« L’Adieu au Rocher », roman inaugural de Zahra Farah (Ed. Média-Plus, 2012) narre l’aventure labyrinthique de Mouni, l’héroïne, dans les venelles de Constantine durant la Seconde guerre mondiale mais aussi les lacis de son affect. Peut-elle s’en sortir quand, dans un univers de traditions sévères, elle rompt les liens coutumiers et familiaux? (Lire l’entretien)
Ce récit au féminin a pour cadre la ville de Constantine avec, pour toile de fond, lointaine et peu évoquée, la Seconde guerre mondiale. Une famille, pauvre, en vit les retombées. Celle de Mouni née avant le conflit mondial et subit la sévérité des mœurs qui condamne la femme, à sa naissance, à une obéissance aveugle aux mâles de la tribu. Le roman s’ouvre sur sa venue au monde, accueillie comme une malédiction par l’entourage familial.
Elle grandit bon mal an, interdite de jeux et de sorties, souvent attachée comme un animal domestique pour avoir enfreint aux nombreux interdits édictés. Si elle entre en scène par sa naissance, elle grandit au seuil de sa propre mort. Jeune fille frappée de mutité à force d’interdits, de moqueries, de tortures physiques et morales, c’est sa tante Baya, qui lui trouve le mari idéal, cousin de son époux de vingt ans son aîné, mais homme riche. Mouni est enfin mariée sous les auspices de sa tante Baya au caractère bien trempé. Mais son jeune époux, Hocine, repart au front. Elle lui donne un fils qui fait la fierté de sa belle-mère. L’époux, Hocine, comblé repart au front, confiant, fier, revivifié pour le combat qui n’est pourtant pas le sien.
La seconde guerre mondiale qui constitue le cadre historique du récit est portée par Hocine qui en revient traumatisé mais aussi par l’extrême dénuement de la population constantinoise, toute communauté confondue.
Pourtant, ce n’est pas précisément la guerre qui affecte la vie de ces petites gens mais leur propre tradition qui les sclérose. Hocine, certes, revenu du front comme tout soldat indigène de l’époque avec de graves séquelles psychologiques brisé, mais, avec tout de même une certaine aisance matérielle. Ses beuveries, ses colères, ses violences inouïes apparaissent moins la conséquence de la guerre que générées par les tensions familiales entre bru belle-mère et bru. Si Mouni arrive à surmonter la faim, l’extrême misère, effets directs de cette guerre lointaine, en revanche, elle voit ses forces s’amenuiser devant l’autoritarisme, la haine, le fiel de sa belle-mère dès la naissance de son deuxième enfant, une fille. Inconsciemment, Mouni ne reconduit-elle pas la tradition répressive qu’elle a elle-même subie à sa naissance ? La guerre, loin d’être un facteur de solidarité, accroît au contraire les rivalités, accentue les servitudes féminines. L’époux Hocine n’échappe pas au standard des us et coutumes de l’époque que l’auteur décrit dans le détail, à travers les interstices d’une société fermée : femmes mariées, divorcées, répudiées, toutes ont leur mot à dire pour se maudire les unes les autres, se railler, se jeter des quolibets au nom d’une tradition aussi dure et inébranlable que les rochers sur lesquels est accrochée à flanc des précipices, la ville.
Un soir, Mouni a failli être tuée par son époux qui, depuis le retour de la guerre, multiplie les beuveries. Elle fuit le domicile conjugal. Chassée par ses parents qui ne peuvent subvenir à ses besoins et à ceux de ses enfants, elle trouve refuge chez sa tante Baya au cœur de la ville, se démène pour assurer la scolarité de son fils, vit de menus travaux, sa fille, toujours, collée à elle, sous son haïk, lors de ses déplacements. Mouni découvre un autre monde, d’autres manières de vivre, impensées jusque-là, par elle. Elle fait la connaissance de musiciennes du « malhoun » constantinois qui déploient toutes les ruses pour donner un spectacle, dans l’anonymat, à l’insu de leur famille. L’auteure dont c’est le premier ouvrage ne consacre que quelques lignes à ce monde musical féminin si caractéristique pourtant à cette ville du Rocher et par lequel, aussi, s’ouvre d’autres horizons pour Mouni confrontée aux luttes souterraines, primesautières, solidaires de ces femmes artistes qui traversent un peu trop vite l’espace romanesque. Cette ambiance artistique bourgeonnant cède malheureusement la place à des descriptions ressassées des hammams et autres traditions.
