Mais que nous veulent-ils donc ces Suisses à travers la cabale Nezzar ? Ce round-ci, les hostilités viennent du tribunal pénal fédéral suisse qui, d’après sa décision du 25 juillet 2012 a ouvert une instruction du chef de crimes de guerre à l’encontre de A., né le 27 décembre 1937, ressortissant algérien, ancien général major de l’armée algérienne et ancien ministre de la Défense.
Selon la dénonciation, A. aurait commis des crimes de guerre dans le cadre du conflit interne algérien. L’ex-général major A. occupait le poste de ministre de la Défense et a été membre de la junte au pouvoir après le coup d’Etat de 1992, année qui a marqué le début d’une guerre civile durant laquelle le pouvoir en place se serait servi de la torture et des exactions extrajudiciaires». Voilà pour les faits. Quant au droit, il y a une formule latine, née pour être exclusivement invoquée, quand la cause défendue se trouve être immorale ou bien que l’objet du contrat ait été vicieux et abusif. Il s’agit de la règle : «Nemo auditur propriam turpitudinem allegans, qui, traduite en français, donne cet adage consacré : «nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude». Alors, première observation, messieurs les juristes, les spécialistes, les praticiens du droit au tribunal pénal fédéral, reniflez-vous et humez vos odeurs. Dans cette décision du 25 juillet 2012, la cour des plaintes du tribunal fédéral parle de crime de guerre, qui aurait marqué les débuts du conflit interne algérien, et du coup d’Etat de 1992. L’emploi du conditionnel, l’amalgame dans les concepts, tantôt c’est la guerre tout court, tantôt cette guerre est qualifiée de civile, et en dernier, ces juges parlent de junte, de coup d’Etat et de conflit interne. Cette façon de procéder renseigne sur le mélange des genres, la confusion des normes et sur le sérieux de ceux qui sont mandatés par le peuple suisse pour dire le droit et rendre la justice afin que la vérité se manifeste. Par ailleurs, dans la même décision, il est question de dénonciation, c’est-à-dire d’un acte destiné à alerter la communauté de faits jugés ou ressentis comme répréhensibles, tels les abus ou bien les crimes. Au pays siège des organisations internationales, on procède toujours et encore par lettre de cachet, ces oukases autorisant l’incarcération sans jugement, l’exil ou bien l’internement de personnes jugées indésirables par le pouvoir en place. Cette attaque concerne le général major Khaled Nezzar, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Ce respectable monsieur est un soldat, il maîtrise toutes les règles de l’attaque et possède toutes les techniques de la défense. Pour ce qui concerne les arcanes et les subterfuges de la vie civile, étant enfant du peuple, il saura les contourner dès l’apparition de l’écueil. Il saura, comme il le faut, dans cette affaire, se défendre. D’ailleurs et selon les termes mêmes de la décision de la cour des plaintes du 25 juillet 2012, durant toute la procédure, il avait fait montre de sa bonne foi en coopérant avec la justice helvétique pour qu’émerge la vérité, ce qui le grandit et l’honore. Cependant, au-delà de cette affaire qui n’en est pas juridiquement une, Khaled Nezzar avait obtenu ses galons de général, après de bons et loyaux services accomplis au sein de l’une des plus prestigieuses institutions algériennes qu’est l’Armée Nationale Populaire. Alors, ce tribunal pénal fédéral suisse, par le biais des juges de sa cour des plaintes, viserait-il à porter atteinte à cette institution ? Si cette armée est populaire, ce n’est pas le fait du hasard. Et sans détour, ces magistrats suisses visent à porter préjudice, en dernier ressort, au peuple algérien.
