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De la crise et de son dépassement Par Mohand Bakir

22 août 2012

Maâmar FARAH

Contribution : 

Non M. Farah, il y avait bel et bien — et il y a toujours — trois camps. La crise du système d’Etat algérien dévoile l’antagonisme historique entre deux projets de société ; mais les tentatives de réponses, en concurrence pour la solutionner, sont au nombre de trois. Il n’y a pas lieu de confondre les constituants de la crise et ses protagonistes pour assurer la défense d’un chef de l’armée.
Une réponse rétrograde, totalitaire et théocratique : celle de l’islamisme conquérant. Avec ses afghans. Ses capos qui promettaient aux Algériens le changement de leurs habitudes culinaires et vestimentaires. Avec son impatience à ériger des potences sur les places publiques, et ses promesses de purification massive et génocidaire. Cette réponse n’a, d’ailleurs, pas attendu «l’arrêt du processus électoral» pour lancer son offensive, Guemmar, après Telegh, Blida et Hassi Messaoud avaient montré, s’il le fallait, la centralité de la violence dans cette réponse. Elle traduit avec conséquence le projet théocratique qui se promet de cultiver tout ce qu’il y a de conservatisme, d’achaïsme et d’intolérance dans notre société. L’autre réponse, marécageuse, bâtarde, amalgame difforme des inconséquences politiques. Son seul ciment : la sauvegarde de l’oligarchie bureaucratique et la consolidation de sa mainmise sur l’Etat et ses institutions. Concordiste, «ententiste», sans véritable identité propre, ni islamiste ni moderniste, ce qui la disqualifie de la prétention à se poser en projet, elle a longtemps nourri l’illusion qu’elle s’attelait à la modernisation de notre société et a, en permanence, fait le lit de l’obscurantisme, lui concédant l’école — un Kharroubi valant mieux qu’un Lacheraf — et assurant son ascendant sur la culture et la spiritualité. Nous avons bien hérité du très cathodique El Ghazali et banni Mohamed Arkoun ! La troisième proposition de réponse, celle de l’opposition démocratique : ambitionnant la rénovation et la reconstruction du projet national sur des bases démocratiques, républicaines, d’ouverture sur le monde et de prolongement de ce qu’il y a de meilleur dans nos traditions. Un projet de construction de la citoyenneté et des libertés. L’islamisme s’est attelé à l’éradication du pôle moderniste et à l’affaissement des institutions de l’Etat républicain. Le marécage bureaucratique a tout fait pour contenir la résistance de la société dans les limites qui assurent sa propre survie. Que n’a-t-on vu de listes sur les frontons des mosquées, légitimant par avance la liquidation de notre intelligentsia. Djaout, Boukhebza, Guenzat, Matoub, ou Boucebsi ! L’éradication se promettait implacable et systématique. Le système, qu’il ait dialogué à Alger ou à Rome, a travaillé à la marginalisation des forces modernistes. «Laïco-assimilationnistes » ou communistes. L’audace a été poussée jusqu’à les taxer d’«éradicateurs», alors que c’est elles-mêmes qui étaient objet d’éradication par le terrorisme islamiste ! Cette ligne politique anachronisme a été inaugurée par le silence criminel au sujet de l’attaque de Guemmar, et confirmée par le brutal barrage opposé à la démarche du président Boudiaf. Le summum de cette politique sera l’accord secret AIS-DRS qui cadre la politique du pays aujourd’hui. Le fait que M. Farah, et les patrons de presse — puisqu’il les implique — avaient besoin, en 1992, de prophéties pour s’engager dans la défense de la patrie témoigne que, pas plus en 1992 qu’aujourd’hui, ils n’ont une compréhension et une lecture correcte de la crise qui frappe l’Algérie. C’est aussi l’explication de leur candide croyance en le mensonge du dépassement de la crise. M. Farah devrait relire l’édito de Djaout, «La famille qui avance, la famille qui recule », pour se rafraîchir la mémoire sur la saisissante précocité du «dialoguisme» du pourvoir. Aujourd’hui, la vraie question c’est de savoir si l’Algérie a résorbé sa crise et si c’est le cas, dans quel sens elle l’a fait ? Celui de l’islamisation théocratique ? Ou celui de la rupture républicaine et démocratique et de la liquidation de l’oligarchie bureaucratique et des clergés islamistes. Reformulons la question : l’intervention de l’armée a-t-elle été autre chose qu’une option qui reporte le voyage sans retour du pays ?
M. B.

RÉPONSE
Quand je dis qu’il y a avait deux camps, je parle du moment précis où il fallait choisir entre le «voyage sans retour» et l’ultime possibilité d’empêcher notre pays de tomber entre les mains des Talibans. Je persiste et signe : il n’y avait pas trois camps. La preuve : les démocrates, les républicains et tous les citoyens épris de liberté et de démocratie avaient soit directement participé au redressement de janvier 1992 (Benhamouda n’était pas un militaire !) soit applaudi des deux mains l’intervention de l’armée. Vous faites une confusion entre la réalité qui existait en janvier 1992 et qui ne laissait pas beaucoup de choix aux patriotes et tout ce qui est venu après et que nous pouvons considérer comme une série de trahisons puisque nous avons parfois l’impression que les sacrifices de Djaout et de tous les autres n’auront servi à rien. Quant aux prophéties, personne n’en avait besoin. J’ai parlé d’une simple évaluation faite par les gens concernés qui devaient certainement redouter la violence et la barbarie de ceux qui avaient commencé à tuer à Guemmar et qui s’entraînaient déjà dans les forêts et les plages. La question qu’il faut se poser aujourd’hui serait plutôt : oui ou non, fallait-il passer à l’action tout en sachant que cela provoquerait la mort de beaucoup d’Algériens ? La survie de la République valait-elle ces sacrifices, oui ou non ? Ni moi ni les patrons de presse n’étions impliqués dans la prise de ces décisions. J’ai dit dans l’article que vous citez que c’est à l’histoire de juger les hommes qui ont agi pour le salut de l’Algérie républicaine. C’était vu comme ça à l’époque. Enfin, permettez-moi de vous poser une question : étiez-vous contre l’intervention de l’armée ou pour la poursuite du processus électoral ? Il n’y pas trois réponses…
M. F. 

Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/08/22/article.php?sid=138164&cid=41

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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