Sur fond de sifflements de cocottes-minute, «la causette» va enfin pouvoir démarrer sur les terrasses ou au pas de porte des maisons. C’est selon. Toutes sont bonnes à prendre. On vit par procuration toutes les histoires des feuilletons qui passent à la télé. Des fois qu’on n’aurait pas capté l’histoire, la télé généreuse est prévenante. Plutôt prévoyante. Cette télé organise des rediffusions toute la journée, voire toute l’année. Non pas que nous soyons complètement «débiles». Non, non, non… On ne s’amuse pas d’un remède social. De façon plus «terre à terre», un maillage plus fin attrape plus de femmes à différents moments. Femmes au foyer ou actives, elles y passent toutes. Pas question d’en lâcher une seule. La plupart de ces femmes vivent pleinement ces mousselsels. Elles s’attachent aux personnages. Ils deviennent intimes. Ayant peur pour eux, leur souhaitant la meilleure souvent. Vivent leurs émotions. Un mouchoir dans la poche. Se substituent même souvent aux actrices auxquelles elles peuvent parfois accentuer la ressemblance. Les coiffures et vêtements sont autant d’atouts pour faire semblant. Des fois que le mari reconnaîtrait une des actrices. Il pourrait alors à son tour faire semblant. Faux-semblants et vrais sentiments ? Elle imagine alors qu’il pourrait vouloir ressembler à l’acteur qui lui donne chaque jour la réplique. Alors tout pourrait s’arranger. S’évader. Ici bas, c’est trop dur. Tous les jours, elles traversent les airs et mers pour atterrir dans un pays du Golfe ou toute autre contrée du Moyen-Orient. Une harga qui ne dit pas son nom. Les personnages sont hauts en couleur. Ils sont étranges quand même. Toujours impeccables, même au saut du lit. Des yeux clairs, très souvent, ajoutent un peu d’exotisme. On prend même leur accent. On s’élève plus haut pour pouvoir respirer un air qui semble plus doux. «Bêtes» non, non, non. Certaines s’en aperçoivent mais refusent de penser qu’il s’agit d’une supercherie, ce serait admettre que tout ce qui nous entoure est réel et bien concret. Ce serait un grand désespoir. Le black-out. Reconnaître son mari, ses enfants, sa famille entière sans une aide d’une perception myopique télévisuelle. Tout le système s’effondrait d’un trait. Au grand dam des hommes qui, aidés par de tels programmes, n’auraient plus aucune légitimité. Ils tiennent leurs épouses dans un imaginaire où ils occupent des avènements qui n’auraient pas leur place si le feuilleton n’était pas. Longue vie à la télé, n’arrêtez pas ces ondes comparables à des sédatifs hertziens. Il n’y a pas de mal à le savoir. Il y en aurait à le faire savoir. Et vous messieurs, vous êtes tous des Messi.
9 octobre 2012
El-Guellil