Née dans une famille de classe moyenne d’un père algérien et d’une mère tunisienne, elle est scolarisée à l’école française (il n’y en avait pas d’autres). Elle rejoint le Front de libération nationale durant ses années étudiantes.
Dans les années 1950, la jeune combattante d’origine berbère faisait partie du « réseau bombes » du FLN (Front de Libération National). Elle fut capturée par les parachutistes français en 1957, puis torturée, jugée et condamnée à mort. Djamila Bouhired, était agent de liaison du Comité de coordination et d’exécution (CCE), a été arrêtée le 9 avril 1957, au cours d’un accrochage dans la casbah, au cours duquel elle a eu l’omoplate brisée par une balle tirée par Yacef Saadi. Elle sera torturée sur la table d’opération du 9 au 26 avril. Par les paras d’être venus, tous les quarts d’heure, vriller un couteau dans sa plaie. Les sévices ont été constatés par le médecin du FLN Janine Belkhodja. Le médecin légiste Godard quant à lui ne ne reconnaitra pas de traces de violences. Le diagnostic officiel évoque une fistule tuberculeuse ancienne. Son arrestation est intervenue suite à une dénonciation et sera accusée d’avoir posé une bombe au Cafeteria fabriquée par le chimiste Taleb Abderhamane. Malgré ses avocats Djamila Bouhired est condamnée à mort le 15 juillet 1957. Elle déclare qu’elle est anti-colonialiste, mais pas anti-française. Elle éclate de rire à l’annonce de cette condamnation ». L’aventure que cette jeune fille de vingt et un ans allait vivre en prison fut une des plus extraordinaires que l’on puisse imaginer. Les paras des services spéciaux s’occupèrent immédiatement de Djamila. Les papiers contenus dans la serviette prouvaient qu’elle était en relation constante avec l’insaisissable Yacef Saadi. Elle ne pouvait ignorer où il se cachait. Il fallait qu’elle le dise. Elle ne dit rien des caches de Yacef. Mais elle tenta de faire cesser la torture en donnant quelques adresses sans importance et des renseignements contenus dans les papiers saisis. Elle sera d’un courage exemplaire, elle subira les pires atrocités, même si l’administration coloniale l’a nié durant des années même après l’indépendance de l’Algérie. Djamila Bouhired, aura été pour toutes les femmes algériennes un exemple de courage et nombreuses sont les femmes qui ont bravé la France pour se tenir au côté des hommes et ce malgré les risques. Cette femme qui a marqué, l’histoire de la révolution, a inspiré pas mal d’écrivain et de cinéastes, pour être cité dans les grandes manifestations féminines à travers le monde . Pour toutes les femmes, elle restera ce symbole de pureté algérienne donnant ainsi ainsi ce qui a de plus sacré pour son pays. Avec « La Question » d’Henri Alleg, le livre de son avocat anticolonialiste Jacques Vergès et de l’écrivain Georges Arnaud (1917-1987), « Pour Djamila Bouhired » (Minuit) fait partie des classiques désormais des livres militants de l’époque. Elle est même devenue une héroïne de cinéma, avec le film « Djamilah » (1958) du cinéaste égyptien Youssef Chahine. Une active campagne d’opinion en 1962, menée par J. Vergès, conduisit à la grâce et à la libération de la condamnée à mort. Dans les années 1970, Djamila . Bouhired, épousa son avocat et eût deux enfants avec lui, elle animera aussi le magazine « Révolution africaine » créé par Jacques. Vergès qui militait pour l’exportation de la révolution algérienne. Pour rappel cet avocat Français qui a été l’ardent défenseur de cette femme si courage, marquant ainsi son histoire en obtenant la grâce de Djamila Bouhired en 1962 et l’épousera. A un moment donné pour revenir à cette femme de fer qui n’avait jamais baissé les bras et qui a lutté sans discontinuer, des années après l’indépendance du pays, a eu des problèmes de santé et s’est vue abandonnée et avait même frôlé la misère, aussi pour une héroïne telle que Djamila et malgré son âge elle passera cette épreuve avec dignité. Aujourd’hui après plusieurs années même si elle s’en défend, Djamila . Bouhired est devenue l’icône de toutes les combattantes et combattants du FLN, qui eux aussi, étaient tombés dans une vieillesse très précarisée était en un sens le défenseur de ces laissés pour compte. Oublié à une certaine époque pas si lointaine, cette femme courageuse et pleine de bon sens, avait publié une lettre reprise par les journaux, la réaction des ministères de la Solidarité nationale et de la Santé ne se fera pas attendre, pour affirmer dans un communiqué ne pas comprendre la colère de Djamila. Bouhired, pour se demander aujourd’hui qu’en est-il de nos combattants et combattantes longtemps délaissés.
3 août 2012
C. Djamel, Djamila Bouhired