Culture : Le coup de bill’art du Soir
«Il ne faut rien faire», tel semble être le credo de certains. Aussi, les voilà, une loupe à la main, en train de chercher toute personne qui fait, crée ou fait quelque chose de bien.
Le film El Gusto de Safinez Bousbia n’a pas échappé à leurs «scies» bien aiguisées. Des gens qui visiblement n’ont pas vu les deux films jugent qu’ El Gusto est une pâle copie de Buena Vista Social Club de Wim Wanders. La question de l’origine du chaâbi n’a pas encore été tranchée. Ainsi, il y a ceux qui disent que c’est M’hamed El Anka qui a créé ce genre musical et ceux qui disent que d’autres l’ont précédé et que lui-même allait voir des soirées d’autres cheikhs du chaâbi. Dans le film El Gusto, on voit El Hadi, le fils d’El Anka, donner sa version, sans plus. Safinez Bousbia donc n’a pas «déformé» l’histoire du chaâbi. Elle n’a pas aussi dit que ce sont les Juifs qui avaient créé le chaâbi. Nous avons lu, quelque part, que «la musique que chantaient Lili Labassi, Robert Castel, Lili Boniche et les autres de confession judaïque n’est pas du chaâbi». Les Juifs, comme tous les autres peuples, chantaient différents genres et styles musicaux. Va-t-on jusqu’à dire que ceux d’entre eux qui étaient dans la classe de Hadj M’hamed El Anka au Conservatoire d’Alger ne faisaient pas du chaâbi. Dans la foulée, certains ont critiqué aussi l’orchestre El Gusto en estimant que la musique qu’il joue n’est pas «du vrai chaâbi». El Anka, en son temps, a été un innovateur en donnant un air de jouvence à la musique andalouse. Mahboub Bati plus tard a fait la même chose en composant ce qu’on appelait des «chansonnettes » pour Boudjemaâ El Ankis et El Hachemi Guerrouabi notamment. Certaines de ces chansons considérées «aâsri» (moderne), à l’époque, sont devenues aujourd’hui des classiques du chaâbi. L’orchestre El Gusto est constitué de dizaines d’éléments. C’est vrai que parfois il y a une certaine innovation dans les arrangements musicaux. Mais être «ankaoui» n’est-il pas, justement, avoir l’esprit d’innovation d’El Anka ?
K. B.
bakoukader@yahoo.fr
16 août 2012 à 17 05 20 08208
Lhadj M’Hamed El Anka, de son vrai nom Aît Ouarab Mohamed Idir Halo né à Alger le 20 mai 1907, est un grand maître de la chanson Chaâbi.
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16 août 2012 à 17 05 21 08218
Enfance
Hadj M’Hamed El Anka né le 20 mai 1907 à la Casbah d’Alger, précisément à la rue Arbadji Abderahmane (ex rue Marengo) et grandit dans une maison au 4 rue de Tombouctou, au sein d’une famille modeste, originaire de Taguersifth Freha (wilaya de Tizi-Ouzou) Kabylie. Son père Mohamed Ben Hadj Saîd, souffrant le jour de sa naissance, dut être suppléé par un parent maternel pour la déclaration à l’état civil. C’est ainsi que naquit un quiproquo au sujet du nom patronymique d’El Anka. Son oncle maternel se présente en tant que tel; il dit en arabe « Ana Khalo » (Je suis son oncle) et c’est de cette manière que le préposé inscrivit « Halo ». Il devient alors Halo Mohamed Idir.
Sa mère Fatma Aït Boudjemaâ était attentive à son éducation et à son instruction. Entre 1912 à 1918, il fréquente trois écoles : une école coranique (de 1912 à 1914),l’école Brahim Fatah (à la Casbah) de 1914 à 1917 et une autre à Bouzaréah jusqu’en 1918. Quand il quitte l’école définitivement pour se consacrer au travail, il n’avait pas encore 11 ans.
