Mercredi, 10 Octobre 2012 09:50
… NOIR ET BLANC
Potions de grand-mère ou remèdes de cheval, toutes les recettes ont été utilisées en France pour juguler le chômage, mais rien n’a pu endiguer un phénomène qui dépasse l’Hexagone et qui a tous les symptômes d’une pandémie. L’Union européenne par exemple compte déjà 27 millions de chômeurs.
La France a franchi la barre de 3 millions. Huit millions de citoyens vivent au seuil de la pauvreté dans ce pays, et la précarité gagne tous les jours des pans entiers de la société. Pour éviter de payer un loyer, des fonctionnaires vivent carrément dans leurs voitures. Des mères de famille font les poubelles des grands magasins pour trier et récupérer la nourriture encore comestible et les yaourts à la veille de leur date de péremption et, quand les événements l’exigent, n’hésitent pas à se crêper publiquement le chignon pour un morceau de saucisson. Sans ressources et sans aucun antécédent, une maman a été prise en flagrant délit de vol à l’étalage.
Elle avait glissé dans son cabas deux paquets de légumes secs pour faire bouillir la marmite à la maison. “Je ne voulais pas que mes enfants crèvent de faim, avait-elle expliqué au juge, ému et sidéré par tant de misère à la fois.
Quant aux chanceux qui ont gardé leur emploi et qui ont échappé à la vague brutale des délocalisations, des licenciements, des fermetures et des redressements judiciaires, ils n’ont d’autre choix aujourd’hui que de courber la tête et de prier pour que la tempête les épargne.
Cette tempête a pourtant un nom. Le dragon asiatique et son rythme infernal de travail. Sous ces climats, les enfants passent 16 heures en classe et l’école forcément fournit les meilleurs cadres du monde aux entreprises.
Le vieux continent a beau botter en touche, la Chine casse toujours les prix, le Japon produit toujours mieux et la Corée est partout compétitive. Les Français ont essayé de suivre le mouvement, mais il leur a été impossible d’arrimer leur savoir-faire à la nouvelle dynamique, elle les dépasse, va trop vite et réclame de l’énergie à tous les instants.
Des ingénieurs exténués par l’obligation de résultat se sont jetés des étages ou se sont pendus, quelques-uns se sont immolés devant leurs usines comme un message aux managers qui leur demandaient toujours plus.
Et nous, sommes-nous capables de nous suicider parce que la charge de travail était au-dessus de nos forces ? Permettez-moi d’avoir un doute et même plusieurs doutes, et pour être tout à fait franc, une cave et un cellier plein de doutes…
12 octobre 2012
M. MOHAMMEDI