Culture : LES DOCUMENTS RECUEILLIS DANS SON OUVRAGE SONT TOUT CE QUI EST DISPONIBLE
Dans une conférence donnée vendredi dernier au Palais des expositions de la Safex où se déroule le Salon international du livre d’Alger, Maurice Vaïsse a présenté son livre Vers la paix en Algérie réédité par les Editions Alem El-Afkar à l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance.
Lyas Hallas – Alger (Le Soir) – Le professeur Vaïsse, qui est natif d’Alger, est vice-président de la commission de publication des documents diplomatiques français et professeur des universités à l’Institut d’études politiques de Paris. Le livre, paru en France sous sa direction (Editions Bruylant, 2002) il y a dix ans et réédité cette année en Algérie, restitue, à travers des procès-verbaux provenant des archives de la diplomatie française, les conditions dans lesquelles a été négociée l’indépendance de l’Algérie et les logiques qui ont amené Charles de Gaulle à accepter de négocier avec le FLN. «Ce n’est pas un livre d’histoire mais un recueil de documents que les historiens peuvent y travailler. Il s’agit des procès-verbaux de réunions entre négociateurs français et algériens », souligne, d’emblée, le professeur Vaïsse. Ce recueil de procès-verbaux, ajoute le conférencier, ne couvre que la période allant de mai 1961 à mars 1962 et pas toutes les étapes des négociations : «Les procès-verbaux disponibles ne rendent pas compte de toutes les réunions. D’une part, ça illustre la difficulté des négociations et exprime la volonté de sortir de la guerre. Ou ces réunions n’ont pas été sanctionnées de procès-verbaux ou ces procès-verbaux se trouvent ailleurs que dans les archives du ministère français des Affaires étrangères. Moi, en tout cas, je ne les ai pas trouvés». Le professeur Vaïsse a néanmoins énuméré les zones d’ombre dans ce processus de négociations. Le chercheur, qui dit avoir envie de creuser pour savoir plus sur les pourparlers des Rousses, aux frontières franco-suisses, en 1959, dont il n’a pas trouvé de procès- verbaux, a estimé que les conditions de la mort du commandant Si Salah, Mohamed Zamoum de son vrai nom, ancien chef par intérim de la Wilaya IV historique, tué en 1961 après avoir été reçu à l’Elysée par le général de Gaulle, alors président de la France, restent à déterminer. Il y a deux hypothèses, selon le conférencier, «avant d’entamer les négociations, la première question qui s’est posée pour la France est avec qui négocier, ou le GPRA, les combattants de l’intérieur ou le MNA de Messali Hadj ? Pour les Algériens, le GPRA était le seul habilité à les représenter. Mais de Gaulle a eu à recevoir le 10 juin 1960 des chefs des wilayas de l’intérieur. Ou bien Si Salah a été tué par les services spéciaux du général qui aurait recouru à un double jeu justement pour ne pas attirer les foudres des instances dirigeantes du FLN qui étaient intransigeantes s’agissant de qui doit représenter les Algériens dans les négociations. Ou il a été liquidé par ses pairs qui voyaient d’un mauvais œil son entrevue avec le général». Bref, les documents recueillis dans le livre couvrent largement les négociations même si elles n’évoquent pas cette question de la représentativité. L’intérêt de ces documents est considérable tel qu’il illustre les vicissitudes et les difficultés des négociations franco-algériennes et acquièrent une valeur universelle comme l’est la Révolution algérienne, une révolution diplomatique avant tout. L’ouvrage est à découvrir durant le SILA dans le stand de l’éditeur au pavillon «A» (El Ahaggar) et sera disponible chez les libraires à partir de la première semaine du mois d’octobre.
L. H.
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/09/27/article.php?sid=139643&cid=16
27 septembre 2012
Colonisation