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Ramadan à Gaza par Benkhedda B.

2 août 2012

Belhaouari Benkhedda

Hachim est un jeune homme de Gaza que j’ai rencontré sur la page facebook d’une romancière. En fait, il est étudiant en traduction. Son invitation d’amitié était trop aimable.

Ce vendredi soir, Hachim voulait parler de littérature, moi je voulais plutôt savoir comment se passe le mois de ramadan en Palestine.

UNE PRISON A CIEL OUVERT 

Gaza est la ville que j’habite, a dit Hachim, elle n’a rien d’une ville ordinaire. C’est une prison à ciel ouvert, une bande de terre d’environ 40 km de longueur et 8 km de largeur enclavé entre Israël et l’Egypte. La totalité du territoire peut être traversée en moins d’une heure. En réalité Gaza est un grand camp de concentration. J’espérais que Hachim ne tient pas des propos qui peuvent être qualifiés d’antisémites. Il parait que toutes les informations reçues sur facebook sont enregistrées et transmises à des services de protection internationale. Je ne tiens pas à faire l’objet d’un interrogatoire lors de mes voyages à l’étranger. C’est fou, on ne peu plus parler des conséquences de la politique d’Israël sans être traité d’antisémite. Bref Hachim est un garçon très spontané. Il ne se connecte à Internet qu’une seule fois par semaine depuis un cybercafé pour entrer en contact avec des gens de partout dans le monde. Voilà ce qu’il m’a dit à propos de ses jours de ramadan : C’est l’été, l’université est fermée. Il n’y a pas grand-chose à faire ici.

Le matin, parfois je vais faire des courses pour ma mère. Le marché de Gaza n’a rien à voir avec ceux des pays arabes, peu de gens y circulent. Nous sommes sous embargo, tout est cher. Pour s’évader de la grisaille du quotidien, je vais à la plage, elle reste le seul refuge des Gazaouis, un million cinq cents mille personnes vivant ici. Très souvent, j’emmène mes deux neveux avec moi. Ce sont des jumeaux, ils ont cinq ans, ils adorent l’eau. Nous habitions prés de la mer, la mer où mon père est décédé il y a dix ans déjà. Un soir d’été, alors qu’il pêchait des poissons pour nourrir sa famille, il a été victime des tirs hasardeux de la marine israélienne. Mon frère ainé avait vingt ans, c’est lui qui a veillé sur moi et ma mère depuis le départ de mon père. Il a beaucoup galéré le pauvre. Mais il a réussi quand même à décrocher son diplôme de médecin. A présent, il travaille à l’hôpital de Gaza. Kacem soigne toute sorte de malades, civile, militaire, palestinien, étranger, musulman, chrétien…           Il fait son devoir en toute conscience, je suis fier de lui.  A Gaza, les journées de ramadan sont longs et peu animées. L’heure de « iftar » est à 19 h 50 à peu prés. Le soir les enfants sortent dans les rues, ça fait du bien de les voir jouer et pousser des cris. Les adultes se regroupent de manière naturelle pour s’asseoir en cercle sur le pas de la porte. Les plus jeunes parlent de diverses choses, les plus vieux parlent surtout de politique. Gaza reste entourée de murs et de clôture électrifiée. Au Nord, la porte d’entrée et de sortie « Erez » est strictement contrôlés par Israël. Au Sud, la seule fenêtre vers le monde extérieur « le terminal de Rafah » n’est ouverte que quelques heures par jours. Le mois de ramadan n’a pas été facile pour nous. Les mères des jeunes Gazaouis vivent avec la peur au ventre. Il y a un mois, un lundi soir, deux adolescents avaient été tués lors d’un raid aérien israélien. Le lendemain, une fillette de deux ans a été trouvée sans vie suite d’une explosion d’origine inconnue. Personnellement, quand je regarde les informations qui circulent à la télévision ces jours-ci, j’ai mal au cœur car on ne parle presque plus de la Palestine. Alors que les soldats israéliens se préparent à expulser les palestiniens de leurs domiciles à Jérusalem, les monarques arabes s’acharnent à fragiliser la Syrie, l’ennemi juré d’Israël. Ces monarques exécrables font la guerre à un pays musulman tandis que les israéliens continuent de souiller la mosquée El-Aqsa.

C’est le monde à l’envers. Qu’est-ce que tu comptes faire pour dénoncer l’injustice ? Tu veux devenir journaliste ? Mes questions pour Hachim ont été très spontanées.