Sur les faits qui lui sont reprochés, il faut que le monde entier sache que Khaled Nezzar était en service commandé au nom de la République Algérienne Démocratique et Populaire et pour la protéger contre tous les périls, dans le cadre des dispositions de sa Constitution, de ses lois et de ses règlements. Donc, sur quoi ce pouvoir juridictionnel de ce tribunal suisse est-il fondé ? J’invite les juristes de mon pays à répondre à cette interrogation. Et je demande à ceux de première année de droit, de s’essayer, juste pour rigoler, à l’exercice du commentaire d’arrêt de cette décision de la cour des plaintes suisse. Une saison on nous sort le droit d’ingérence humanitaire, une autre on invente des crimes de guerre, là où ils n’ont jamais existé et, enfin, ces messieurs dames veulent imposer à des peuples libres et indépendants, la démocratie par la force des armes et par la guerre. N’ont-ils pas encore mesuré les dégâts de leur dégénérée aventure et les ravages de leurs soldatesques, en Irak, en Egypte, en Libye, en Tunisie et ailleurs ? Messieurs dames étasuniens et ceux d’Europe, on se demande de quel côté est commis le crime de guerre et dans quel bord est perpétré le crime contre l’humanité ? Ces techniques et ces théories nébuleuses et leur mode d’emploi se fabriquent dans leurs laboratoires et sont expérimentées chez nous. Le choc des civilisations, ou bien la refondation de l’ordre mondial, et l’innommable qui tue qui, participent de cette démarche macabre.
Cela avait commencé dès le début du XIXème siècle qui avait vu la course des Etats européens industrialisés à l’expansion colonialiste dévastatrice. Pour rester dans l’ambiance helvétique, on nous dit souvent que la Suisse n’a jamais possédé de colonie, ni eu des possessions outre mer, et que la Suisse n’a jamais été associée au fait colonial.
C’est une occultation de l’histoire, c’est un grossier mensonge, car le pays des Helvètes en a eu et beaucoup. Sur presque tous les continents de la Terre, et selon différentes formules. Et pareillement pour demeurer dans l’espace algérien, je cite la Compagnie Genevoise des Colonies Suisses. Ce nom est assez clair et évocateur pour demander à être explicité. Il porte en lui ses méfaits et sa malfaisance : les colonies suisses. La compagnie genevoise est une société de colonisation en Algérie, qui s’était implantée sur les meilleures terres fertiles de Sétif et de sa région. Elle avait été créée par des hommes d’affaires, les banquiers suisses, François Auguste Sautter de Beauregard et sont frère cadet, Charles Louis Sautter,en 1853. Napoléon III, l’initiateur du royaume arabe en Algérie, qui avait séjourné durant son exil en Suisse et qui avait été aidé par ces argentiers, leur concéda par un décret du 26 août 1853, 20 000 hectares de terre dans la région céréalière de Sétif, soit un espace représentant 80% de la superficie du canton de Genève. Cette colonisation suisse d’une partie de l’Algérie prit fin en 1956. La compagnie des colonies suisses fut expropriée et reprise par l’Etat français. Entre-temps elle avait étouffé la ville de Sétif et disloqué son tissu social. Ce sont des Algériens, réduits à la servitude, qui avaient parcouru des milliers de kilomètres derrière les charrues et tous les autres mécanismes de labourage, pour que les colons suisses puissent exporter du blé et engranger d’énormes bénéfices. Ce sont également des générations d’Algériens qui avaient consumé leur jeunesse et arrosé de sang et de sueur les champs de blé, sur les hautes plaines de Sétif, sous la contrainte, pour que les colons suisses fassent fortune. Ecoutons ce que disent les banquiers promoteurs de la colonisation suisse de l’Algérie, sollicitant l’intervention du sinistre général de Saint-Arnaud, qui avait enfumé jusqu’à ce que mort s’ensuive 500 Algériens dans une grotte près de Ténès, le 8 août 1845. « Nous avons pensé, Monsieur le Ministre, que le gouvernement français serait peut-être disposé à une colonisation de ce genre en Algérie. Et, en conséquence, nous prenons la liberté de vous faire cette ouverture, en vous priant de vouloir bien nous faire connaître si vous trouveriez en effet convenance à consacrer un vaste territoire salubre fertile et non exposé aux attaques des Arabes, à une colonisation de ce genre à la tête de laquelle nous sommes disposés à placer en Suisse, et qui nous paraît être