De retour au bercail à Alger , je m’en retourne le premier jour me couper les tifs chez Moh . En réalité pour actualiser mon parler dialectal. Dans la Aâssima où le vocabulaire populaire de l’informel illicite et la vulgarité pratique en expansion vertigineuse, modifient suivant le marché du maquignonnage ambiant, constamment le langage châtié de la culture conventionnelle de notre enfance. Évolution sémantique peut-être, mais tous les jours la dévastation du langage patrimonial. A l’exemple de la quête alimentaire insatiable des fameuses fourmis légionnaires amazoniennes qui croissent sur leurs propres déchets . Petites bêtes, énormes dégâts et fières avec çà ! . Bref, me voici chez Moh, le coiffeur débarqué et scotché en 1962 à Belcourt . Moh, celui là même qui continuait à relever le revers de son futal nettement au dessus de la chaussette jaune fluo , une fois sorti de chez lui à Belcourt . ‘’La bitoude ‘’! On a su la raison un jour de cette nostalgie grave, une cassette de la Rimiti parlant de jeune gazelle fougueuse mais fugueuse, et de vieux cœur conquérant mais calciné qui lui courait après sans l’attraper. Que de la zoophilie et bouffe au deuxième degré ! - Donc Moh, avouant la larme à l’œil que « dans sa prime jeunesse , en sortant de chez lui au bled , il avait à traverser, sur l’itinéraire vers l’école du village , un oued jamais tari des rejets de l’usine, l’obligeant à relever les revers du futal ». Depuis, il n’a jamais pu s’habiller autrement. Et quand il avait eu à éviter la crue au niveau de la ceinture ? Le « bourourou « , la honte pour sa femme Aouaouèche , une vraie algéroise par son père ( Mohand Idir Layachi Ben Houari ) , sa mère ( Mabroukia Bent Ould Daddahiou Sidi Berkahoum El Oudji ) et son futur beau-fils Omar, (M’barek El Hassentris Sidi Baba Bouli-Ghouti Hennayat‘s) haut placé, en plein houkouma . Donc Aouaouèche, capable de tétaniser par le verbe insidieux mille jeunes redresseurs du hizb unique , et militants, récalcitrants , analphabètes , à l’assaut de la kasma de Parti pris politique du coin ; la répartie intarissable et acerbe, le sens le plus tordu de la formule populaire, la Aouaouèche qui frise la méchanceté atavique .
Moh le coiffeur, s’enfichait royalement de ces défoulements oratoires, portées au paroxysme avec le retour d’âge précoce d’une moitié pleine de Aouiaouèche ,débordant de partout qui s’en était longtemps cru dispensée de la ménopause , torturée de dépit libidineux. Si le coiffeur Moh et néanmoins époux ne s’en formalisait pas, c’est parce qu’il le portait en permanence le futal relevé en question, par besoin de mâle assurance, d‘affirmation identitairedu douar, affiche rancunière .Même au lit le futal amputé… . La colère de Aouaouèche, une simple consolation illusoire dans le lot des rites anesthésiques, entre les mains manipulatrices, généreuses mais gracieuses de nos compagnes tôt ou tard vrais patronnes du gourbi. Tiens dans le registre ! Les godasses de Moh . Simplement déposées le soir, bien vues dans leurs effluves authentiques , devant la porte de la chambre. Dans un sens pointes ’entrant’ ou l’autre ‘sortant’ , pour prétendre ostensiblement , comme si le « taxi » conjoint se trouvait ou non « occupé » . Suivant la disposition des godasses, le programme ……….. . Tu parles ! bref un tas de codes oui .Mais bon nombre de fausses pistes pour tromper les intrus ou l’ animosité féminine retorse du voisinage et voisines en rade . Surtout distraire ces vicelards de pauvres gosses adolescents , instruits dans le déni absolu des actes naturels considérés comme honteux, assurant pourtant l’existence humaine et sa pérennité terrestre . Et après quoi tu demanderas aux gosses de gamberger sur les sujets philosophiques d’études perplexes, qui nécessitent l’esprit libre ! . Voilà que je redéconne encore.
Zappe !!! …..
Farid Talbi.
13 août 2012
Farid Talbi