d’intérêt secondaire, l’Algérie ? Pas si sûr, pourtant ! Si vous voulez apprécier, vraiment, l’intérêt que les Etats-Unis d’Amérique accordent à la situation en Algérie, il faudrait focaliser l’attention sur les visites répétées en Algérie, depuis l’avènement de ce qui est appelé «le printemps arabe» et l’éclatement de la crise au Mali, de responsables civils et militaires américains de second rang certes, mais bien plus impliqués dans le processus de prise de décision diplomatique, sécuritaire et militaire.
Pourtant, Mme Hillary Clinton, de sa propre initiative, vient d’entreprendre une deuxième visite à Alger. Cela suppose qu’elle accorde de l’importance diplomatique à l’Algérie…
Ce n’eût été l’ouragan Sandy qui frappe les Etats-Unis d’Amérique et qui a obligé Mme Hillary Clinton à avancer sa visite à Alger, elle aurait même dû y passer la nuit. Ce qui aurait été une première. Elle a consacré, également, cette deuxième visite à l’Algérie sans faire les escales habituelles dans les autres pays maghrébins. Cela implique-t-il une évolution de la politique américaine vis-à-vis de l’Algérie d’autant qu’un dialogue stratégique a été entamé à Washington entre les deux pays ? Ce serait de l’infantilisme que d’imaginer que la politique étrangère des Etats-Unis obéit à des intuitions de circonstance. D’autant que l’administration américaine actuelle, à la veille d’un scrutin présidentiel essentiel, ne dispose plus de toute la latitude pour opérer un quelconque changement substantiel de politique étrangère. L’objectif stratégique des Etats-Unis d’Amérique pour ce qui concerne l’Algérie est pérenne, il consiste à conduire ce pays à s’insérer dans un mécanisme de sécurité régionale évoluant sous son contrôle. La crise actuelle qui touche le Mali et qui risque de s’étendre à tout le Sahel est une opportunité pour «enfoncer le clou». L’adhésion de l’Algérie au principe d’une intervention militaire au Nord-Mali – voire sa participation – vaut bien un déplacement à Alger de Mme Hillary Clinton. Au demeurant, contrairement aux idées reçues, il faut se convaincre qu’il existe une coordination étroite entre la France et les Etats-Unis d’Amérique, là où ils ont des intérêts communs. Les observateurs avisés ont bien raison d’affirmer que sur la crise malienne, les divergences entre France et Etats- Unis d’Amérique ne sont pas essentielles. Il existe juste une distribution des rôles car les Etats-Unis d’Amérique — indemnes du «syndrome colonial» — sont censés disposer de plus d’influence sur l’Algérie. Autrement c’est, encore une fois, commettre une erreur d’appréciation que d’imaginer que la France et les Etats- Unis d’Amérique entretiennent une rivalité fondamentale au Mali. L’Algérie qui n’a plus d’autre choix, à propos de la crise au Mali, que de se ranger à la solution de l’intervention armée sous mandat onusien, veut entourer son adhésion de garanties pour éviter que le conflit ne s’étende au territoire algérien ou que l’opinion publique nationale ne réagisse défavorablement. Les officiels américains auront, sans doute, été étonnés de découvrir, côté algérien, «de la prudence» là où ils pensaient devoir se heurter «à de la réticence ». Le président Abdelaziz Bouteflika a, selon toute vraisemblance, tracé sa feuille de route vis-à-vis des Etats-Unis d’Amérique en termes d’objectifs stratégiques. Dans cette feuille de route, ce sont moins les principes de doctrine militaire et diplomatique qui y sont en jeu que la pérennité du régime, au travers d’un quatrième mandat présidentiel, perspective de plus en plus probable. Gageons que Mme Hillary Clinton et les responsables qui l’ont accompagnée sont parfaitement conscients de ces données implicites de l’équation, vitales pour M. Abdelaziz Bouteflika et accessoires pour eux.
