Samedi, 11 Août 2012 09:50
Le même message à travers les âges
Par : Sara Kharfi
“Nous sommes dans des pays où on s’est rendu compte que nos sociétés ne veulent pas évoluer selon un modèle occidental.” C’est ainsi que Louiza Galliz, docteur en philosophie et chercheur au Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah), a expliqué, jeudi à la librairie Emir-Abdelkader (Alger), dans le cadre des débats d’“Algérie News”, le regain et l’intérêt toujours croissant, ces dernières années, pour le soufisme.
Cette situation est d’autant plus intéressante pour les gouvernants que les soufis, qui prônent un message d’amour, ne veulent pas prendre le pouvoir. Lors d’une conférence intitulée “Le soufisme : son histoire et histoire de ses hommes”, Mme Galliz a survolé différentes notions liées au soufisme.
Pour elle, l’exotérisme (l’apparent) et l’ésotérisme (le caché) ne s’opposent pas. Ils sont plutôt complémentaires : “L’exotérisme est la première étape de l’accès à la religion. Une étape horizontale. L’ésotérisme est une relation verticale et directe à Dieu. Le sens même de l’ésotérisme est ce qui rend le soufi différent du théologien. L’enseignement de l’ésotérisme est oral et caché, mais les deux parties (ésotérisme, exotérisme) ne se contredisent pas.” Louiza Galliz a, en outre, indiqué qu’“à travers le temps, les siècles, les sociétés, les soufis ne différent pas les uns des autres. C’est le même message”.
Le soufisme n’est devenu une réalité qu’à partir du VIIe siècle, avec Djâafar Essadeq (6e descendant d’Ali Ibn Abi Taleb, également le père d’Ismaël, le fondateur de l’ordre des ismaéliens), mais il y a une distinction à faire entre un soufi qui reçoit “un pouvoir”, et un maître soufi qui “transmet le secret”.
Elle a également développé les étapes par lesquelles passent les soufis, qui doivent “ressentir plutôt que penser”, notamment “le rejet de la conscience habituelle”. L’oratrice a, par ailleurs, signalé que la mystique (l’idée du soufisme) n’est pas arabe, “la mystique musulmane est une partie de la mystique du monde”. Louiza Galliz, qui a soutenu que dans le soufisme, le prophète Mohammed (QSSSL) est “considéré comme le premier soufi”, a présenté succinctement certains termes et concepts, comme l’ascétisme, l’excellence, la connaissance, les pouvoirs, etc. La science des lettres et la numérologie sont la part théorique qui permet d’approcher cette pensée, l’alchimie en est la part pratique. Mme Galliz a ensuite fait part des multiples définitions du mot “soufisme” : celle relative à la laine, celle qui renvoie à “Ahl Essofa” (les gens du banc), ou alors à “safae” (pureté), et enfin celle qui viendrait du mot grec “sophia” (sagesse). Elle citera ensuite des exemples de soufis et de leurs pouvoirs extraordinaires (“karamat”), comme Rabiâa El-Adawiya, Djâafar Essadeq, Sunan Kalijaga ou Farid Eddine Attar.
S. K
11 août 2012
Religion