SAMO VERSION 2012 / LE TROU / -
Samia l’émigrée n’a, bien entendu, surtout pas raté le rituel précédant les vacances fructueuses en Algérie. Elle s’est, une fois de plus préparée durant onze mois à Paris- rapine à écumer soldes, brocantes, restos du cœur, vides greniers, dons caritatifs catholiques, musulmans, bouddhistes orthodoxes, pour amasser sape, breloques et broutilles et en faire cadeaux à ses hôtes du bled à l’occasion. Des babioles toujours forts appréciées d’autant que, chaque fois sans intérêt, sans usage, sans valeur , l’attrait de l’inutile par des hôtes parvenus au summum de l’ennui et qui adorent l’insolite : tire-bouchons de bouteilles à vinasse sous pression , fil à couper le fromage meule, cuillère double de fondue savoyarde , ouvre boîte de conserve de caviar d’aubergine , mini robe de mariée atrophiée du balcon et de la malle arrière ( T. 34) , bréviaire de l’homme honnête banané , maquillage pour vraies blondes, chaussures cirées à vie , tire-lait bonnet modèle mini minette T.36 ,sifflet soprano de scout de montagne , laxatif en suppos calibre 12/7 , statuette ming eunuque célibataire , cravate fluo de président ‘dégagé’ , babouches marocaines de sprint , talonnettes clodos-hongroises de nain de jardin , mode d’emploi scaphandre targui , maillot de bain ‘’Copacabana » libre service , chéchia double airbag, savonnettes mousse bio , cartes routières politiques en braille javanais, boîte conserve langue de belle mère sauce piquante , porte clés des champs de manœuvres, abonnement musée national du bazar des beaux arts, crème vaseline chienne fashion , banane rétractable du facteur, …
Inouï le succès du cadeau insipide, fait par Samo aux familles de nouveaux riches, anciens pauvres gens des hauteurs de la fameuse baie aux conteneurs. Là où sévit cette année de vacances la Samo, pas bête du tout, qui a compris le fonctionnement du nouveau monde ‘’de Al-djé’’ ( lire ‘Alger’, – dzayer ayant disparu depuis cinquante ans du paysage et du langage ) : khortisme et mythomanie . Grâce à quoi, Samo s’est faite coiffée, transportée, nourrie, vêtue, bichonnée sans débourser le moindre dinar. Ajouter les provisions de douceurs locales offertes et qui lui tiendront le ventre au retour à Paris, les longs soirs d’hiver et de déprime de la femme apparemment seule. Car divorcée à Paris avec droits aux alloc’ spéciales ‘’ femme isolée’’, remariée avec papa à Alger (‘‘fat’ha’’ ) pour le halal en avant toute ! . Quand il y en en a pour un …..
Zitouche le fils unique à Samo , celui qui avait déjà servi d’appât à l’escroquerie au mariage lors des vacances algéroises ( si l’on veut !) antérieures en 2011, arrive avec le dernier vol au prix du billet d’avion et troc : I.Pad à rotation axiale, un collier de chien perdu , un phone X44FRT à infras rouges….. Bref des joujoux qui affirment localement la richesse des rejetons d’illettrés blindés. Le petit rejoindra maman fin du mois à ‘’Elppiar ’’ (El-Biar) chez Titisse la grand’ muche, quatre vingt dix balais au compteur, qui continue à compter en douros sur ses doigts et, monologuer en dialecte antédiluvien avec l’anémié trilingue du J.T . Le petit Zitouche, lui, est demeuré provisoirement en France chez une copine, Zahia des caves h.l.m , péchée par Samo sur le marché de Montreuil, une toute jeune poulette affranchie de tout et rapide . Qui assumera à l’essentiel, momentanément le gîte et le couvert à Zitouche , en parasite doué et manipulateur . La fierté de maman, la gratte ! il n’y a pas de petites économies quand on provient de Toujdamourtiou, un bled encore plus loin que loin ….
Trou sombre et perdu lui aussi ce bled , que l’on a réussi pourtant à reconstituer trop rapidement en plus grand encore , à l’identique à Al-Djé ( Alger-Dzayer) . Concurrence qui explique le nouvel éloignement de Samo en terres d’exil peut-être hostiles, mais qui offrent l’énorme avantage de l’anonymat et pratique de l’effet de surprise …. dans toutes les positions .
Farid Talbi
15 août 2012
Farid Talbi