C’est dans le Laghouat des années 1870, sous la domination de l’armée française, qu’allait naître l’un des plus grands poètes du Sahara : Abdellah Ben Kerriou.
Homme érudit, il s’intéresse à l’astronomie, le droit, l’alchimie et les sciences juridiques. Sa rencontre avec Fatna Zaânounia, la fille du redoutable bachagha de Laghouat, Cheikh Ali Bensalem va bouleverser sa vie, de A à Z. Il tombe follement amoureux de cette nymphe et s’empresse d’aller toquer à la porte du bachagha pour demander sa main. Mais le père opposera un niet catégorique à cette demande en mariage. Jamais il ne donnera sa fille à un poète. Jamais, au grand jamais ! Afin de tuer cet amour dans l’œuf, l’impitoyable Bensalem marie sa fille de force à son cousin résidant à Aïn Madhi, dans la région de Laghouat. Et, avec la complicité de l’administration coloniale, il fait exiler le poète maudit à El Goléa en juin 1899. Abdellah Ben Kerriou y prend ses fonctions comme cadi, mais loin d’oublier sa dulcinée, il se consume d’amour pour elle, lui composant des poèmes enflammés. «La nuit emmitouflé dans le burnous que lui avait offert Fatna, il repensait à leur amour, leurs rencontres, leurs étreintes… Alors sa gorge se serrait, ses larmes coulaient et ses lèvres murmuraient : voyez où le destin nous a jetés. Dieu a décidé de cet état pour nous. Je n’ai jamais pensé ne plus voir les miens et jamais je n’ai pensé quitter mon pays…» (P. 113 et 114). De son côté, Fatna est malheureuse comme une pierre. Après deux mariages ratés, elle se laisse mourir de chagrin en 1913. Sa disparition est vécue comme un cauchemar par le poète transi. Incapable de trouver la sérénité, il se marie plusieurs fois, divorçant de ses compagnes l’une après l’autre. Atteint de cécité, il tire sa révérence le 27 octobre 1927 emportant dans sa tombe les souffrances d’un amour contrarié, interdit et inassouvi. Ses poèmes sont là pour témoigner de la violence de ses sentiments pour la belle Fatna Zaânounia. Professeur de mathématiques, Amele El Mahdi est née à Blida en 1956. Dans les années 90, elle a collaboré au journal El Watan. La belle et le poète est son premier roman. Très bien écrite, cette belle histoire d’amour véridique, vous captivera à coup sûr.
Sabrinal
La belle et le poète, d’Amele El Mahdi, Casbah Editions, 2012, 185 P.
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/10/10/article.php?sid=140140&cid=16
10 octobre 2012
1.POESIE