Vous semblez sous-estimer l’importance du dialogue stratégique qui a été entamé à Washington …
Ce dialogue constitue, effectivement, une date importante, c’est la première tentative de structuration des relations algéro-américaines dans une perspective stratégique. Nous en sommes, cependant, à une étape préliminaire qui relève plus de la prospection que de l’approfondissement. Mais nous ne méprenons pas. L’objectif de ce dialogue, par delà ses aspects politique et économique, consiste à définir la place de l’Algérie dans les dispositifs de sécurité qui se mettent en place alentour. Le reste, c’est plus de la littérature. L’important est que l’Algérie négocie bien sa place. Autrement, comme le souligne à l’envi le titre générique de cet entretien : «Un partenariat stratégique avec les Etats-Unis d’Amérique, ce n’est ni un bien absolu, ni un mal absolu.» La structuration des relations algéro-américaines, au sens stratégique, est un thème récurrent sur lequel nous aurons à revenir.
Puisque vous persistez à minimiser l’importance des seuls contacts officiels, quelle grille de lecture proposez-vous, alors, pour décrypter l’état des relations algéro-américaines ?
Vous nous placez au cœur de la problématique qui sous-tend le dialogue stratégique algéro-américain. Vous l’avez compris, la politique américaine à l’endroit de l’Algérie ce ne sont pas de simples faits factuels. Pour accéder à la trame de cette politique, ces faits factuels doivent être insérés dans une grille de lecture d’ensemble. Une grille qui relie entre eux des évènements d’apparence sans rapport. La trame de la politique étrangère américaine vis-à-vis de l’Algérie, c’est la notion d’intérêt vital. La politique étrangère américaine se définit, en effet, en fonction des intérêts suprêmes des Etats-Unis d’Amérique. Ces intérêts suprêmes, faut-il le souligner, sont étroitement imbriqués aux considérations de gestion, de contrôle et d’utilisation des ressources énergétiques à travers le monde. N’escomptez pas rencontrer de la philanthropie dans la démarche de puissance américaine au sens générique du terme. Aucun état d’âme n’imprime cette démarche. Si vous décelez, néanmoins, des objectifs d’apparence philanthropique, c’est juste pour masquer l’aspect abrupt de la politique étrangère américaine en la dotant d’un caractère plus consensuel aux yeux de l’opinion publique internationale.
Prenons un peu de liberté par rapport au sujet précis qui nous préoccupe. Entre les deux partis qui se succèdent aux commandes des Etats-Unis d’Amérique — le Parti démocrate et le Parti républicain —, ainsi qu’entre les écoles de pensée qui impriment la doctrine diplomatique américaine, existe-t-il, tout de même, des différences autres que de simples nuances ?
C’est Condoleezza Rice, je cite de mémoire, qui proclamait : «La politique étrangère des Etats-Unis d’Amérique n’est ni démocrate ni républicaine, elle est américaine. » Les différences dont vous faites état tiennent plus au mode opératoire qu’aux fondements doctrinaux de la diplomatie américaine. Dans l’idéalisme du président Wilson, dans la rigidité du président Monroe ou dans la «real politik» du président Nixon, ce sont toujours les intérêts supérieurs des Etats-Unis d’Amérique qui déterminent la démarche. Prenez le plan dit de «démocratisation du Grand-Moyen- Orient» porté par le président George Bush, sous l’influence des néoconservateurs. Comparez-le avec la version «soft» validée par le président Barack Obama. N’est-ce pas un même objectif ? Garantir la présence des Etats-Unis d’Amérique dans des zones sensibles qui, à la fois, recèlent les plus importantes richesses naturelles dans le monde et constituent des sources de menace majeure pour la sécurité des puissances occidentales. En ce sens, l’appareil diplomatique algérien, du moins ceux qui le dirigent, devrait cesser de spéculer, sans mesure, sur l’intérêt pour l’Algérie d’avoir comme partenaires les républicains plutôt que les démocrates et vice-versa. Ils sont tous américains.
