Samedi, 11 Août 2012 09:50
LA CHRONIQUE DE ABDELHAKIM MEZIANI
Nassima l’Andalouse est de retour en ce mois de Ramadhan. Elle qui sait, sur des mélodies empruntées le plus souvent à la tradition citadine, remettre en scène les plus beaux poèmes soufis de l’Occident musulman.
Empruntant les sentiers lumineux tels que restitués par les œuvres de Mohiédine Ibn Arabi, l’émir Abdelkader et cheikh Ahmed Al Alawi, elle ne cesse de nous réconcilier avec notre spiritualité. Sa quête irréfragable de la connaissance et de la paix universelle en fait une interprète de qualité. Chacun de ses concerts intervient comme un événement.
Le fait qu’elle ait été choisie par le World Music américain pour se produire sur la prestigieuse scène de Carnegie Hall est loin d’être usurpé. De New York à Alger en passant par la ville d’Elkader dans l’Etat de l’Iowa, le bilan de cette attachante mezzo-soprano ne peut être que positif. à plus forte raison lorsque la musique et les arts en général constituent, soutient-elle avec détermination, des espaces de liberté où il est permis de s’affirmer, de s’assumer et d’entretenir un dialogue fécond avec les autres civilisations et les cultures du monde.
Il ne peut en être autrement pour l’Andalouse de la ville des roses surtout lorsqu’elle se considère comme étant une ambassadrice de la culture algérienne, porteuse d’un message de tolérance : « En chantant l’émir Abdelkader, je ne fais que dire que le monde ne peut avancer sans communion, sans respect des valeurs propres à chaque civilisation. Je dois cela aux valeurs universelles portées par mon peuple. Valeurs qui se sont traduites, aux yeux des Américains, par l’acte chevaleresque de l’émir Abdelkader ayant permis le sauvetage de 12 000 chrétiens en Syrie. » Chanter pour le seul plaisir d’interpréter un morceau ne l’intéresse nullement.
Studieuse autant que passionnée, elle tente de sortir des sentiers battus, d’innover, de surprendre son monde, de se surprendre. S’intéresser à la poésie soufie commande des recherches fastidieuses. Bien qu’elle ne soit pas mystique, elle considère que la quête de la connaissance n’est pas limitée dans l’espace. Ses déplacements au Pakistan, en Turquie et aux USA lui ont permis de s’enrichir sensiblement au contact de ses congénères.
Comme ce fut le cas à l’occasion de son duo avec une artiste lyrique américaine De grands moments d’émotion où l’assistance ne parvenait pas à contenir ses larmes. Les siennes aussi ruissellent lorsqu’elle est confrontée à l’ostracisme des clercs qui semblent l’ignorer, en Algérie comme en France. Ibn Hazm, le célèbre auteur de Le Collier perdu de la colombe, ne disait-il pas que « c’est parmi les siens que l’on se sent le plus seul » ?
A. M.
zianide2@gmail.com
11 août 2012
Abdelhakim Meziani