JEUDI DERNIER, ET EN MARGE DU 17E SALON INTERNATIONAL DU LIVRE D’ALGER, L’ÉCRIVAIN ALGÉRIEN RACHID BOUDJEDRA A ÉTÉ HONORÉ, EN PRÉSENCE D’UN LARGE PARTERRE D’UNIVERSITAIRES, JOURNALISTES ET ADMIRATEURS DE L’AUTEUR DE LES MILLE ET UNE ANNÉE DE LA NOSTALGIE.
Rachid Boudjedra, connu pour ses déclarations caustiques, n’a pas manqué de noter que même s’il était heureux de cette distinction, elle demeurait tardive. Expliquant les conséquences qui l’ont amené à emprunter le chemin de l’écriture, celui à qui l’ont doit des œuvres telles que La Répudiation, L’Insolation ou L’Escargot entêté pour ne citer que celles-là, a déclaré que c’était plus par besoin de «rembourrer une faille personnelle», avouant, par ailleurs, que Kateb Yacine qu’il a lu, pour la première fois, 15 ans, est son maître et se souvenant aussi que «Kateb Yacine est le seul écrivain algérien à qui j’ai dédicacé mon premier roman, et qui m’a dit, en guise de réponse : «Maintenant, je ne suis pas seul». Lors de cette rencontre qui a vu naître un riche débat, Boudjedra a également sa relation à la poésie, indiquant que cette dernière «c’est d’abord et avant tout la poétique du texte». Boudjedra fera savoir qu’il a écrit des millions de vers dans ses romans, ajoutant encore que ses études de mathématiques et de philosophie lui ont appris la rigueur scientifique et la métaphysique, qu’il applique avec art à ses romans. Plus connu pour son œuvre francophone, Rachid Boudjedra a tenu à relever lors de cette rencontre que le fait d’écrire et de publier des romans en langue arabe s’est fait de façon naturelle, mais il regrettera, néanmoins que son pays l’ait «accepté en tant qu’écrivain francophone et pas en tant qu’auteur arabophone». Enfin et s’agissant de son expérience dans l’écriture de scenarii, l’auteur de «Pour ne plus rêver» a estimé qu’il n’y a pas une grande différence entre les deux genres, se gardant, toutefois, de se targuer d’être un scénariste professionnel. «J’ai une formation de cinéphile. Je reconnais que je n’ai jamais écrit un scénario original, mais je peux dire que mes romans sont très cinématographiques». Né à Ain Beida (Constantine) en 1941 au sein d’une famille bourgeoise, Rachid Boudjedra y passe sa jeunesse avant d’être scolarisé d’abord à Constantine puis à Tunis. A partir de 1959, il prend part à la guerre de libération. Après avoir été blessé, il voyage dans les pays de l’Est, puis l’ Espagne, où il est représentant du Front de libération nationale (Algérie) » FLN. Au lendemain de l’indépendance, il est de retour en Algérie.Il entreprend alors des études de philosophie à Alger » Alger et à Paris obtient une licence de philosophie à La Sorbonne en 1965 et achève son cursus en soutenant une thèse de doctorat sur Louis-Ferdinand Céline. En 1977, il devient conseiller pour le ministère de l’Information et de la Culture. Il participe à la rubrique culturelle de la revue hebdomadaire Révolution africaine et est membre de la ligue des droits de l’homme. Boudjedra dont l’œuvre s’étend sur près de 50 ans a notamment écrit «La macération», «La prise de Gibraltar», «Timimoun», «Le démantèlement», «Le vainqueur de coupe», «Fascination», «Hôtel Saint Georges»…
H. A.
23 septembre 2012
Rachid Boudjedra