Baba Fodil
Parce qu’il existe toujours un moment où l’espoir rejaillit en nous, si loin ait-il été enfoui jusque-là. Il nous rattrape doucement et nous donne l’impression soudaine qu’on peut se battre, qu’il y a tant à faire et qu’il n’est que temps de commencer. Et c’est cette sensation que l’on ressentdoucement nous envahir à la lecture «Des mots en rondelles », livre signé El Houari Dilmi. Ce recueil, qui réunit un ensemble de chroniques publiées entre 1996 et 2011 par le journal «Le Quotidien d’Oran» sous la rubrique «Raïna Raïkoum», donne envie de courir dehors, voir ce qui se passe et hurler, dénoncer sans jamais juger. Entre «l’urne et l’autre» chronique, il nous invite à lire de droite à gauche l’histoire portée par son personnage «Chalachou, un homme qui, déjà dans le ventre de sa mère, rêvassait d’un destin qui le mènerait à s’asseoir sur le crâne «éviscéré» des autres . Une invite à revisiter, grâce à une mise en scène de mots en rondelles, l’histoire d’un pays redressé -révolutionnairement parlant -, la mort du moustachu, le programme anti-pénurie et ses trous de gruyère. Et les trous de mémoire qui ont écrit l’histoire à la gomme. Et le vide qui s’ensuit. Houari Dilmi est né à l’aube de l’indépendance à Oran. Il refuse de nous livrer la date exacte de peur d’être poursuivi en diffamation. Car ce journaliste a déjà plus de cent vingt plaintes déposées contre lui sous le motif d’ «écrits diffamatoires ». Des cris diffamatoires ? Non, il ne peut y avoir de cri sans douleur ! Les chroniques de Houari Dilmi vont jusqu’au bout. Car ce journaliste talentueux n’aime pas rester au bord, s’accrocher à la sécurité du quotidien normé, ne pas prendre de risque… ce n’est pas son style. Après un passage au «Soir d’Algérie» au début des années 90, Houari Dilmi rejoint l’équipe du Quotidien d’Oran en 1994 où il exerce toujours comme chef de bureau à Tiaret. Sa ville adoptive. «Des mots en rondelles», publié aux éditions Achab, est un ensemble de chroniques aux prises avec un temps donné, des hommes donnés dans une société donnée qui nous ramènent au réel de notre actualité. Aucune de ses chroniques n’est recadrée à sa convenance. Contrairement à son style d’écriture, la vérité n’est ni policée ni enjolivée. Il écrit et décrit le quotidien de la société avec tout ce qui la constitue, revendiquant «un ministère du Rêve national» dans le pays où «la chaumière rit et le palais pleure…» S’il y a un autre procès à intenter à Houari Dilmi, c’est celui de ne pas avoir mis, plus tôt, à la disposition du grand public son livre. «Des mots en rondelles», deux cents pages de bonheur à lire.
7 octobre 2012
El-Houari Dilmi