… NOIR ET BLANC…
Indépendamment des femmes enceintes et des enfants en vacances, des employés qui se font porter pâle pour éviter de mettre la main dans le cambouis, des invalides, des impotents, des smigards payés l’heure ou à la journée ou des travailleurs affiliés à la caisse en attendant un jour de passer comme tout le monde à la casse, la population d’Oran se divise en réalité en deux catégories bien distinctes : Les hittistes et les babistes. Les premiers, nous les connaissons pour les avoir souvent croisés au bas des immeubles. Ils ont sacrifié ce qu’ils avaient de plus cher au pays : leur dos pour soutenir les murs et les fondations des cités au cas où un parking ou une palissade seraient tentés de mettre les voiles et de se tailler. Mais il faut tout de même le reconnaître, la race des hittistes est en train de s’éteindre peu à peu, d’abord parce que la fonction n’est plus ce qu’elle était et a carrément changé, et ensuite parce que la nouvelle tendance est désormais au soutien des portes et des bab de préférence fermés. Vous le remarquerez peut-être un jour, mais à chaque fois qu’une porte d’administration est close à midi, soyez sûrs que deux files de babistes se forment avant quatorze heures des deux côtés du seuil, l’une pour les hommes et l’autre pour les femmes. Les P et T ont leurs babistes, les banques ont les leurs et même les mairies ont leurs abonnés. Le but de la manœuvre est simple : être le premier au guichet, se faire servir au plus vite et décamper rapidement. Mais à quel prix ? Au prix de deux chaînes, l’une à l’extérieur, sur le trottoir public, et l’autre à l’intérieur, ce qui n’est pas très intelligent… Mais peut-on parler d’intelligence à des gens qui passent la moitié de leur vie à faire la queue sans jamais se demander ce qu’ils pouvaient bien faire.
11 août 2012
M. MOHAMMEDI