Mardi, 11 Septembre 2012 09:50
REFLET CULTUREL
Voila un sujet dominé par des réactions irrationnelles et hypocrites. Tant que le sujet reste enfermé dans des considérations politiques et d’amour propre souvent mal placé pour certains, alors les positions de l’Algérie vis-à-vis de la Francophonie ne peuvent être objectives. La guerre est finie depuis maintenant cinquante années. La France coloniale, considérée alors comme la quatrième puissance militaire au monde, a été battue et chassée du pays par un peuple démuni et donc hors classement dans ce hitparade guerrier. Il puisait sa force dans sa seule détermination à vivre coûte que coûte libre et indépendant. Ce qui a séduit le monde entier. Il est aujourd’hui nécessaire de rappeler que l’écrasante majorité des cadres penseurs et dirigeants du mouvement national qui est apparu dans sa forme dernière à partir de la fin de la Première Guerre mondiale, en France même, avec la première organisation du nom de Cona (Comité des ouvriers nord-africains) puis de l’Étoile nord-africaine suivie du PPA/MTLD et de l’UDMA jusqu’à la révolution armée déclenchée le premier novembre 1954, ont été de purs produits de l’école coloniale française. La langue française était pour eux l’outil précieux et privilégié dans lequel a maturé l’évolution de la conscience nationale. Toute la documentation diplomatique et guerrière de l’époque était pensée et écrite dans la langue française. Faire la guerre à l’occupant était une légitimité incontestable mais l’orienter aujourd’hui, et qui plus est en temps de paix, sur une langue est une incompréhensible contradiction. Elle est même une faute. Pourtant depuis l’indépendance l’Algérie vit en pleine et utile Francophonie. L’administration, les institutions, le secteur économique, celui de la communication, l’enseignement et la recherche scientifique etc. fonctionnement dans un pourcentage élevé en langue française. Bien sûr que les langues nationales naturelles doivent être réhabilitées, développées et enseignées. Bien sûr que si l’organisation internationale de la Francophonie dissimule des objectifs purement politiques et d’intérêts inavoués qui entraveraient les questions de souveraineté nationales objectives, nous devons être vigilants. Mais, face à toutes ces considérations aussi légitimes les unes que les autres, l’intérêt du pays doit surpasser les situations d’états d’âme, particulièrement celles âprement cultivées par les “nationalistes” de la 24e heure, torturés et rongés par le remord de conscience. Ils n’ont de cesse à tirer le pays vers l’arrière. L’équation qui se pose est de savoir si l’organisation internationale de la Francophonie, à laquelle l’Algérie est invitée pour devenir membre, n’offre pas un équilibre dans les intérêts mutuels.
A. A.
(kocilnour@yahoo.fr
14 septembre 2012
Abdennour Abdesselam