une oeuvre essentiellement utile». À ce propos, Charles André Julien, dans son livre, histoire de l’Algérie contemporaine, éditions PUF, 1964, page 408, dit : «La compagnie libre de tout contrôle, elle agit en seigneur féodal devant la volonté de qui tout doit plier. Elle put exiger des travailleurs indigènes plus de 100% sur les prêts pour avance de semences. Elle créa aux métayers arabes un état voisin du servage». Plus encore, pour confondre ceux qui se targuent d’être les chantres de la défense de supposés droits de la personne humaine, à partir des bords du lac Léman, je citerai Micheline Calmy-Rey qui fut conseillère fédérale et responsable du département fédéral des Affaires étrangères de 2003 à 2011. Elle affirme ceci : «Oui, la Suisse a participé, directement ou indirectement, à la traite négrière et à l’esclavage. La Suisse n’est ni meilleure ni pire que ses voisins, aussi ne peut-elle plus se draper dans un habit de pureté». Ces propos sont rapportés par Thomas David, Bouda Etemad, Janick Marina Schaufelbuehl, dans leur ouvrage : «La Suisse et l’esclavage des Noirs», publié en 2005 chez Antipodes Lausanne. Dans lequel ils affirment : «Au total les Suisses auraient directement ou indirectement contribué à la déportation de quelque 175.000 Noirs vers les Amériques». Oui messieurs dames les Helvètes, vous avez été esclavagistes, et du propre aveu du ministre suisse des Affaires étrangères. Je vous annonce que la réduction à l’esclavage d’autrui est un crime contre l’humanité, prévu par l’article 7 du statut de Rome en son point C, et qu’il est sanctionnable par la Cour Pénale Internationale. Messieurs les Suisses, vous avez, entre 1830 et le début de la Seconde Guerre mondiale, exposé et proposé au public suisse environ 200 villages nègres, des zoos humains et autres exhibitions exotiques à relents xénophobes.
Ces attractions, qui s’inscrivaient dans le cadre des foires d’expositions, des parcs, des zoos ou des jardins attenants à des restaurants, ont connu un gros succès populaire. L’historien suisse Patrick Minder affirme dans son livre : La Suisse coloniale, publié en 2011, que : «Ces exhibitions étaient très courues. Elles rapportaient de l’argent». Par ailleurs et toujours dans le même registre, la revue historique neuchâteloise, dans son numéro de l’année 2000, rapporte sur le village nègre du Parc de Plaisance de l’exposition nationale suisse de Genève de 1896 ceci : « Le Village nègre est moins imposant dans sa construction, mais représente tout de même, selon plusieurs commentateurs de l’époque, l’attraction majeure de cette partie de l’exposition placée sous le signe du divertissement. L’intérêt ethnographique est en réalité la voie par laquelle on diffuse les théories de la hiérarchie des races, appuyée sur les caractéristiques physiques. Ainsi, le Journal de Genève du 11 mai 1896, rapporte : «Tout d’abord les Ouolofs, la race la mieux douée physiquement et intellectuellement; ils ont les traits du visage d’une grande régularité et l’expression en est assez douce; ils apprennent très facilement les métiers et deviennent de bons ouvriers. Les Dhiolas et les Balantes semblent être les débris de nations puissantes, ils vivent cependant dans une complète anarchie, pratiquant encore le culte des fétiches; leurs traits sont grossiers. Leur principal défaut, ou du moins le plus apparent, est une mendicité sans retenue. Les tout petits sont presque nus, et c’est fort joli de les voir s’ébattre au soleil, dont les chauds rayons les mettent en gaîté et font reluire leur belle peau bronzée. Les indigènes sont montrés comme des vestiges des premiers états de l’humanité. Les descriptions et commentaires oscillent entre l’exposé pédagogique de scientifiques ethnocentriques, la condescendance moralisatrice de bourgeois bien-pensants ou la curiosité amusée, mais véhiculent toujours les préjugés racistes de l’époque». Tout ce noir passé, et je n’en ai pas encore terminé, n’exclut pas qu’il y ait eu des Suisses humanistes, dont le plus distingué fut Henri Dunant. Il participa à Genève à la fondation du Comité international de secours aux militaires blessés, baptisé en 1876 du nom de Comité international de la Croix-Rouge. Il sera le premier lauréat du premier prix Nobel de la Paix qu’il obtient en 1901. Il est considéré comme étant le fondateur du mouvement de la Croix-Rouge internationale.