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16 août 2012 à 17 05 23 08238
Carrière musicale
C’est sur recommandation de Si Said Larbi, un musicien de renom, jouant au sein de l’orchestre de Mustapha Nador, que le jeune M’hamed obtenait le privilège d’assister aux fêtes animées par ce Grand maître qu’il vénérait. C’est ainsi que durant le mois de Ramadan de l’année 1917, le cheikh remarque la passion du jeune M’hamed et son sens inné pour le rythme et lui permit de tenir le tar (tambourin) au sein de son orchestre. À partir de là, ce fut Kehioudji, un demi-frère de Hadj Mrizek qui le reçoit en qualité de musicien a plein temps au sein de l’orchestre qui animait les cérémonies de henné réservées généralement aux artistes débutants.
Après le décès de cheikh Nador à l’aube du 19 mai 1926 à Cherchell, ville d’origine de son épouse ou il venait juste de s’installer, El Anka prit le relais du cheikh dans l’animation des fêtes familiales. L’orchestre était constitué de Si Saîd Larbi, de son vrai nom Birou, d’Omar Bébéo (Slimane Allane) et de Mustapha Oulid El Meddah entre autres. C’est en 1927 qu’il participa aux cours prodigués par le cheikh Sid AH Oulid Lakehal, enseignement qu’il suivit avec assiduité jusqu’en 1932. 1928 est une année charnière dans sa carrière du fait qu’il rencontre le grand public.
Il enregistre 27 disques 78 t chez Columbia Records, son premier éditeur et prit part aussi à l’inauguration de la Radio PTT Alger. Ces deux événements vont le propulser au-devant de la scène à travers tout le territoire national et même au-delà.
Le 5 août 1931, cheikh Abderrahmane Saîdi venait de s’éteindre. Ce Grand cheikh disparu, El Anka se retrouvera seul dans le genre mdih. C’est ainsi que sa popularité favorisée par les moyens modernes du phonographe et de la radio, allait de plus en plus grandissante. Dès son retour de La Mecque en 1937, il reprit ses tournées en Algérie et en France et renouvela sa formation en intégrant Hadj Abderrahmane Guechoud, Kaddour Cherchalli (Abdelkader Bouheraoua décédé en 1968 à Alger), Chabane Chaouch à la derbouka et Rachid Rebahi au tar en remplacement de cheikh Hadj Menouer qui créa son propre orchestre. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et après une période jugée difficile par certains proches du cheikh, El Hadj M’Hamed El Anka va être convié à diriger la première grande formation de musique populaire de Radio Alger à peine naissante et succédant à Radio PTT, musique populaire qui allait devenir, à partir de 1946, « chaâbi » grâce à la grande notoriété de son promoteur, El Anka.
En 1955, il fait son entrée au Conservatoire municipal d’Alger en qualité de professeur chargé de l’enseignement du chaâbi. Ses premiers élèves vont devenir tous des cheikhs à leur tour, assurant ainsi une relève prospère et forte, entre autres, Amar Lâachab, Hassen Said, Rachid Souki, etc. EI-Hadj M’Hamed El-Anka a bien pris à cœur son art: il a appris ses textes si couramment qu’il s’en est bien imprégné ne faisant alors qu’un seul corps dans une symbiose et une harmonie exceptionnelle qui font tout le génie créatif de l’artiste en allant jusqu’à personnifier, souvent malgré lui, le contenu des poésies qu’il interprète ; les exemples d’El-Hmam, Soubhane Ellah Yaltif sont assez édifiants. La grande innovation apportée par EI-Hadj El-Anka demeure incontestablement la note de fraîcheur introduite dans une musique réputée monovocale qui ne répondait plus au goût du jour. Son jeu instrumental devient plus pétillant, allégé de sa nonchalance. Sa manière de mettre la mélodie au service du verbe était tout simplement unique. À titre indicatif, El Hadj El Anka a interprété près de 360 poésies (qaca’id) et produit environ 130 disques. Après Columbia, il réalise avec Algériaphone une dizaine de 78 t en 1932 et une autre dizaine avec Polyphone.
Après plus de cinquante ans au service de l’art, El Anka animera les deux dernières soirées de sa carrière jusqu’à l’aube, en 1976, à Cherchell, pour le mariage du petit-fils de son maître cheikh Mustapha Nador et, en 1977, à El-Biar, chez des familles qui lui étaient très attachées. Il mourut le 23 novembre 1978, à Alger, et fut enterré au cimetière d’El-Kettar.
Notes et références
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