Aguerrie par tant de malheurs, Mouni décide de quitter Constantine pour Oran où des connaissances lui ont assuré un travail stable. Son fils, toujours studieux, est en colonie de vacances tandis que sa fille, restée chez la tante Baya, est enfin scolarisée grâce, toujours, à cette tante qui, à la différence de sa sœur, la mère de Mouni, est tolérante, attentive, portée par une culture urbaine naissante en cette deuxième moitié du 20e siècle dans laquelle les femmes ont tôt fait d’acquérir les outils de leur émancipation, certes encore à ses balbutiements. Le roman s’achève sur un bref retour de Mouni complètement métamorphosée. Elle ne porte plus le voile, a coupé et teint ses cheveux. Après une courte visite à la tante Baya, elle reprend le train pour Oran avec sa fille…
A travers une galerie de portraits féminins d’une même famille mais si différents d’une génération l’autre, Zahra Farah en pénètre l’intimité mais aussi et surtout les ressorts psychologiques dans leur nudité et leur secret sans apparaître féministe pour autant. Et c’est là que réside principalement la force de la narration qui décrit, peint, raconte un monde au féminin singulier (étonnant, ahurissant) avec suffisamment de recul pour une observation qui ne verse à aucun moment dans le discours idéologique qui en aurait amoindri la véracité des faits qui parlent, témoignent, suffisamment, pleinement, d’eux-mêmes.
Hormis quelques incohérences de style et une certaine propension à un folklorisme désuet, sans doute inhérents à tout premier roman, Zahra Ferah donne la parole aux femmes, s’en fait la complice avertie. Le roman s’achève sur une esthétique du dévoilement du corps et de la parole féminine par le personnage principal du roman, Mouni. Une autre naissance ?
Entretien avec l’auteure
Zahra Farah : « Mon héroïne n’est pas un étendard du féminisme »
Avec un regard lucide mais complice, l’auteure de « L’Adieu au Rocher« , Zahra Farah, écrit et décrit un univers féminin dans lequel, son héroïne, Mouni, une jeune femme de Constantine, survit à la misère, à la misogynie enracinée dans la culture traditionnelle aussi abrupte que les rochers de la ville des précipices étrangère à elle en cette période de la seconde guerre mondiale où elle arrive avec ses enfants affronter l’extérieur, en quête de travail et d’elle-même. Dans cet entretien, Zahra Farah dont c’est le premier roman, inscrit la trajectoire de son personnage dans ses pesanteurs sociologiques au détriment d’une recherche esthétique…
Mouni est le personnage principal du roman. De sa naissance brimée à sa liberté de mouvements, est-elle représentative de la condition féminine dans l’Algérie de cette époque durant et après la seconde guerre mondiale ?
Avant la seconde guerre mondiale, la structure sociale faisait que l’éducation stéréotypée avait pour but de faire des petites filles, les futures maîtresses de maison. La guerre en apportant son lot de malheurs a participé à abîmer le tissu social établi. Les changements qu’a alors connus le pays ont apporté une pression supplémentaire au conditionnement auquel étaient soumises les filles. Naturellement, selon le milieu social les pressions ont été différentes. Mais mon propos n’était pas une analyse sociologique, bien qu’il soit assez difficile d’y échapper…. J’ai choisi principalement de m’attacher à expliquer les conséquences de l’environnement sur la vie d’une femme d’alors. Mouni ne représente finalement qu’elle-même. Elle n’est pas un étendard. C’est une femme ordinaire, une fille de famille modeste mais qui se trouve confrontée à des situations auxquelles elle réagit à sa manière.
Le cadre historique du roman est la seconde guerre mondiale. Pourtant, elle n’apparaît que timidement et tardivement dans le roman. Qu’en pensez-vous ?