Cependant, avant cette gloire, monsieur Dunant aura fourbi ses premières armes d’homme d’affaires en Algérie en 1858, au service, justement, de la Compagnie genevoise des colonies suisses. Il créa ensuite sa propre compagnie : la société financière et industrielle des moulins de Mons Djemila, près d’El Eulma, où il exploita de grandes superficies de bonne terres arables, confisquées aux fellahs algériens, avec dépossession, dislocation des structures et liens tribaux et de déplacements de populations. Cependant, doit-on jeter le bébé avec l’eau du premier bain. J’espère que ces Suisses qui nous en veulent, intelligents comme ils sont, auront vite fait de faire le parallèle avec ce qu’ils reprochent, par le biais de leur tribunal pénal fédéral, au général major Khaled Nezzar. Même si, ni les degrés, ni les conséquences, encore moins les analogies, ne sont comparables. Cet officier général de l’armée algérienne avait, 35 ans auparavant, participé à la libération du pays et avait été appelé une deuxième fois, dans les années 90, pour défendre l’Algérie telle qu’entendue par la déclaration du 1er Novembre 1954, dont les principaux buts sont : l’Indépendance nationale par : la restauration de l’Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques. Et le respect de toutes les libertés fondamentales sans distinction de races et de confessions. Le général major Khaled Nezzar, tous les djounoud, tous les sous-officiers et tous les officiers de sa génération, et particulièrement les janviéristes d’entre eux, avaient été les piliers et la force vive de l’Armée de Libération Nationale. Ils avaient pour beaucoup d’entre eux 20 ans et moins, quand ils formèrent le noyau agissant d’une armée algérienne révolutionnaire de naissance. C’est-à-dire, une force populaire née contre un ordre établi, pour le révolutionner, l’ébranler et le bouleverser. Elle était née contre la colonisation de peuplement de l’Algérie, et contre tout ce qu’avait provoqué et entraîné ce genre de colonisation, le plus violent d’entre tous, sur les Algériens autochtones. Ces jeunes-là se sont battus, quand, au bord du lac Léman, on inventait et invoquait la neutralité, mais entendue comme une absence d’implication pouvant s’expliquer par une attitude de passivité ou une complicité de fait. Sinon comment expliquer la panique dans tous les milieux politiques et à travers toute la corporation des banquiers suisses, quand en 1996 le gouvernement britannique publiait un rapport sur l’or nazi, et le violent séisme qui ébranla la place financière helvétique, de tout temps imperturbable. Le rapport britannique indiquait que 90% du magot nazi, estimé à 500 millions de dollars de 1996, l’équivalent de 5 milliards de francs suisses, demeure entreposé dans les chambres fortes des banques suisses. A l’époque toute la presse européenne s’était posée la question suivante : La Suisse a-t-elle été le receleur de Hitler et de sa politique de pillage systématique ? En tout état de cause, le monde entier fut convaincu du rôle de machine à blanchir suisse. Les preuves irréfragables étaient là.
Le quotidien français Libération, daté du 02 décembre 1997, reprenant le rapport Eizenstat, dit ceci : «Le pillage massif et systématique de l’or dans les pays occupés et des victimes du nazisme n’était pas une opération laissée au hasard : elle était essentielle au financement de la machine de guerre allemande. Parmi les pays neutres, la Suisse fut le principal banquier et intermédiaire financier des nazis ». Avant de dévoiler et d’expliquer à ses lecteurs, le mode d’emploi, que voici : «Paul Rossy, vice-président de la BNS, la Banque nationale suisse, a une idée de prestidigitateur : transformer de l’or allemand en or suisse. Une parfaite opération de blanchiment qui se concrétise par des opérations triangulaires : Hitler livre contre des francs suisses de l’or volé, puis paie avec ces devises les matières premières stratégiques en provenance de Turquie, du Portugal, d’Espagne.
