Culture : Le coup de bill’art du Soir
L’île de Pâques garde toujours ses secrets. Cette petite île chilienne d’une superficie de 162 km2 est située à à 3 500 km des côtes chiliennes et à 4 000 km de Tahiti. Isolée dans l’océan Pacifique, elle se trouve à plus de 2 000 km de Pitcairn, l’île habitée la plus proche.
En 2002, elle comptait 3 304 habitants la plupart à Hanga Roa son chef-lieu et unique village. Le navigateur néerlandais Jakob Roggeveen est le premier Européen à visiter l’île, le 5 avril 1722, le jour de Pâques, d’où son nom. Depuis 1995, le patrimoine de l’île de Pâques est protégé et figure au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Cette île est surtout célèbre pour ses vestiges mégalithiques des premières civilisations autochtones. Son patrimoine archéologique comprend environ 900 statues de basalte de 4 m de hauteur en moyenne et près de 300 terrasses empierrées au pied de ces statues. On croyait que ces statues n’avaient que de grosses têtes de 4 m de hauteur, mais des découvertes récentes montrent qu’elles ont souvent des corps de 10 m de haut enfouis sous terre. Pourquoi ce grand nombre de statues monumentales pesant des tonnes sur une petite île, d’où viennent-elles et par quels moyens ? Comme pour les pyramides d’Egypte, différents scénarios, explications ont été avancés. Lorsqu’en 1722, Jacob Roggeveen visita pour la première fois l’île, il constata qu’il n’y avait pas d’arbres. Une analyse pollinique récente a démontré qu’une forêt recouvrait la région dans le passé. De cette forêt millénaire, les habitants avaient tiré le bois indispensable pour faire tourner l’industrie des «moaïs», c’est-à-dire de la construction des statues et monuments. Une autre partie du bois servait de combustible, aggravant ainsi la déforestation. Basée à l’origine sur le culte des ancêtres et du «mana» (puissance spirituelle), ces «temples» sont devenus le symbole de la puissance tribale. Une compétition s’était instaurée entre la douzaine de clans qui vivaient sur l’île. C’était à celui qui érigerait la plus monumentale. Vers le XVIe siècle, les os de dauphins disparaissent des restes de repas. L’hypothèse la plus probable est que les arbres servant à la construction de bateaux ont disparu, mettant un terme à cette pêche. Prisonniers de leur île, après avoir dilapidé leurs ressources naturelles, les Pascuans auraient porté le coup de grâce à leur civilisation. La présence de statues renversées, souvent face contre terre, laisse supposer que ces tribus se faisaient la guerre. Selon une autre version, une sécheresse, provoquée, peut-être par un gigantesque cyclone, s’est abattue sur l’île, provoquant la destruction des récoltes et la disparition des poissons côtiers, du fait du réchauffement des eaux. La végétation, originaire d’une région plus humide et fragilisée par les hommes, n’aurait pas résisté au stress hydrique et thermique. Les habitants de l’île auraient alors imploré les dieux et construit des «moaïs» de plus en plus nombreux et de plus en plus grands. Se rendant compte que la pluie ne venait pas, ils se seraient révoltés en abattant eux-mêmes leurs idoles dans un déchaînement collectif brutal plongeant l’île dans le chaos. Face à la raréfaction des ressources, des guerres de clans ont dû éclater. La production des grandes statues aurait d’ailleurs cessé brusquement à cette période. Dans une émission TV française, sur ce sujet, un des invités a fait remarquer que c’est ce qui risque de se produire à l’échelle planétaire si les Etats et les hommes en général ne changeront pas leurs comportements vis-à-vis de leurs semblables et de la planète terre en général.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/10/29/article.php?sid=140808&cid=16
29 octobre 2012
Kader Bakou