En fait, dès les premières pages, le décor est planté et la période à laquelle se déroule la trame du roman, est annoncée. Cela dit, j’ai axé en effet l’histoire sur le vécu des femmes dans une société traditionnelle, en cette austère ville du Rocher comme d’ailleurs dans beaucoup d’autres villes d’Algérie où les mères -ou les belles-mères- sont les garantes de la réputation et de l’honneur familial et où le pire des malheurs qui s’abattrait sur une famille est le qu’en dira-t-on qui discrédite et jette l’anathème sur ses membres. Plus que jamais en cette période difficile qu’est la guerre, les femmes se doivent de rester dignes malgré les affres d’une existence difficile. En outre, l’absence des hommes renforce le pouvoir des mères qui ont le devoir de veille sur épouse et progéniture afin de maintenir l’honneur sauf. Mon but était donc, surtout d’évoquer la dureté des conditions d’existence des femmes à cette époque, de l’élevage des filles dans un monde où les coutumes les écrasent dès leur naissance et longtemps après. Le caractère fermé de la ville citadelle qu’est Constantine, fait qu’effectivement, la 2ème guerre mondiale se trouve en arrière -fond. Le poids des traditions, le vide laissé par le départ des hommes fait vivre la société en autarcie. Les femmes sont gardiennes des traditions et ce sont ces valeurs dont le témoin est passé à Mouni et aux femmes de sa génération qui ont pour mission de tenir un foyer, de servir et de procréer. Elles seront cloitrées, n’iront pas à l’école des « roumis » et élevées selon les strictes règles établies. Malgré la guerre, malgré les privations, un fond immuable doit constituer le socle de la société. La cohésion de la famille pendant cette période a permis cette transmission. Plus tard dans son Histoire, l’Algérie a connu une césure due aux événements qui ont miné le ciment social constitué par la cellule familiale. Mais je m’avance déjà, car c’est le sujet d’un autre volet que j’aimerais traiter.
Les conséquences des traditions sur le mental de Hocine, de sa famille ne sont-elles pas plus désastreuses que celles de la guerre ?
Bien sûr que la chape de plomb des coutumes paralyse Hocine et entrave ses sentiments, cela est incontestable. Les interdits étaient si nombreux qu’il ne restait pas aucune place à l’extériorisation. Les normes des codes de fonctionnement de la société d’alors ne permettaient pas les « épanchements » et exigeaient l’observation des convenances. De surplus, le parcours du soldat Hocine parsemé de toutes les horreurs auxquelles il est confronté durant la guerre, va contribuer à faire de lui l’épave qu’il deviendra à sa démobilisation. A partir de là, sa descente aux enfers est inéluctable et il va sombrer dans la démence avec tout que cela entraine comme ruine et détresse dans sa famille. Si l’on ajoute à cela une mère castratrice, il ne lui restera plus aucune chance de sortir la tête de l’eau.
Lorsque Mouni quitte le domicile conjugal, elle fait son apprentissage dans la cité constantinoise pour la survie. Ne s’initie-t-elle pas à son émancipation ? Vous ne semblez pas lui prêter ce trait de caractère. Pourquoi ?
Il est difficile de juger de l’émancipation de Mouni dans le milieu ou elle a vécu. En effet, les schémas sociaux modernes ne rendent pas compte de l’environnement dans lequel a baigné Mouni. A sa façon, elle a commencé très tôt à s’émanciper, n’a-t-elle pas appris à lire en veillant sur ses frères qui faisaient leurs devoirs ? Plus tard, son comportement de garçon manqué lui vaudra la sanction du confinement. A partir de ce moment-là l’émancipation n’est plus dans ses modes de pensée. C’est la survie et l’évasion du joug maternel qui vont dorénavant dominer son comportement. Plus tard, le contact avec les femmes de soldats de son immeuble et ses visites chez la belle Soltana vont lui ouvrir également des horizons insoupçonnés. Dès lors que Mouni s’échappe en pleine nuit en emmenant sa fille, la marche vers le rejet des normes et le processus de son affranchissement prendront toute sa dimension. Il devient inexorable lorsque Zouina, sa mère refuse de l’héberger car elle venait de commettre l’irréparable que « sa vie entière ne suffirait à payer… » Par la suite, sa fuite permanente pour échapper aux représailles de Hocine et protéger ses enfant, sa lutte pour la survie vont contribuer à la cuirasser davantage. L’apogée de son élargissement se traduira à la fin du roman par l’exil. Si ce trait de caractère n’est pas explicitement formulé, les actions de Mouni, elles, ne font pas de doute puisqu’elles vont la mener dès son enfance et d’une manière progressive jusqu’à son affranchissement.
