Et le mouvement de Djaballah depuis vingt ans ? Il sera divisé en morceaux tellement petits que lors des dernières législatives, il se retrouva seul avec sa femme et son beau-frère pour fabriquer une liste de candidats. C’est vous dire que s’il y a un régime qui a réussi à bien gérer ses islamistes, c’est bien le régime de chez nous. Diviser, filtrer, couper en petits morceaux jusqu’à ce qu’il ne reste des premiers islamistes du FIS que Djaballah et son épouse (avec nos respects car il s’agit là de leur image politique, pas de leurs personnes). Un jour, le but sera de diviser ce couple peut-être.
Du coup, un étrange spectacle algérien: on a des nationalistes fixes, des opposants fixes et un multipartisme islamiste ! C’est chez les islamistes que l’on retrouve les courants traditionnels de la démocratie: commerçants, vendeurs de lingerie, pro-Erdogan le patron turc, pro-wahabites, amoureux qataris, corporatistes, anciens prisonniers, chefs de chambres de commerce ou d’entreprises, gens de gauche et gens du djihad, etc. La scène islamiste algérienne agréée est tellement éparpillée qu’elle donne l’impression qu’elle est pluraliste, mais à l’échelle du grain de sable et du morceau de sucre. Et les islamistes armés ? Loin, au sud, dans le flou et le sable. Mais même là, selon les dernières informations, la guerre fait rage entre les émirs et l’argent des otages. Syndrome de Stockholm cependant: les islamistes sont vaincus politiquement mais le régime s’est islamisé idéologiquement. Les chiffres des élections prouvent que les islamistes reculent mais c’est le projet de la plus grande mosquée d’Afrique qui avance sur le reste du pays.
20 septembre 2012
Kamel Daoud