Quel enseignement peut-on tirer de l’historique des relations diplomatiques algéro-américaines ? Faut-il occulter les relations tissées durant la guerre de Libération nationale, lorsque le sénateur John Fitzgerald Kennedy défendait le droit à l’autodétermination du peuple algérien ?
Que dire des rapports tissés dès 1957 entre le responsable des services de renseignement algériens, M. Abdelahafidh Boussouf, et le résident de la CIA en Europe du Sud ? Ce contact, pour mémoire, avait été suivi du déplacement auprès des unités de l’ALN du journaliste américain Peter Breastrup du Times dont le reportage contribua à faire connaître le combat du peuple algérien. Ne nous fixons pas sur ces digressions destinées à souligner que dans le subconscient du peuple algérien il existe une trace où l’image des Etats-Unis d’Amérique était positive. Cette image était même dissociée de celle de l’OTAN, marquée, ostentatoirement, par une forte implication dans l’effort de guerre français contre le peuple algérien engagé dans une guerre de Libération nationale. Mais ne nous égarons pas. Définissons, à présent, les grandes phases des relations diplomatiques algéro-américaines post-indépendance algérienne. Elles se rapportent aux périodes où la magistrature suprême était exercée, successivement, par les présidents Ben Bella, Boumediène, Chadli, Zeroual et Bouteflika. Ces présidents algériens successifs ont géré les relations avec les Etats-Unis d’Amérique selon la conjoncture du moment mais en fonction d’objectifs liés à la politique suivie, en propre, par chacun d’entre eux. Existe-t-il une même trame stratégique pour les politiques qui se sont succédé ? Probablement. Malgré des débuts prometteurs lors de son déplacement à New York pour l’admission de l’Algérie à l’Organisation des Nations Unies — cérémonie marquée par la présence symbolique du président John Kennedy —, le président Ahmed Ben Bella s’est orienté, sans délai, vers une politique d’hostilité frontale avec les Etats-Unis d’Amérique illustrée par un soutien intempestif à Cuba – le président Ahmed Ben Bella s’étant déplacé, directement, de New York à La Havane dans un geste de défi vis-à-vis des Etats-Unis d’Amérique — puis un soutien logistique appuyé aux mouvements d’opposition démocratique en Amérique latine. Cet état de choses avait conduit l’administration américaine à envisager une politique de rétorsion contre l’Algérie. Seul le coup d’Etat du 19 juin 1965 en a décidé autrement. Epousant une démarche plus pragmatique, le président Houari Boumediène a dissocié entre les dimensions politique et économique de sa politique américaine. Nonobstant le rôle actif joué, alors, par l’Algérie dans ce qu’il était convenu d’appeler «la lutte anti-impérialiste » et, surtout, malgré la rupture des relations diplomatiques de 1967 à 1973, le président Houari Boumediène a fait fructifier la coopération économique bilatérale avec les Etats-Unis d’Amérique laquelle avait connu, alors, son «âge d’or». Malgré, cependant, l’essor de cette coopération économique, le président Houari Boumediène observait une prudence excessive vis-à-vis des Etats-Unis d’Amérique. M. Smaïl Hamdani qui interrogeait le président Houari Boumediène — sur la conduite à tenir vis-à-vis des Etats- Unis d’Amérique – dossier dont il avait la charge —, s’attira cette réplique cinglante : «Prémunissons+nous de leur nuisance !» Le président Chadli Bendjedid, d’emblée, contraint d’absorber l’impact négatif qui avait résulté de l’annulation intempestive du fameux contrat de vente de gaz dit «El Paso» — et censé être un contrat d’importance stratégique — s’est montré, au total, plus pragmatique que son prédécesseur. Il a procédé à un réaménagement substantiel de la coopération diplomatique et militaire avec les Etats-Unis d’Amérique qui s’en est trouvé, singulièrement, renforcé. Il convient d’évoquer, à cet égard, que c’est lui qui effectua – en 1986 — la première visite d’Etat d’un président algérien à