Oui, c’est vrai, la langue française n’appartient pas qu’aux Français. Mais le problème est-il dans la langue, comme pour la religion, de ceux qui la pratiquent ou ceux qui l’utilisent pour mieux tromper l’ennemi ?
Alors que l’école publique de l’ex-Benbouzid a un mal fou à trouver de bons précepteurs en langue française dans le deuxième pays francophone du monde, pour la «très heureuse» ministre française de la Francophonie, Yamina Benguigui, la langue française n’appartient pas qu’aux Français ; comprendre par là que la langue occitane appartient aussi aux Algériens et surtout à eux, qui ne peuvent rester de lourds handicapés monolingues. Mais pour reprendre la confession d’un ami faite en «mode veille» au chroniqueur, «comment s’amouracher d’une langue, lorsque son pays d’origine (la France), nous est interdit d’aimer depuis plus de dix lustres, après un «viol» trop violent qui aura duré 132 ans ?!».
Récemment encore, lors du forum mondial sur la langue française à Québec, le très «dogmatique» Abdou Diouf, le «plus blond des Africains» et néanmoins secrétaire général de la francophonie a plaidé, avec des larmes aux yeux, pour la cause de la langue de Molière, gravement menacée par l’anglais, ce «sabir» le plus partagé sur la planète des bipèdes. Abdou Diouf, c’est-à-dire celui qui se présente comme un «indigné linguistique», s’est même laissé aller à dire devant les membres de l’OIF qu’une langue «ne peut survivre à l’enfermement, elle ne circule jamais mieux qu’avec ses locuteurs. On ne peut vouloir le rayonnement de la langue française et, dans le même temps, fermer ses frontières à ceux qui parlent français, qui étudient le français, qui créent en français ». Et c’est justement là que le nœud gordien ne risque pas de se dénouer de sitôt. Pour s’en convaincre, il suffit de demander à un jeune Algérien, choisi au pif, sa destination préférée pour se rendre compte du «désamour» flagrant qui le sépare de l’ex-Gaule. Non, assurément, la France n’est pas aimée en Algérie, même si sa langue, résistant à l’arabisation au rabais des seventies, continue à être pratiquée par des Algériens, considérés à juste titre comme de meilleurs francophones que les Québécois. Parce que la cohabitation linguistique ne peut être possible que si la circulation des personnes, (avant l’argent !), est entièrement libre, vouloir la promotion d’une langue, fut-elle le français, en tant qu’espace culturel et véhicule de dialogue, ne peut être «désaccouplé» d’autres valeurs comme le respect de l’Autre, de son histoire, de sa langue et de sa liberté de conscience. Entre l’Algérie et la France, le contentieux mémoriel est si pesant qu’adhérer à l’espace francophone revient à trahir ceux qui sont morts en combattant le «roumi», cette hydre atlantiste, même si notre meilleur «butin de guerre» reste cette belle langue de Lamartine.
Entre réalité historique et hypocrisie politique comme dirait l’autre, en Algérie, nombreux sont ceux qui pensent que l’Organisation internationale de la francophonie cache mal son (mauvais) jeu, celui de servir des «intérêts» qui ne sont pas forcément ceux des autres peuples de la même sphère linguistique.
Mais cela veut-il dire que l’Algérie n’adhérera pas un jour (qui viendra) à l’organisation chère à la «très Algérienne» Yamina Benguigui ? Selon le très docte Wikipédia, la francophonie, en tant que fait de parler français, «est une composante de la politique étrangère de la France ( )».
Largement de quoi se méfier et réveiller des souvenirs dolents pour un peuple qui veut entendre parler de tout sauf d’une corde «assassine» dans la maison d’un pendu «sacrifié». Mais par qui SVP ?!
13 septembre 2012
El-Houari Dilmi