Culture : SERGE MICHEL, UN LIBERTAIRE DANS LA DECOLONISATION, DE MARIE-
Journaliste, écrivain, caricaturiste, poète, scénariste, ami de Visconti et de Rossellini, interlocuteur de Che Guevara et d’Amilcar Cabral à Alger, Serge Michel fut un libre-penseur engagé dans la lutte pour la décolonisation en Afrique.
Né le 22 juillet 1922 à Saint-Denis (Paris), il rompt les amarres avec sa famille, au début des années 1950, laissant derrière lui sa mère, sa femme et sa fille, Marie-Joëlle. «Serge déclare à son entourage qu’il part pour l’Algérie… Il éructe contre la civilisation occidentale, pointant une contradiction contre une Europe confortée par sa mission civilisatrice et les violences racistes de sa politique dans les colonies.» (P. 31). Direction La Casbah où il pose sa valise. «En s’y installant, il avait choisi son camp : celui du colonisé, celui de la marginalité dans la société du mépris, du racisme agressif ou paternaliste, ce racisme ordinaire qui allait de soi à l’égard de l’Arabe forcément inférieur.» (P. 36) A Alger, Serge Michel côtoie Kateb Yacine, Mustapha Kateb, Issiakhem, Jean Sénac, les frères Boumendjel, Ahmed Rachedi… Il travaille comme journaliste à La République algérienne, organe de presse de l’UDMA, collabore à El Moudjahid et à l’APS. En 1964, il crée, avec Mohamed Boudia, le premier quotidien du soir, Alger ce Soir. «Le journal est créé dans un délai record de quatre jours… Les crieurs battent les records de vente.» P 85Au début des années 1960, ce militant suit Patrice Lumumba au Congo où il travaillera comme attaché de presse. A la fin des années 1980, Serge Michel revient en Algérie. Début 1990, il s’installe à Ghardaïa mais la horde intégriste qui assassine les étrangers le pousse à regagner la France. Sans toit, ni revenus, il s’installe à Pierrefitte (banlieue parisienne) chez sa vieille mère Celina qu’il n’avait pas revue depuis… un demi-siècle. Sa fille Marie- Joëlle (journaliste et écrivain) née de son premier mariage est abasourdie de découvrir que son père est toujours en vie. Elle n’avait pas eu de ses nouvelles depuis quarante ans. En 1997, elle le retrouve enfin. «L’irruption brutale de ce père mythique, que je croyais mort, m’avait laissée en état de choc», (P.146). La journaliste met les bouchées doubles afin de rassembler le puzzle de la vie de ce fantôme, à qui il ne reste que quatre mois à vivre. Malade, Serge Michel décède le 24 juin 1997. Quatre jours plus tard, sa dépouille est rapatriée à Alger où il sera enterré le 29 juin, au cimetière d’El-Alia, en présence d’une foule nombreuse : hommes poliques, artistes, journalistes, amis…
Sabrinal
Serge Michel, un libertaire dans la décolonisation, Marie-Joëlle Rupp, Editions Apic, 2012, 600 DA, 176 p.
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/11/05/article.php?sid=141074&cid=16
6 novembre 2012
LITTERATURE