Par Kaddour M’HAMSADJI
lorsque sont, sous nos yeux, côte à côte, le livre papier traitant de la géographie physique d’un lieu et le livre de la Nature vivante de ce relief même qui nous est cher, ils nous instruisent complémentairement…
Ici, dans mon imaginaire, c’est le cas. Alors que l’on veuille bien m’excuser d’avoir soudainement cette pensée forte pour Soûr El Ghouzlâne, ma ville natale, qui est mise à l’honneur des cités de la nation algérienne! La ville des siècles d’histoire, de gloire et de vies citoyennes héroïques, organise le «Festival d’Auzia, la Romaine»! La fête battra son plein de souvenirs et d’enchantement culturel, artistique et patriotique du 3 au 5 septembre 2012… Ô cher Ahl es-Soûr, dont je lisais les hautes origines, au pied de djebel Dirah l’Ancêtre (1810 m), comme dans un grand livre d’Histoire, celui de sa résistance contre les colonnes de toutes les expéditions militaires coloniales et de sa pure existence algérienne citée par l’immense Ibn Khaldoun, je te salue, je rends hommage à tes chouhada et je souhaite un vif succès à ton festival prometteur de biens…
Mais, en attendant, reprenons le doux chemin de la lecture proposée par notre Petite bibliothèque de l’été 2012:
- DICTIONNAIRE DES LOCALITÉS ALGÉRIENNES de Achour Cheurfi Casbah-Éditions, Alger, 2011, 1214 pages: «Voilà donc un ouvrage précieux, à bien des égards, qui vient corriger, compléter, remettre en ordre les données du premier dictionnaire du genre, paru en 1860, élaboré par Marius Outrey dans l’intérêt de la colonisation. Voilà donc un travail solitaire, de longue haleine, auquel Achour Cheurfi a consacré son temps, ses journées et souvent ses nuits. Ce «labeur» a mis à rude épreuve la patience de l’auteur au cours de ses recherches inlassables pour trouver, pour débusquer, pour vérifier l’information recueillie. Achour Cheurfi, ayant pleinement profité de sa riche expérience professionnelle, et tout en sachant lui-même que son travail est encore perfectible, peut être satisfait, peut être rassuré: son Dictionnaire des localités algériennes est pratique, méthodique, clair et augure d’une promesse trop longtemps attendue, celle de dessiner le visage d’une carte d’identité patrimoniale nationale de grande importance dont beaucoup sauront tirer quelque avantage: les géographes, les historiens, les sociologues, les économistes, les administrations, les institutions spécialisées,… et tous ceux qui prennent Le Temps de le Lire!»
- DU CÔTÉ DU 20, RUE DE LA LIBERTÉ de Mahmoud Boussoussa Éditions el Maarifa, Alger, 2011, 239 pages: «[...] L’auteur nous dresse «un rappel historique de ce Quotidien national» dans le détail pour nous montrer quelle a été sa vie personnelle de journaliste et celle des nombreux travailleurs, «dont certains ont même sacrifié leur vie afin que ce Quotidien paraisse dans les moments les plus difficiles, plus précisément durant la décennie noire (1990-2000).» Il y a de l’humilité, la volonté d’informer juste, l’audace de l’humour et de la précision, la fausse nonchalance de l’artiste toujours ouvert au rêve et dont la plume a toujours le mot de la fin. Je pourrais dire à la lecture de son ouvrage que Mahmoud Boussoussa nous a livré son «journal intime» et je pourrais dire aussi qu’il est, par bien des traits de son caractère, un de nos «héros» de la presse publique algérienne, c’est-à-dire un de ceux qui se sont chargés quelque peu d’être les éducateurs de la société.»
- EL MOUDJAHID, Un journal de combat (1956-1962). Plusieurs contributions d’archives, éditions ANEP – EL MOUDJAHID, Alger, 2011, 143 pages: «Sur le choix du titre – El Moudjahid -, en pleine guerre de Libération nationale, la claire motivation et l’évidente explication sont exposées dans le très utile opuscule El Moudjahid, Un journal de combat (1956-1962) (*). Sous l’intitulé général «Articles non signés», nous lisons dans «Bulletin de naissance», p. 83 et suivantes, ces très éclairants extraits: «La portée politique immense de la guerre en cours, les exploits prestigieux des moudjahidine, les souffrances inouïes qu’avec un rare esprit de sacrifice le peuple algérien subit du fait de la soldatesque impérialiste avaient besoin d’être connus. Certes, la vérité sur les glorieux faits d’armes des nôtres transparaît à travers même les mensonges officiels français, les informations des journaux colonialistes et le désarroi du gouvernement français. [...] C’est donc là un besoin primordial auquel El Moudjahid dans sa présentation de fortune, essayera de donner satisfaction.» [...] Dès les premières lignes de l’opuscule, le lecteur apprend que «La Révolution a pris conscience de la nécessité de disposer de canaux d’information, afin de déjouer les plans de ses ennemis.»