Washington. Une visite qui avait marqué un tournant dans l’instauration de relations diplomatiques et militaires plus denses entre les deux pays. Le président Liamine Zeroual ayant présidé aux destinées de l’Algérie durant la période sanglante du terrorisme n’avait pas eu à se focaliser sur les questions de doctrine diplomatique. Après une période d’hésitation, sa politique avait fini par trouver grâce aux yeux des responsables américains qui jugeaient sa démarche, globalement, positive. C’était la politique de «la conditionnalité positive» prônée par le sous-secrétaire d’Etat américain Robert Pelletreau qui subordonnait le soutien des Etats-Unis d’Amérique à l’Algérie à la mise en œuvre accélérée d’un processus de réconciliation nationale accompagnée de réformes économiques matérialisées et adossées à des élections ouvertes aux «islamistes modérés ». Peut-être, les Etats-Unis d’Amérique souhaitaient-ils, en sus, que le président Liamine Zeroual s’engage dans la voie d’une normalisation avec Israël, mais il ne l’a pas fait. C’est là, au demeurant, une demande américaine récurrente. Avec le président Abdelaziz Bouteflika, les responsables américains ont trouvé un partenaire attentif qui a brisé bien des tabous dans le sens du rapprochement entre les deux pays. Une période marquée d’emblée par les visites à retentissement tant au siège de l’Otan qu’aux Etats-Unis d’Amérique accompagnés d’un renforcement spectaculaire de la coopération sécuritaire. Certes, ce dernier est arrivé au pouvoir après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide, a pu tirer profit d’un contexte qui a facilité sa démarche diplomatique. Il n’a pas, pour autant, franchi, le Rubicon. S’y prépare-t-il avec le dialogue stratégique qui vient d’être entamé à Washington ? La question mérite d’être posée. Tacticien éprouvé, M. Abdelaziz Bouteflika pourrait songer à monnayer, une nouvelle fois, la bienveillante neutralité américaine pour un quatrième mandat présidentiel de plus en plus probable, en contrepartie, première phase, d’une adhésion de l’Algérie à l’intervention militaire projetée au Mali, mais surtout, deuxième phase, d’une évolution rapide du dialogue stratégique algéro-américain vers l’inclusion de l’Algérie dans un mécanisme de sécurité régionale dominé par les Etats- Unis d’Amérique. Au préalable, il lui faudra, malgré tout, vaincre les éventuelles résistances internes, tant pour l’adhésion au principe de l’intervention militaire au Mali qu’au basculement franc dans une véritable alliance stratégique avec les Etats-Unis d’Amérique. Ce à quoi il semble, selon toute vraisemblance, s’atteler.
Hormis cet aspect sécuritaire sur lequel vous insistez, vous n’avez toujours pas fait état des autres enjeux qui intéressent, au plan stratégique, les Etats-Unis d’Amérique en Algérie ?
Les centres d’intérêts stratégiques pour les Etats-Unis d’Amérique peuvent être ramenés à trois domaines essentiels : la coopération sécuritaire encore une fois, la coopération économique et, enfin, la coopération diplomatique. Mais, replaçons- nous en contexte. L’Algérie, sur la rive sud de la Méditerranée dan un espace englobant le Sahel, constitue une puissance régionale disposant d’une armée structurée et de ressources en hydrocarbures essentielles pour les besoins de l’Europe occidentale. Par ailleurs, l’Algérie a accumulé une expérience singulière dans la lutte contre le terrorisme avec une connaissance pointue des réseaux terroristes dans l’espace sahélien, dans le territoire français et même dans les zones d’intérêt vital pour les Etats-Unis d’Amérique, territoire américain inclus. C’est l’ensemble de ces facteurs qu’il faut combiner pour parvenir à la substance de l’intérêt stratégique des Etats-Unis d’Amérique pour l’Algérie.
M. B.

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/11/04/article.php?sid=141036&cid=50

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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