Tayeb Rabet Par : Hamid GRINE

Dimanche, 02 Septembre 2012 09:50

…PORTRAIT…

C’était un 14 février, fête des amoureux. Et Tayeb était un amoureux fou. Amoureux de la vie, amoureux de la nature, amoureux de sa famille, amoureux de son métier d’enseignant qu’il accomplissait avec professionnalisme et plaisir. Et son amour de la vie se voyait à sa mine. Il irradiait le bonheur. Et puis, vlan : le sort l’abat. Ce 14 février, à 42 ans, à la suite d’un accident domestique Tayeb plongera dans le monde des ténèbres, le monde du handicap. 
En une fraction de seconde, cet homme si dynamique qu’il donnait le vertige à ses proches connaîtra l’immobilité, la paralysie. En bonne santé en Algérie on est titubant et agressé de partout, alors imaginez que vous êtes sur un fauteuil roulant qui roule dans le sens du désespoir, dans le sens du malheur, c’est-à-dire à contre-courant de la vie. De votre vie. De vos aspirations. Vie bouleversée, vie en miettes, vie perdue ? Non, face au malheur Tayeb redresse son buste meurtri, redresse sa tête. Et dès son transport à l’hôpital d’Oran, le voilà changé, le voilà essayant de changer les autres. « J’ai été choqué par les cris de douleurs et les lamentations venant de toute part, parfois pour une phalange cassée, ou d’autres raisons plus graves ; je ne supportais pas les gémissements… J’étais très à l’aise, j’encourageais les malades qui entraient dans ma chambre, je leur donnais des leçons de morale, je leur ai interdit de gémir cette question “Pourquoi moi Dieu” je leur rappelais le courage, le destin, l’endurance, la patience, j’insistais sur cette phrase “Où est la dignité, affrontez, ne subissez pas, c’est un examen du croyant, regardez les plus touchés, celui à qui on a amputé ses deux jambes et comparez votre malheur, alors que vous êtes debout avec tous vos sens. L’essentiel dans cette histoire est que je vivais une plénitude que je ne connaissais pas avant, je suis devenu très calme et joyeux, une vacuité étrange s’est installée dans mon esprit, elle me procurait la réjouissance, je suis arrivé à un point où je ne comprenais plus rien à cette transformation subite…” Au plus fort de son malheur, Tayeb trouve au fond de lui une énergie extraordinaire. Et d’où vient-elle ? De la méditation selon Tayeb, c’est “cette source qui m’a aidé à garder mes pensées libres de tout chuchotement, et c’est elle qui a contribué à mon épanouissement et à mon équilibre psychique…” De son malheur il en a fait un bonheur en écrivant “Acquit de conscience”, publié en France, où il raconte son expérience du malheur et comment, grâce à son mental, il est revenu plus fort du sombre pays du handicap. Tayeb n’est pas riche ? Si, si, il est l’homme le plus riche du monde puisqu’il n’a besoin de rien. Puisqu’il a l’amour et le dévouement de sa femme et des siens. Puisque son exemple nous rend meilleur et nous montre le chemin de la sagesse…
H. G.
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