- FÈS, MA MÉMOIRE de Latifa El Hassar-Zeghari, éditions JUBA, Alger, 2012, 250 pages: «[...] Avant d’aller plus loin, je dois reproduire, à l’intention du lecteur, quelques éléments biographiques concernant Mme Latifa El Hassar-Zeghari. Née à Fès, elle y a passé sa jeunesse. Après des études universitaires en France (titulaire d’un D.E.S. de Lettres classiques et d’un doctorat de littérature française), elle a enseigné à la Faculté des Lettres de Rabat (latin) puis, durant une vingtaine d’années, à la Faculté des Lettres d’Alger (français, latin et grec). De nationalité marocaine, elle a exercé un temps une fonction diplomatique à Alger. Passionnée de ce qui se rapporte au patrimoine, notamment maghrébin, elle a publié, entre autres études sur «les barbaresques», Les Captifs d’Alger (récit) à Casbah-Éditions, Alger, 2004. [...] Oui, le ton est donné par un premier chapitre frémissant d’émotions et de confidences, et doucement énigmatique: Le poudrier magique. C’est le début d’une histoire dont l’auteur Latifa El Hassar-Zeghari entend faire un roman. Un roman presque au sens étymologique; c’est-à-dire un récit à la façon des Romains par opposition aux Francs. Quelle époque! Mais il s’agit là d’une oeuvre narrative d’aujourd’hui, mêlant souvenirs, imagination, histoire, réalités complexes de la société marocaine, analyse de sentiments,… Ajoutons «autobiographie» mais «autobiographie mesurée».
- LA KABYLIE dans les écrits français du xixe siècle (Entre connaissances scientifiques et représentations idéologiques coloniales) de Habib-Allah Mansouri, ENAG-Éditions, Alger, 2011, 317 pages: «Mansouri a judicieusement pris en charge, afin de les explorer, de les exploiter, de les analyser, ces écrits français du xixe siècle et de conclure avec lucidité. À travers l’historique de la Kabylie au plus profond d’elle-même (Algérie: État des connaissances et conquête coloniale; La Kabylie telle que représentée par les auteurs français; L’organisation politique kabyle et fantasmes des colonisateurs), d’autres régions d’Algérie, nous apparaissent tout en insistant sur l’urgente nécessité de repenser notre façon de nous étudier, de nous analyser, de mieux nous connaître. [...] En dernier ressort, il faut reconnaître que Habib-Allah Mansouri, en publiant La Kabylie dans les écrits français du xixe siècle, exprime la pleine et sereine conscience de l’Algérien d’aujourd’hui de devoir remettre à l’endroit toute intelligence déniée, toute morale bafouée, toute oeuvre humaine renversée. Voilà un début de connaissance extrêmement utile à tous les Algériens «pour cerner l’image produite et reflétée par les écrits coloniaux»,
- LES ARCANES DE LA FINANCE ISLAMIQUE de Lachemi Siagh, Casbah-Éditions, Alger, 2012, 142 pages: «Dans un monde tourmenté par la crise économique, Les Arcanes de la finance islamique expliqués par Lachemi Siagh constituent un exemple de gageure gagnée, et d’autant que l’on entend beaucoup en Europe se lamenter de se voir obligés «de brader une partie du sol de la Patrie» et de s’interroger en ces termes: «Le pire est ailleurs: dépouillée de toute transcendance, la Civilisation occidentale a universalisé le culte du dieu argent. Est-il encore possible de parler de Civilisation (Pierre Jeanthon, chroniqueur)?»
- LES OMBRES ET L’ÉCHAPPÉE BELLE de Salima Mimoune, éd. L’Harmattan, Paris, 2011, 248 pages: «Quoi qu’il en soit, maintenant, il faut avancer autrement. Il faut du neuf, changer nos horizons en compagnie d’autres personnages, d’autres récits, nous donner un destin auquel croira la jeunesse algérienne d’aujourd’hui, un avenir réclamé par le coeur et la raison, un engagement pour la justice et la paix, le progrès et la liberté… Et pour la culture par le livre! Il n’y a pas de vraie vie à écrire sans écrire soigneusement algérien, sans émotion sincère pour les siens, sans remettre cent fois son ouvrage sur le métier.»
La Petite bibliothèque de l’été 2012 continue. À mercredi prochain.
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1 septembre 2012
Kaddour M'HAMSADJI