Ces partis essentiellement d’extrême droite ont un point commun : la dénonciation de l’immigration musulmane et l’invasion du continent
LA MONTEE DES MOUVEMENTS POPULAIRES, XENOPHOBES ET ANTI-ISLAM
Nous assistons, en effet, à une tendance lourde : la montée de mouvements minoritaires contestant l’ordre établi par les partis traditionnels. Ainsi, En France18% des électeurs, au premier tour de l’élection présidentielle, ont exprimé leur rejet de l’Europe et de l’immigration en votant pour Marine Le Pen. L’extrême droite nouvelle s’est donnée pour mission de défendre l’identité du Vieux Continent contre le multiculturalisme et les musulmans. Pour eux, il existe un nouveau totalitarisme : celui du multiculturalisme qui conduirait les sociétés européennes à la soumission intellectuelle à un islam en passe de conquérir le Vieux Continent (P. Delwitt et Ph Poirier (sous la direct. de), Extrême droite et pouvoir en Europe, éd. De l’Université de Bruxelles, Bruxelles, 2007). Il s’agit d’une «nouvelle droite radicalisée».
Le plus radical est Geert Wilders (16% des voix aux législatives de 2010 au Pays-Bas) qui considère l’islam non comme une religion mais comme une «idéologie fasciste», homophobe, profondément sexiste.
En Norvège, Cal Hagen, dirigeant du Parti du progrès déclarait en 2005 : «Les musulmans ont, de la même manière qu’Hitler, depuis longtemps dit les choses clairement. Sur le long terme, leur but est d’islamiser le monde ( ). Ils sont maintenant en Europe.»
Il y également d’autres partis qui incarnent cette tendance : les populistes scandinaves, la Ligue du Nord italienne et le Parti de la liberté du Néerlandais Geert Wilders, le Parti du peuple danois, le parti du progrès norvégien.
L’islam est devenu l’ennemi principal de cette droite extrême qui ne jure plus que par le choc des civilisations (Le choc des civilisations, Samuel Huntington, O. Jacob, 1997) et du concept d’Eurabia.
LE CHOC DES CIVILISATIONS
Selon Huntington, le monde ne va pas vers une extension des démocraties libérales, mais vers un affrontement généralisé entre grandes civilisations. L’avenir du monde est menacé par des conflits d’ordre identitaire et culturel.
LE CONCEPT D’EURABIA
L’enquête du journaliste norvégien Oyvind Strommen, La Toile Brunr (Actes Sud), montre bien l’obsession qui s’est emparée depuis le début des années 2000 d’une partie significative des droites radicales xénophobes. Il s’agit de la peur d’Eurabia, néologisme forgé en 2006 par l’essayiste Bat Ye’Or, désignant un continent et une culture européens soumis de pleins gré à l’islam et à son corpus de lois normatives, la charia, ayant renié leurs racines «judéo-chrétiennes» et de surcroît en voie d’être démographiquement submergés par les musulmans, au point que les européens de «souche» deviendraient bientôt minoritaires
LA RESURGENCE DES PARTIS NAZIS
En Grèce, le 6 mai dernier, 7% des électeurs ont envoyé au parlement 21 députés du parti néonazi «Aube dorée» dont le programme prévoit, entre autres, de miner la frontière avec la Turquie pour bloquer l’immigration. Ce parti promet d’expulser les immigrés hors de Grèce. Ce parti s’inscrit dans la filiation directe du Parti national socialiste allemand qui plongea l’Europe et le monde dans le chaos. Le seul parti qui assume son idéologie fasciste est «l’association Casapound» en Italie, ou le Jobbik hongrois.
En Autriche, il y a aussi le FPO et en Hongrie, La garde hongroises, partis d’extrêmes droites qui vivent dans la nostalgie du III Reich. Ces partis, à l’instar du Parti pour la liberté de Geert Wilders en Hollande au début des années 2000, masquent le discours sur l’inégalité des races derrière celui sur la lutte contre l’islamisation de l’Europe.
LA CRISE SUBLIME LA RECHERCHE DE BOUCS EMISSAIRES
La crise est-elle seule responsable de la montée des extrêmes, le paupérisme mène t’-il systématiquement au populisme.
La crise favorise la recherche de bouc-émissaires et renforce la crainte du déclin, pourtant inévitable, du vieux continent. En réalité c’est un prétexte pour chasser le musulman hors d’Europe.
En tout état de cause, l’arrêt de l’immigration et le renversement des flux migratoires sont justifiés par la crise et par la récession, la crainte du déclassement social et le sentiment de délitement des repères culturels suscités par la mondialisation libérale.
** Enseignant chercheur associé au CHERPA Sciences Po Aix (France) Professeur à l’ESAA (Algérie)
4 octobre 2012
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