L’histoire le dit. Sauf que, dans l’histoire des peuples, il y a l’histoire des individus, en gros volumes. Bouteflika, revenu de loin ne voudra sûrement pas y repartir de sitôt. Il a mis vingt ans pour être président, il est logique qu’il veuille y rester au moins vingt ans. Ensuite il y a la psychologie bien connue du bonhomme : il aime son destin et a déjà assisté à la gloire de l’enterrement de son parrain Boumediene. Autant donc, se souhaiter pour soi ce qui a été fait pour l’autre. Ensuite, il y a le régime : il a des acteurs mais n’a pas encore tranché entre les candidats : Ghoul version islamiste turc ou Ouyahia produit garanti «maison» et hand made ? Le régime algérien est connu pour aimer les sursis, les «renvois à plus tard», la quête des consensus et pour son allergie à la nouveauté et non au renouvellement. Le but est toujours de gagner du temps contre le temps. Et un mandat de plus, c’est quatre ans de paix en mode transition indéterminée.
Et il y a l’instinct de sécurité du clan : Avec le même bonhomme en quatrième Présidence, on peut penser calmement (et pas sous la menace d’une révolution de la rue) à la sortie, au transfuge et au réinvestissement sans peur pour les héritiers du clan.
Et il y a la conjoncture internationale : Tout le monde (alias l’occident) sait qu’il vaut mieux une Algérie qui se démocratise en petits pas, qu’un Ghannouchisme à grands pas. Donc, l’idée que Bouteflika ou les siens pensent sérieusement à un quatrième mandat, n’est pas surréaliste. C’est le pays qu’il l’est, et nous dedans, et surtout les générations à venir. Donc on y pense sérieusement en haut. L’Algérie ayant confirmé son caractère d’exception : on dégage les trottoirs en bas, et la route en haut. Bouteflika ira vers un 4ème mandat. Cela ne dépend pas des électeurs du sol, les mortels que nous sommes, seulement de l’urne gigantesque du ciel et de sa liste universelle.
29 octobre 2012
Kamel Daoud