Donc dans le cas de Zaïd Yacine arrêté sur la base d’une «alerte», il y a abus, dépassement, dérive et glissement de compétence. De qui ? «de personnes qui ont la capacité de poursuivre judiciairement» selon des déclarations officielles reprises par l’APS. Qui sont ces personnes qui ont capacité ? Un wali, un commissaire, un procureur et un chef de «centre». Ce n’est pas le gouvernement, a dit Kessentini. Y aura-t-il «correction» des missions ? Sanction ? Redressement et redéfinitions des rôles de l’Etat informel ? On peu en douter ou y croire. Les abus de l’Etat second viennent du statut clandestin, de l’équation responsabilité qui ne rime pas avec autorité, de la peur et de l’excès de zèle. Que ce qui explique le printemps «arabe» sinon justement ce triptyque du monde arabe : les «services» trop autonomes, la justice pas autonome et les abus de pouvoir ? Le pire est que c’est une culture qui perdure : la chasse et le harcèlement des militants algériens se multiplient depuis des semaines : au Sud, à Relizane, ailleurs. Dans une sorte de mouvement synchrone qui démontre que «l’on n’a pas compris» même si à Alger on essaye de limiter les dégâts et de «rappeler à l’ordre» les zélés de la machine clandestine. Du coup, c’est ce qu’il faut retenir des propos de Kessentini, pour une fois utiles : l’Etat informel n’a pas encore réformé ses rangs subalternes et ses mentalités de police invisible. On ne peut pas fonder un Etat fort et une légitimité quand certains usent encore de la police comme d’une milice personnelle et peuvent mettre en branle une Justice au nom de l’héritage dévoyé du MALG. il y a urgence. Il s’agit d’imposer la légalité pas d’accuser certains ou de faire la guerre à d’autres.
Les meilleurs «services» sont les services rendus au pays et au peuple qui l’habite. Pas aux voitures sans immatriculation.
11 octobre 2012
Kamel Daoud