Culture : Le coup de bill’art du Soir
La directrice générale de l’Unesco a lancé un appel «à l’arrêt immédiat des destructions des sites soufis en Libye». Mme Irina Bokova a «exprimé sa vive préoccupation face à la destruction et à la profanation de sanctuaires soufis et de bibliothèques à Zliten, Misrata et Tripoli en Libye», a expliqué l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) dans un communiqué.
La directrice générale «a appelé les auteurs à cesser immédiatement la destruction » de ces sites, tout en indiquant que l’Unesco était prête à fournir son assistance pour leur protection et leur réhabilitation. «La destruction de lieux d’importance religieuse et culturelle ne peut être tolérée», a souligné Mme Bokova, exhortant les autorités libyennes et la société civile «à prendre leurs responsabilités pour la protection du patrimoine culturel et des sites d’importance religieuse, dans l’intérêt des générations futures». La réponse des autorités libyennes est venue par la voix du ministre de l’Intérieur. M. Fawzi Abdelali, qui a mis en garde mardi contre la «force nombreuse» et «bien armée» des islamistes radicaux, pour expliquer son refus d’«entrer en confrontation» avec eux après la destruction de mausolées musulmans. Le ministre a déclaré ne pas vouloir «entrer en confrontation» avec les intégristes qui «représentent une importante force en terme de nombre et d’équipements (…) Ils possèdent des armes». «La quantité d’armes en Libye dépasse toutes les estimations. Quand on aura une vraie armée qui saura traiter avec des groupes en possession d’armes lourdes, à ce moment-là le ministère de l’Intérieur pourra accomplir sa mission», a-t-il assuré en soulignant que ses forces manquaient de matériel. «Je ne m’engage pas dans une bataille perdue et je ne tue pas les gens à cause d’une tombe», a-t-il déclaré en disant privilégier la mise en place d’un dialogue religieux et culturel dans cette affaire «très compliquée». Pour rappel, des islamistes radicaux avaient démoli samedi, à coups de pelleteuse, le mausolée d’Al-Chaab al-Dahmani à Tripoli et profané son tombeau, lieu de pèlerinage pour certains musulmans. Des intégristes ont également détruit des mausolées à Zliten et à Misrata dans l’ouest du pays, provoquant l’indignation de la société civile mais aussi de responsables libyens. Par ailleurs et face à une hausse de la criminalité et des violences, le département d’Etat américain a déconseillé à ses ressortissants de se rendre en Libye où les fauteurs de trouble «ne sont ni sanctionnés ni contrôlés par le gouvernement libyen», selon un communiqué publié sur son site internet. L’Unesco dépend de l’Organisation des Nations unies (ONU). Les nouvelles autorités libyennes sont issues indirectement de l’intervention militaire de l’Otan, après une résolution du Conseil de sécurité de cette même ONU, venant après un «feu vert» de la Ligue arabe. L’Otan n’est pas intervenue au sol, laissant le soin aux «thuwars» de le faire. Les «révolutionnaires» sont ceux que leurs anciens alliés appellent aujourd’hui les fauteurs de troubles lourdement armés. Ça ressemble à un mauvais film avec un mauvais scénario.
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
2 septembre 2012
Kader Bakou