Arrivé sur place, des donneurs l’accueillent avec le sourire. Un brin de causette, en attendant que tout se mette en place.
- Hé oui il n’y a que les «msakines» qui viennent offrir leur sang. Les autres, on ne les voit que lorsqu’il s’agit d’en prendre. Donner n’est pas leur dada. Pourtant, ils sont les premiers servis en cas de pépins.
- Les pépins, leurs pépins ils les règlent à l’étranger. En cas de problèmes de santé, c’est là-bas, qu’ils se soignent. C’est nous qui aurons besoin de sang.
- On aura besoin de sang, de mille et une choses. On est entassés comme des sardines dans des cercueils et quand tu parles, on te répond « il y en a qui n’ont même pas une pièce », de quoi tu te plains ?. La bouffe, on attend la fin des marchés pour acheter ce qui est bradé, presque pourri. Les laitages, on s’arrange à les acheter moins chers, quand ils sont exposés sur des étals de fortune, vendus à la criée, car la date de péremption Le steak-frites, nos enfants ne le connaissent qu’à travers la télévision. Des vacances, nos mômes n’en ont point ! Quand mon dernier a réussi son passage en cinquième, je n’ai pu lui offrir qu’un tour au manège municipal je pensais déjà aux affaires scolaires de la prochaine rentrée toute notre vie n’est que mauvais sang.
-Mauvais sang sur mauvais sang répète en chœur l’assistance renforcée, par la voix aiguë de l’infirmière de service, qui continue en solo.
-Docteur, hakim, tous ceux qui sont là, n’ont que du mauvais sang, je pense qu’il faut leur donner un sandwich et les libérer «n’dirou m’zia». C’est une anecdote véridique. Very juste. Je ne sais si c’est toujours pareil aujourd’hui.
7 novembre 2012
El-Guellil