Le personnage de la tante Baya est-il, pour vous, l’antithèse de la tradition ?
Baya est à mon sens le personnage lumineux du roman. Elle est le contraire de Zouina, la mère de Mouni. L’une est pleine de rancœur contre la vie, envieuse, cassante, acariâtre, autoritaire, tandis que Baya, sa sœur, est joviale, généreuse, de commerce agréable. Je la décris comme un personnage excentrique sur qui la grisaille n’a pas de prise. En réalité Baya porte au fond d’elle-même une immense blessure. Malgré sa «coquetterie dans l’œil», on a pu la marier, et ma foi, elle ne s’en sort pas mal au grand dam de Zouina qui ne lui pardonne pas sa réussite sociale. Baya prendra la défense de Mouni depuis sa tendre enfance. Pour Baya, Mouni est la fille que «ses flancs arides n’ont pu abriter». Mais il ne me semble pas qu’elle soit l’antithèse de la tradition. Je pense plutôt qu’elle a su allier la tradition au bon sens.
Vous passez trop rapidement, nous semble-t-il, sur l’univers musical que pénètre Mouni, ignoré jusque-là alors même que vous consacrez des pages sur la description du hammam et autres usages coutumiers qui ne sont pas spécifiques à Constantine. Qu’en dites-vous ?
Les quelques pages qui sont consacrées au hammam me semblent importantes car il est l’unique espace où la vie sociale va s’exprimer. Celui où l’on s’occupe de son corps, celui où l’on choisit sa bru, c’est l’endroit où on peut voir les toilettes des élégantes, où l’on oublie le temps qui passe en savourant les délicieuses pâtisseries, c’est également le média de la ville. Et ces fragiles instants d’évasion sont tellement importants. Certes, les cérémoniaux se retrouvent dans toutes les contrées de notre vaste pays, mais à mon humble avis, je pense qu’il existe des spécificités qui font le charme de chacune de nos belles régions. L’intérêt de l’univers musical auquel il est tout de même accordé de longues pages, est de souligner qu’il est rassembleur des femmes issues des différentes couches sociales d’alors. Cet amour de la musique qui les unit, va aussi entrainer la fuite du rossignol qu’est «Abla». Mais ma priorité était la description de la vie des femmes à cette époque.
Quelles sont les interprétations possibles du titre «L’adieu au Rocher» qui ne réfère qu’à la fin du récit. Un adieu ferme, décisif, sans remords ni nostalgie ?
Les péripéties de Mouni finiront par briser les chaines des amarres qui l’attachaient à sa ville, à son Rocher. Il devenait capital pour elle de changer de vie. Comme son amie Abla, elle était condamnée à fuir, mais chacune d’elles pour des raisons différentes. Mouni était rejetée par la société bien-pensante des familles respectables parce qu’elle avait quitté le domicile de son époux. Elle n’avait donc plus sa place parmi elles. Elle avait commis le pire des crimes en s’éloignant des sentiers battus. Cependant son caractère trempé dû, entre autres, au dressage de son enfance fait qu’elle ne regardera pas derrière elle. D’ailleurs a-t-elle le choix ? Dorénavant, son seul but est d’élever ses enfants. Pour elle, l’adieu est ferme, sans regret. C’est une femme à qui on a confisqué les états d’âme. Mais, qui peut se targuer de vivre sans nostalgie aucune ? A ce stade du roman, s’éveille la conscience de Fella, la fillette par qui les soucis ont commencé !!! L’enfant commençait à s’approprier son environnement, sa ville, à avoir des amis, apprenait enfin à rire, à jouer. Fella s’extirpait de sa coque, de son autisme grâce aux efforts de la tante Baya qui était devenue sa maman de cœur en réhabilitant l’image de la mère. Et voilà qu’on l’arrache à son monde, à ce Rocher avec lequel elle entamait son identification, et lorsque le train s’ébranle elle se «détache du Rocher» comme si elle s’en extrayait. Pour elle l’adieu est synonyme de mutilation.…. Elle fait le serment de ne pas oublier et «les serments d’enfants sont éternels». La nostalgie et les regrets sont là : dans l’âme d’une enfant qui est dépossédée de ses repères.
