Les héros sont souvent des gens simples. Ni mythes ni légendes. Avant tout, des hommes et des femmes. Zighoud Youcef, Larbi Benmhidi, Benboulaid , Benyahia Belkacem,Amirouche,Didouche ,Hassiba Benbouali, et plusieurs d’autres sont des principaux dirigeants de la guerre d’indépendance
En vérité, il n’y a aucune réponse convaincante à toutes ces questions, hormis la volonté unanime de tout un peuple de tout oublier des épreuves endurées et des supplices subis pour ne retenir que l’héroïsme de notre peuple, sa résistance séculaire et ses exploits. En effet, dès l’indépendance nationale, enfin restaurée, un phénomène extraordinaire s’est produit dans l’imaginaire populaire algérien. Pour tous, il n’y avait qu’un seul héros : le peuple. Tout le reste n’avait plus aucune importance désormais. Tout le reste, c’est à dire le prix que ce peuple avait payé pour se libérer, les souffrances indicibles qu’il avait endurées, les camps de concentration par centaines, les bombardements au napalm, la guillotine permanente, la torture, tout cela ne comptait plus désormais. Désormais, l’Algérie était libre et cela seul comptait. Comme si chacun de nous voulait oublier, à tout prix, toutes ces horreurs de la guerre, ainsi que tout ce que tout le peuple algérien avait subi, pendant des dizaines d’années, sans répit et sans quartier, du fait de la colonisation française. A tout cela, il faut ajouter cette tendance extraordinaire des peuples jeunes à pardonner très vite à ceux qui les faisaient souffrir la veille encore. Cette vertu extrêmement rare, et qu’on ne trouve que chez ceux qui ont beaucoup souffert, a été d’ailleurs relevée un peu partout dans les anciennes colonies devenues de nouveau des états indépendants.Non seulement l’ancien colon, le flic, le gendarme et le soldat qui le soutenaient ont été absous de tous leurs crimes, mais, plus encore, on leur a souvent ouvert les bras pour l’accueillir en ami.Il est vrai que cette force de l’oubli et du pardon n’est pas partagée par tous en Algérie. Personnellement, je n’en ai jamais eu le courage. Pas tellement, parce qu’autour de moi, parmi les miens, on a beaucoup souffert de la torture et des sévices de l’armée française, mais surtout parce que j’ai toujours considéré qu’il est injuste et indigne de nous tous de laisser des monstres se glorifier de leurs crimes et se pavaner dans le confort et la considération de leurs suppôts, pendant que leurs victimes traînent une existence lamentable, ou tout simplement ont péri depuis longtemps, à la suite des sévices innommables qu’ils ont subis. Aussi me suis-je demandé souvent, pourquoi ne nous sommes nous pas organisés comme les Israéliens, par exemple, pour enlever manu militari ces bêtes monstrueuses, en vue de les juger publiquement chez nous, face à la terre entière, et pour leur faire payer un peu de leurs crimes immondes.L’idée a été abandonnée . Tout simplement par respect pour le peuple de France et par amitié pour les frères de combat français qui ont soutenu notre lutte, et se sont sacrifiés pour la liberté de notre peuple. Ils n’auraient pas admis que nous nous comportions en pirates et en hors-la-loi, et que nous nous immiscions dans une affaire qu’ils considèrent toujours comme une affaire prioritairement française. Pour nos amis en effet, ainsi que pour nombre d’intellectuels français, le problème de la torture et de la guerre d’Algérie est un problème qui interpelle encore la conscience française. Il appartient, par conséquent, au peuple français, de le prendre en charge, et de lui donner la suite qu’il mérite : Décréter l’indignité nationale à vie, l’inéligibilité et retirer le droit de vote à tous les auteurs de crimes de torture ne serait, aux yeux d’un grand nombre de citoyens, qu’un acte de justice pour les victimes algériennes d’abord, et pour l’honneur de la France entière. Le parlement et le gouvernement français ont mis près de quarante ans pour admettre enfin, que les « événements d’Algérie » n’étaient qu’un euphémisme, et qu’il s’agissait bien d’une guerre d’Algérie. Dès lors, qui empêcherait ce même parlement et ce gouvernement, de tirer, dès maintenant, toutes les conclusions de sa reconnaissance de ce fait historique, en poursuivant désormais les « Criminels de guerre » qui ont souillé à jamais le nom de la France, et meurtri, à jamais, la chair et l’âme de nos martyrs ? »Torturés par Le Pen » éditions Rahma ISBN n°9961-804-04-X et de « Quand la France torturait en Algérie » éditions Rahma ISBN n°9961-804-05-8.
http://www.reflexiondz.net
3 août 2012
2.Pers. révolutionnaires