Hafid Derradji Par : Hamid GRINE

Dimanche, 05 Août 2012 09:50

portrait…

Il est né commentateur sportif. On exagère ? Du tout. Jugez-en. Il marche à peine, il meurt de sommeil, mais il est agité. Alors il montre du doigt à sa maman la radio qui diffuse un match de foot. Au son de la voix chaude et passionnée de Mohammed Salah, commentateur vedette de la radio nationale, il s’endort rapidement, la radio collée à ses oreilles ! Certains sont bercés par des complaintes : « Fais dodo…dodo… », lui c’est le commentaire sportif qui le calme. Comment explique-t-il cette vocation qui est née avec lui ? Il ne sait pas. S’il est à l’aise derrière un micro, il ne peut expliquer l’inexplicable. Il n’a pas réponse à tout Hafid. Il sait qu’il est né sous une bonne étoile, voilà tout. Doué pour le foot, il jouera pour le MCA sans négliger pour autant ses études. Il décrochera le bac brillamment. Et passera trois concours : l’ENA, sciences politiques et sciences de la communication. Il les réussira tous ! Quelle branche va-t-il choisir ? Naturellement, il optera pour le journalisme. Il voulait rejoindre son rêve de commentateur. Mais comment entrer à la TV ? Il sollicite Drif Abdelkader, mythique président du MCA d’antan. Celui-ci l’introduit. Le voilà pigiste se faisant déjà remarquer par sa voix très particulière, sa passion mais mieux encore par la pertinence de ses commentaires. Enfin un journaliste qui sait de quoi il parle. Même s’il s’imposera très vite, il lui faudra deux ans de patience pour se voir confirmer – il sera le premier journaliste à l’être – par Abdou B. qui venait de prendre les rênes de la jeune ENTV déjà ridée par la censure. Il en tire de la fierté, il en tire de la reconnaissance pour cet homme qu’il ne connaissait pourtant pas. Très vite, il s’imposera comme le commentateur sportif le plus apprécié et le plus populaire, non seulement en Algérie, mais aussi dans tout le Maghreb. Il grimpe les échelons au point de devenir DG adjoint à l’ENTV. Pour l’avoir pratiqué, j’ai eu à apprécier deux qualités : sa réactivité et sa porte ouverte. Il ne se cachait pas derrière ses secrétaires pour faire l’important ou pour éviter la confrontation avec les problèmes. Après avoir quitté l’Unique, il atterrit à Al-Jazeera Sport. Il a la paix même si l’Algérie lui manque. Mais il la défend bec et ongles comme lors du fameux match Algérie-égypte à Khartoum où il a lancé ses fameux gooool extatiques qui donnent la chair de poule à ses millions de fans. Sensible comme on ne le soupçonnerait guère, ayant eu son lot de coups durs, Hafid pense qu’il ne faut jamais dire, en cas de revers : « Dieu pourquoi ? » Il sait d’expérience qu’il y a toujours un bienfait caché. Derrière le commentateur vedette, il y a le philosophe ? Non. L’homme qui a assez vécu pour savoir que l’antijeu le plus dur est pratiqué en dehors du football.

H. G.
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