Avez-vous lu les romans de Nadjia Abeer Constantine et les moineaux sur la murette, ou Bab El Qantra ? Votre appréciation ?
Malek Haddad a écrit à propos de Constantine «… Dieu donnez-moi du talent pour parler de ma ville…». Nadjia a eu ce talent-là. Elle était une «auteure» émérite. Elle a décrit admirablement son attachement viscéral à son vieux rocher dans son Roman «Constantine ou les moineaux de la murette», un livre émouvant de réminiscences d’une enfant. Elle nous prend par la main et nous fait partager son parcours et ses interrogations de petite fille devant les inégalités sociales des communautés et les injustices vécues pendant la lutte pour l’indépendance de l’Algérie. Nous nous retrouvons toutes en elles.
Vous êtes née à Constantine, vous vivez à Oran, y a-t-il quelque similitude avec le parcours similaire de votre héroïne ?
Chacun de nous porte en soi ce fameux inconscient collectif de sa société. Par conséquent nous sommes le produit du milieu dans lequel nous grandissons. Telles des éponges, nous intégrons des comportements, des images, des sons, des parfums qui vont nous marquer d’une manière indélébile. Ce qui est décrit dans ce roman est le fruit d’un «ressenti» et d’une observation de ces fières habitantes de la cité des ponts. Les femmes ont, en général beaucoup de pudeur à étaler leur tristesse, leur désespoir, leur mal-être. J’ai tout de même pu recueillir tout au long de mon enfance des sentiments que je sentais sourdre à travers des demi-mots, l’expression d’un regard, une larme furtive et parfois ce qui semblait être des regrets. Pour en revenir à Mouni, je pense qu’elle est une femme parmi tant d’autres de sa génération. Certes, son parcours est assez singulier, mais les ingrédients se trouvent réunis pour donner à sa vie cette imprévisible tournure. Il me semble que beaucoup de femmes confrontées à de telles situations auraient agi de même. Au fond, n’est-ce pas ce que l’on appelle le «destin» ? Pour répondre à votre question, réflexion faite, je pourrais être à la fois toutes les femmes de ce récit, sauf Zouina ! Mais ce récit n’est pas autobiographique et le personnage de Mouni n’a rien à voir avec mon parcours personnel.
Ce roman par lequel la femme algérienne témoigne de sa condition à une époque précise s’insère dans une réalité féminine (et masculine) d’aujourd’hui encore plus dramatique. Le roman n’est-il pas «dépassé» par sa propre histoire ?
Certes les problèmes que vit la société algérienne actuellement ne sont pas sans rapport avec la période où évoluent les personnages de «L’adieu au Rocher». Relations amour-haine avec le reste de la société, une ambivalence que l’on sent de bien des façons, une évolution qui ne va pas sans compromis non plus : la femme a besoin de souscrire à certaines règles vestimentaires, de comportement, doit fermer les yeux sur bien des choses pour prétendre à une place dans l’échelle sociale. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faille minimiser les acquis de cette évolution, on retrouve de façon massive les femmes dans bien des domaines aujourd’hui : l’éducation, la santé par exemple. Certes, il reste un très long chemin à faire, mais la femme algérienne a prouvé qu’elle était capable de se battre et… de vaincre.
Rachid Mokhtari
Bio express de l’auteure
Née à Constantine, Zahra Farah vit à Oran où elle exerce le métier de psychologue en milieu scolaire. L’adieu au Rocher est son premier roman.
15 septembre 2012
Auteurs Algériens, Rachid Mokhtari