L’Algérie a connu des grèves des étudiants universitaires ainsi que les résidents en sciences de la santé durant laquelle les revendications pédagogiques ont occupé une place importante. En effet, ayant suivi cette grève à travers les écrits sur le web et notamment sur Facebook, j’ai tissé un réseau de contacts et de soutien sur la thématique de la pédagogie universitaire en général et la pédagogie médicale en particulier. En effet, les résidants en science de la santé ont pris l’initiative de revoir par eux-mêmes certains points de leur programme de formation notamment sur l’amélioration des enseignements, l’évaluation des enseignements et l’évaluation des apprentissages. Certes, cette tache dépasse leur responsabilité de gestion de ces problématiques, mais ils ont le mérite de les soulever et de faire savoir qu’ils sont des partenaires et des collaborateurs efficaces dans ces projets de réformes des enseignements et des programmes de formations.
En d’autres termes, ils ont leur mot à dire et des propositions à faire en vertu de leur vécu et leur expérience sur les déroulements des apprentissages dans les services hospitaliers et dans les amphithéâtres universitaires.
Dans la suite des évènements, le ministre de l’Enseignement supérieur avait lui-même reconnu que les programmes de formation et des apprentissages en sciences de la santé sont dépassés et sont rendu obsolète par rapport aux normes pédagogiques en vigueur.
PROBLEMATIQUES DES ENSEIGNEMENTS
Au cours des dernières années, la formation à la pédagogie des enseignants universitaire s’est développée de façon significative dans plusieurs pays ayant misé sur la qualité des enseignements et des apprentissages pour développer des compétences chez les étudiants. Chez nous, plusieurs enseignants ont suivi des séminaires de formation en pédagogie. Toutefois, ces séminaires ne sont pas centrés ni sur la pratique de l’enseignement ni sur la planification pédagogique, ni en sciences de la santé ni en milieu universitaire.
De plus, ces séminaires font rarement partie d’un programme de formation à la pédagogie qui soit cohérent, c’est-à-dire, qui réponde aux exigences d’une planification méthodique des enseignements, des apprentissages et surtout, qui «contextualise» adéquatement les enseignements en tenant compte des particularités de la formation des professionnels du milieu universitaire et médicale. De plus, les connaissances pédagogiques ainsi acquises par les enseignants et les intervenants académiques se traduisent difficilement sur le terrain par la transformation des attitudes, des approches pédagogiques et des modalités d’évaluation des apprentissages. La seconde problématique est celle de l’amélioration des enseignements. La problématique de l’acte d’enseigner est multidimensionnelle comme dans la plupart des universités du monde, mais restons centrés sur sa composante pédagogique.
Il est important de signaler d’emblée que ce n’est pas l’expertise ou les connaissances disciplinaires de l’enseignant qui sont mises en cause, mais les processus d’enseignement en termes de stratégies et d’encadrements pédagogique des apprentissages. La plupart des enseignants enseignent selon un modèle traditionnel transmissif et à partir de leur contenu ou de leur expertise disciplinaire en absence de support pédagogique adéquat. De plus, l’acte d’enseigner est plus au moins planifié, voir improvisé et parfois fait appel au bon sens. Il arrive également que le professeur enseigne par intuition.
Par ailleurs, la plupart des enseignants sont motivés afin de procurer des apprentissages de qualité à leurs étudiants, mais ils n’utilisent pas les bons moyens pour y parvenir. Par moyens, on fait allusion surtout aux soutiens didactiques et aux conseils pédagogiques pertinents en vue d’améliorer leur enseignement. En effet, le premier constat est l’absence de formation pédagogique aux enseignants pour améliorer leur processus d’enseignement au regard de l’évolution rapide des connaissances dans le domaine de l’éducation.
Pour des apprentissages de qualité centrés sur le développement de compétences chez les étudiants, les enseignants auront besoin d’une formation à la pédagogie ciblée et d’environnements d’apprentissage propices à leur développement intellectuel et professionnel. De plus, les enseignants auront besoin de réseau de partage de leurs vécus d’enseignants et de leurs expériences professionnelles en milieu universitaire. En effet, selon Elbe «enseigner et apprendre sont des activités interchangeables, on ne peut enseigner sans apprendre et on ne peut apprendre sans enseigner»
De plus, lorsqu’un universitaire commence à enseigner à l’université, il est en général étudiant au doctorat où il vient de finir une thèse ou un post-doctorat sur un sujet extrêmement pointu. Une fois qu’il obtient un poste d’enseignant, il s’agit alors de prendre en charge un ou plusieurs enseignements qui sortent de sa spécialité stricte. À vrai dire, il est même plutôt rare d’enseigner exactement dans son sujet de thèse. Et c’est là que les problématiques de l’acte d’enseigner se posent sérieusement.
Par ailleurs, les enseignants font face à plusieurs défis auxquels ils sont appelés à s’adapter tels que le renouvèlement rapide des connaissances, la problématique linguistique, l’intrusion des nouvelles technologies dans l’enseignement, les caractéristiques des étudiants, leur responsabilité administrative et de chercheur, leur contexte socioprofessionnel et finalement leur responsabilité socioculturelle. «Comment font-ils pour s’adapter à ces environnements», se demandait Ramdsen.
L’apprentissage à la pratique de l’enseignement supérieur représente le premier chainon pédagogique dont un enseignant universitaire aura besoin pour développer les compétences enseignantes et procurer des pratiques pédagogiques centrées sur les étudiants et les apprentissages. En effet, «personne ne commence par bien enseigner. Enseigner à l’université ça s’apprend» Herbert Kohl.
* Conseiller et concepteur pédagogique
20 septembre 2012
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