Ces pays vendent ensuite leurs francs suisses contre de l’or porteur d’un certificat d’origine suisse. Ils se voient ainsi délivrés de toute critique alliée : ils peuvent prétendre n’avoir fait qu’acheter de l’or à la Suisse. Ils sont blanchis : le tour de passe-passe a réussi». Le rapport Eizenstat, du nom du sous-secrétaire d’Etat américain au Commerce, commandé par Bill Clinton et publié en 1996, traite des relations financières entre la Suisse et l’Allemagne nazie, ainsi que de la politique des Suisses envers les réfugiés pendant la Deuxième Guerre mondiale. Il reproche à la Suisse d’avoir été le banquier et le fournisseur principal des nazis. Il adresse cette critique à la Suisse : Elle aurait dû être au courant que l’or, accepté en guise de paiement, était un or volé. Il critique la Suisse pour avoir profité financièrement de la guerre et de sa neutralité. Il accuse la Suisse de s’être comportée d’une manière immorale. La neutralité de la Suisse est considérée, par le rapport américain, comme une forme de collaboration. Après avoir fait la sourde oreille, et après avoir louvoyé, les autorités suisses acculées, répondirent aux accusations du rapport Eizenstat, en publiant le 22 mars 1997, la Déclaration du Conseil Fédéral au sujet du rapport Eizenstat, qui dit en substance ceci : «Le fait que la Suisse ait commercé tant avec les puissances de l’axe qu’avec les alliés était une question de survie politique et économique du pays. Or, il est également exact que, dans ses activités avec l’axe et avec les alliés, l’économie suisse avait veillé à ses propres intérêts aussi ; et ce faisant, s’était livrée également à des affaires douteuses dont ne dépendait pas la survie de la Suisse». Avant de terminer par cette formule, sur le volet économique du rapport : «L’affirmation selon laquelle la Suisse a été le banquier de l’Allemagne nazie relève d’un jugement en bloc. Une critique justifiée est, par contre, celle qui porte sur des transactions financières douteuses. Mais, là aussi, une analyse plus globale montrera aisément que la place financière suisse ou la Banque Nationale Suisse n’ont pas entretenu des relations étroites avec l’Allemagne uniquement à partir du moment de la prise du pouvoir par les nazis. L’Allemagne, pays voisin, a toujours été et continue d’être un partenaire économique d’importance primordiale.
Dans le même contexte, les relations économiques avec les Alliés étaient, pour les mêmes motifs, aussi intenses». Par-delà l’ambivalence et l’ambiguïté de ce discours fortement élusif, il est à se demander si l’outrecuidance, la concupiscence et la cupidité ne sont pas des usages pratiqués dans la Confédération, depuis longtemps, sans morale, sans pudeur, ni éthique quelconque. Oui, parce que plus près de nous, bis repetita, ces référentiels suisses avaient refait surface et avaient été servis durant l’affaire, dite crise diplomatique, entre la Suisse et la Libye. A la mi-juillet 2008, Hannibal Kadhafi et son épouse, l’actrice libanaise Aline Skaf, enceinte de 9 mois sont inculpés pour : Lésions corporelles simples, menaces et contraintes sur leurs domestiques par le tribunal cantonal de Genève. La femme fait un malaise et sera évacuée à l’hôpital universitaire de Genève. Le fils de Kadhafi passera deux nuits en détention préventive, et sera libéré, contre une caution de 500 000 francs suisses. Maâmar Kadhafi comprit l’humiliation et fut extrêmement touché par l’atteinte à son honneur propre. Il piqua une grosse colère et ne se retint plus. Il fit arrêter deux ressortissants suisses se trouvant en Libye, il stoppa net ses livraisons de pétrole à la Confédération helvétique. Il retira ses avoirs, estimés à entre 5 et 7 milliards de dollars US des banques suisses. Enfin, et cerise sur le gâteau, il demanda même à l’assemblée générale de l’ONU, dont la Libye assurait la présidence, en déposant une requête, que la Confédération suisse soit démantelée. Il proposait d’attribuer la Suisse alémanique à l’Allemagne, la Suisse romande à la France et le Tessin à l’Italie. Bien sûr, cette farfelue demande fut rejetée par l’assemblée générale.
