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Petites histoires de passeports diplomatiques par Kamel Daoud

31 octobre 2012

Kamel Daoud

« C’est l’histoire d’un ami » a dit un sénateur ami du chroniqueur. Il s’agit de quoi ? Un élu vient de déposer son registre de commerce « préventivement » parce que la loi interdit aux élus, désormais, d’avoir des activités commerciales. C’est le fameux texte sur l’incompatibilité. « Sauf que pour le passeport, il faut mentionner la profession. Et là il y a souci : la nomenclature auprès des administrations qui délivrent le passeport ne mentionne pas membre du Conseil de la nation comme profession ». Du coup, le bonhomme qui est élu se retrouve obligé de s’inscrire comme chômeur sur son document. Il a démission de ses commerces mais le Sénat n’est pas un emploi reconnu. Pourquoi cette anecdote presque amusante ? Parce qu’elle ne l’est pas. On peut dire que le régime en Algérie est un pouvoir, pas un Etat, la fin de l’Etat commence par le discrédit de ses institutions et de ses documents bananiers. « Invité dernièrement en Europe, j’ai passé la fouille comme tous à l’aéroport. Sauf que cela faisait mal au pays de voir des élus d’autres pays africains comme nous bénéficier de passeport diplomatique et pas nous. Je ne le dis pour ma personne mais pour ce que vaut l’élu en Algérie et ce que vaut ceux qui la représentent ». Et là c’est le sujet du jour : qui possède le passeport diplomatique en Algérie ? Sui en jouit ? Qu’est-ce que ce document ?

Selon les textes, la délivrance de ce document est pour faciliter les voyages pour certaines fonctions spéciales et éviter aux détenteurs les pressions des pays hôtes. Il n’est pas délivré pour assurer l’impunité mais pour protéger le missionnaire. Du coup, il est délivré au concerné, son épouse et ses enfants avant la majorité. Ceci grosso modo car les conditions de délivrance sont différentes d’un pays à un autre, d’un régime à un autre et d’une dictature à une autre et d’une humeur à une autre. En Algérie, certains élus ont leurs passeports VIP rouges. D’autres non. Le document est comme le quota princier en logements sociaux de certains walis. Il est délivré aux amis, proches, parents, favoris. Du point de vue international, il n’assure pas l’immunité comme on le croit car « c’est un fantasme » juridique selon les spécialistes en droit. Mais en interne, c’est le signe de la grâce. Un conseiller connu aurait été dernièrement refoulé de l’aéroport d’Alger alors qu’il est détenteur d’un passeport diplomatique depuis Chadli : signe de disgrâce donc.

Août dernier donc, Bouteflika a décidé d’élargir la liste des passeports rouges : ils sont octroyés aux anciens du régime, proches, amis, conseillers, hauts fonctionnaires, mais aussi à leurs épouses et enfants. « Sauf que les gens ont parlé de Nezzar et pas du reste » nous confiera un ancien très haut cadre au gouvernement. Explication : après les déboires judiciaires de l’ancien ministre de la Défense à cause d’une plainte en Suisse, ce texte a été signé pour assurer dit-on l’immunité aux anciens militaires algériens. « Faux » nous dit-on. L’essentiel est ailleurs : il est dans le mot « collatéraux » dans ce décret. Selon les us, le passeport est accordé aux fonctionnaires et dignitaires du régime et à leurs épouses et enfants jusqu’à la majorité. Le nouveau texte ajoute le mot « collatéraux » : alias frères et sœurs. Du coup, la famille du passeport rouge se retrouve multipliée par six : elle implique désormais les frères, sœurs et leurs enfants. Alias la fratrie. On aura compris.

Le drame n’est pas là cependant. Il est dans le fait qu’un lien de sang permet d’avoir un passeport rouge qui représente un pays et un Etat et le mandat électoral non. On peut représenter une personne et avoir le poids de cent élus et de 2 millions de km². Le Makhzen gagne du terrain sur le concept de « l’institution » qui perd jusqu’à ses chaussures après son pantalon. Etre élu n’est pas reconnu comme métier mais être « frère de… » est une profession donc.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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