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Mardi, 10 Juillet 2012 18:23 |
Quand la mémoire se met à l’œuvre Sorti il y a quelques jours aux éditions RAFAR, le livre d’Aït-Mehdi Mohamed Amokrane, édité post mortem, est sans aucun doute l’un des plus «osés» témoignages de ces dernières années. Sans concession aucune ni complaisance, cet officier de l’ALN relate des faits ayant marqué la Wilaya III et qui continuent de soulever des polémiques, à l’image de la Bleuite.
Si certains portent un doigt accusateur sur Amirouche et que d’autres le lavent de tout soupçon, Aït-Mehdi renvoie les deux parties dos à dos en relatant avec force détail la manière dont les responsables de l’ALN dans cette région ont été manipulés par le capitaine Léger, comment ils sont tombés dans le piège et enfin le nombre ahurissant de djounoud ayant été exécutés dans cette opération «d’épuration» des rangs de l’ALN. Il ne se prive pas non plus de citer nommément ceux qui ont eu à charge d’opérer ces exécutions, une tâche noire dans l’histoire de la guerre de libération. Plongé dans les méandres de sa mémoire, l’auteur remonte le temps jusqu’à sa tendre enfance. Il déroule ainsi la bobine de son film en marquant évidemment un temps d’arrêt à l’année 1931, date où il a vu le jour à Draâ El-Mizan. Une deuxième escale, sa jeunesse, se résume aux études jusqu’à l’obtention du baccalauréat et son enrôlement dans l’armée française qui le ménera à l’école des officiers de Saint Maixent. C’est là que débuteront ses pérégrinations mémorielles jonchées de drames, de pertes de valeureux combattants et de joie, le jour du triomphe. Aït-Mehdi passe au peigne fin un parcours révolutionnaire qui débutera lors de son arrestation dans l’affaire des officiers algériens incarcérés à la prison de Fresnes pour atteinte à la sûreté de l’Etat. De cette même prison, ces officiers s’évadent pour rejoindre la Tunisie puis le maquis, une autre étape à rebondissements, notamment quand il est muté à la Wilaya III. Dès son entrée dans le territoire national en avril 1958, il est pris dans l’engrenage de la guerre. La bataille de Souk-Ahras lui montre le visage odieux du colonialisme auquel il échappe de justesse pour rejoindre sa région. Son livre Le dur et invraisemblabe parcours d’un combattant fourmille de souvenirs, les uns amers et les autres aussi bons que les héroïques batailles victorieusement menées par les combattants de l’ALN. Au maquis, Aït-Mehdi s’attarde longuement sur les hauts faits d’armes en citant nommément leurs auteurs, sur l’ambiance qui régnait dans la Wilaya III et la loyauté des hommes toujours prêts au sacrifice pour libérer le pays du joug colonial. La Bleuite est différemment relatée par cet officier de l’ALN, promu chef de région. Un témoignage emprunt d’émouvants souvenirs bien ancrés dans sa mémoire et qui, avant sa mort en juin 2011, a tenu à les laisser pour la
postérité. Il pimentera son témoignage par une information jamais rapportée jusque-là, y compris par les historiens les plus avérés : la réunion des officiers de la Wilaya III en 1959, au temps de Mohand Oulhadj et Abderrahamane Mira, pour dénoncer l’anarchie qui y régnait et, évidemment, dans l’intention de mettre de l’ordre dans la maison. Aït-Mehdi, l’un des pionniers de la Gendarmerie nationale post-indépendance, est décédé avec la ferme conviction du devoir accompli, autant durant la Révolution qu’après l’indépendance, pour avoir légué aux futures générations un témoignage digne d’en être un. Zoubir Khelaïfia |
11 août 2012
Histoire