Lundi, 10 Septembre 2012 09:50
NOIR ET BLANC
C’est une maladie rare, inconnue des médecins, qui ne savent rien d’elle. À défaut de lui donner un nom spécifique en rapport avec ses effets, les Français se sont contentés de la désigner sous une formule approximative : “allergie chimique”.
Comprenne qui voudra…
En fait, cette saloperie se caractérise par un curieux symptôme : en plus des migraines chroniques, le sujet développe une véritable aversion pour les odeurs, toutes les odeurs sans exception. Il ne supporte aucun parfum, aucune effluve, pas même celle des shampoings ou des aromes, et la moindre fragrance met à rude épreuve son système olfactif déjà sérieusement perturbé. Un seul cas existe aujourd’hui dans l’Hexagone, un homme d’une quarantaine d’années. Il aurait chopé cette saleté, parait-il, au temps de la grippe aviaire. En l’état actuel de la recherche, il parait hasardeux de faire un lien de cause à effet. En attendant de voir plus clair, le patient, pour l’instant, pose d’énormes problèmes. Pour l’approcher, les journalistes de la télévision sont obligés de rester à bonne distance, de porter des vêtements ordinaires et d’éviter de passer de la laque ou du gel dans les cheveux. Sa femme vit un enfer, et le pauvre bougre est obligé, pour se nourrir, de porter un masque à la cuisine.
À ce stade de la maladie, je dis respect. Respect pour le nez des Algériens. La nature les a dotés de nases tout-terrain, toutes options, quasiment indestructibles. Ils peuvent respirer du matin au soir les relents pestilentiels de n’importe quelle décharge publique sans être le moins du monde incommodés. Et comme l’habitude est une seconde nature, je crains que nous soyons un jour nous aussi atteints de l’allergie inverse, celle de ne plus pouvoir sentir l’odeur ouatée d’une simple rose. On n’a que le nif qu’on mérite après tout…
13 septembre 2012
M. MOHAMMEDI