Mais encore une fois, pour corroborer les référentiels helvétiques notés plus haut. Le 20 août 2009, le président de la Confédération suisse, Hans-Rudolf Merz, se rend en Libye, pour présenter les excuses officielles de la Confédération suisse concernant : L’arrestation injuste d’Hannibal Kadhafi». Monsieur le Président de l’illustre et neutre Confédération assurait qu’il n’y avait pas d’autre solution, eu égard à la détérioration inexorable de la situation. Soit. Mais que fait la Suisse officielle, qui abrite à Genève le siège du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, et que fait son président, des droits de la Tunisienne et du Marocain, les domestiques torturés par le couple Kadhafi dans un hôtel de Genève ? Ces souffre-douleur ont, purement et simplement, été obligés et contraints de retirer leur plainte. Et la Suisse officielle y est pour quelque chose, plutôt pour l’essentiel faudrait-il dire. Puisque le procureur du canton de Genève avait abandonné les poursuites, devenant ainsi le complice d’une atteinte flagrante et qualifiée aux droits premiers de la personne humaine. Il a enfreint l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, qui interdit la torture, les traitements cruels, inhumains ou dégradants. Il a violé, ce faisant également, l’article 3 de la Convention européenne des Droits de l’Homme. Et il a transgressé l’article 5 de la Déclaration universelle de Droits de l’Homme qui énonce : Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants». Mais, finalement, à quoi joue la justice suisse ? Quand deux personnes sont réellement torturées, elle abandonne les poursuites, pour des raisons honteuses, corrompues et déshonorantes.
Alors que dans le cas de l’affaire montée contre général major Nezzar, la cour des plaintes du tribunal pénal fédéral considère au point 1.2.2 de sa décision du 25 juillet 2012 que : «Le ministère public confédéral a ouvert son enquête car, à la lumière des dénonciations qu’il a reçues, il a conclu à l’existence de soupçons suffisants lui permettant de penser que les infractions tombant sous le coup des titres 12 bis et 12 ter du code pénal ont été perpétrées». La justice suisse se démène et se met en branle en cas de soupçons, d’un côté, et de l’autre, commet un déni de justice avilissant et prive de pauvres domestiques d’un procès, quand il s’agit d’une certitude. Messieurs les Suisses, sachez qu’en français, qui est une langue officielle de votre pays, le mot soupçon est le parfait antonyme du mot certitude. On ne peut prétendre à la neutralité quand, par le biais de son appareil judiciaire, on procède par une chose et par son contraire en même temps. Quant à cette ONG de 14 membres, d’apprentis chasseurs de primes, en mal de reconnaissance et qui prennent leurs fantasmes pour des réalités Track Impunity Always, alias Trial, auteure de cette dénonciation, étant suisse, ses animateurs ne peuvent culturellement échapper au cadre référentiel helvétique que j’ai décrit plus haut, sur la base de documents suisses, pur sucre, j’allais dire pur cacao. Elle devrait plutôt s’intéresser à ce qu’il s’est passé et à ce qui se passe encore comme atteintes aux droits de la personne humaine, en Suisse et par le fait de Suisses. Car chez nous, la première phrase du préambule de la Constitution algérienne dit ceci : «Le peuple algérien est un peuple libre, décidé à le demeurer». C’est dans cet esprit et selon sa lettre que le général major Khaled Nezzar et ses compagnons avaient agi, et dans un cadre strictement légal, pour sauver la République et mettre à l’abri la démocratie en Algérie. Les officiels algériens sauront, sans doute, répondre conformément aux usages civilisés et dans les formes appropriées de l’élégance, au tribunal pénal fédéral helvétique, à sa cour des plaintes et aux officiels suisses au plus haut niveau, pour mettre, dans la sérénité, fin à cette cabale. Le peuple algérien saura, lui, dans sa grande histoire, faire place honorablement méritée aux sauveurs de l’Algérie, Khaled Nezzar et tous ses compagnons, les vivants et ceux disparus, auxquels est ici humblement rendu l’hommage seyant.
16 août 2012
Abdelkader Leklek