LE THEATRE ET LA LITTERATURE

Le métier que je souhaite réellement exercer et celui d’enseignant, a dit Hachim. J’aimerai apprendre les valeurs et le sens de la Patrie aux enfants. Mais sinon j’ai une aptitude pour la littérature, j’ambitionne d’entamer bientôt la rédaction de mon premier roman qui sera basé sur des faits réels. Pour le moment, je fais du théâtre. Avec des amis nous avons monté une petite troupe amateur. Nous organisions nous-mêmes nos spectacles. Le répétions et les présentations se déroulent à l’école du quartier. Avec beaucoup de volonté et beaucoup d’aide extérieur, nous tentons de faire petit à petit évoluer notre façon de faire. Nous essayons d’aborder des problèmes vécus localement, mais aussi à travers le monde. La première pièce que nous avons montée parle d’une mère qui a perdu ses deux enfants dans la guerre des 22 jours en 2007. Maintenant, nous préparons la mise en scène de la pièce « Le marchand de Venise » de Shakespeare. Nous espérons la présenter avant la fin du mois pour montrer au public les rouages du système financier basé sur l’usure. Je peux te dire que les jeunes sont très intéressés par le théâtre. A chaque présentation, ils manifestent un intérêt positif, et c’est encouragent pour nous. Est-ce que tu es tenté par la poésie ? Cette question m’a parue logique. Je crois que les peuples opprimés ont une prédilection pour la poésie. De plus, je suis un vrai admirateur du grand poète palestinien Mahmoud Darwich.

Je ne suis pas un poète, a dit Hachim, mais ma fiancée oui. Elle est éprise de poésie. Souvent, elle me demande ce que je pense de ses poèmes, et je lui demande ce qu’elle pense des personnages que j’interprète sur scène. Je crois que je ne lui parle que de théâtre et de littérature. Parfois je me dis : si ça continue comme ça, elle risque de me quitter. D’autant plus que je suis un mec fauché. Il m’arrive de lui demander si elle est satisfaite avec moi, et elle me répond en souriant. Qu’est-ce qu’elle dit ? Hachim a attisé ma curiosité. Pour le moment c’est rassurant, donc je continue à lui parler de théâtre et de littérature, a répondu mon ami. J’ai confiance qu’ensemble nous réussirons comme j’ai confiance que la question Palestinienne sera bientôt résolue.

LA SOLUTION D’UN CONFLIT QUI PERDURE

Je trouvais que c’était exagéré de la part de mon ami. C’est ce que je lui ai dit : Je pense que le conflit est complexe, tellement complexe qu’il va durer pour toujours. Les enjeux sont énormes puisque Israël pour certains, le territoire palestinien occupé pour d’autres constitue une pièce maitresse de l’échiquier politique. Hachim ne partageait pas le même avis. Je vais te citer trois «médiamensonges» d’Israël, a-t-il dit. Ils ont été signalés par le journaliste belge Michel Collon l’auteur du livre « Israël, parlons-en », à toi de juger.

1) On dit qu’Israël est la seule démocratie au Moyen-Orient.

C’est faut. Israël n’est pas un État de droit. C’est le seul État au monde où la constitution ne fixe pas les limites du territoire. Le projet d’Israël est expansionniste et n’a pas de limites. En plus, la constitution israélienne dit qu’Israël c’est l’État des juifs, ce qui veut dire que les autres ce sont des sous-citoyens. C’est la négation même de la démocratie.

2) On dit que les Palestiniens sont violents, c’est des terroristes, etc.

La vraie violence, c’est le colonialisme. C’est l’armée d’occupation Israélienne qui a volé depuis 60 ans aux Palestiniens leurs terres et leurs maisons, c’est l’armée israélienne qui empêche les Palestiniens d’avoir une vie normale. Pour aller de la maison au bureau, il faut remplir des « check points ». Il y a des femmes enceintes qui sont mortes parce qu’elles étaient bloquées par l’arbitraire des soldats israéliens « aux check points ». Donc la violence, c’est l’occupation. Il faut préciser que l’ONU, dans ses textes fondamentaux, reconnaît le droit de tout peuple colonisé, de tout peuple occupé, de résister par tous les moyens qu’ils jugent bon. Donc, la résistance est légitime.

3) Beaucoup de gens pensent que le conflit israélo-palestinien va durer toujours, qu’il n’y a pas de solution.

Il faut savoir que la solution existe. Parce qu’en fait, les grandes organisations palestiniennes, dès le milieu des années 1960, ont proposé une solution très démocratique et très simple, à savoir, un seul État, sans discrimination, où il y aurait une égalité de droit entre les juifs, les musulmans, les chrétiens et les laïcs. C’est la définition même de la démocratie : un homme, une femme, une voix.

À propos de Artisan de l'ombre

Natif de Sougueur ex Trézel ,du département de Tiaret Algérie Il a suivi ses études dans la même ville et devint instit par contrainte .C’est en voyant des candides dans des classes trop exiguës que sa vocation est née en se vouant pleinement à cette noble fonction corps et âme . Très reconnaissant à ceux qui ont contribué à son épanouissement et qui ne cessera jamais de remémorer :ses parents ,Chikhaoui Fatima Zohra Belasgaa Lakhdar,Benmokhtar Aomar ,Ait Said Yahia ,Ait Mouloud Mouloud ,Ait Rached Larbi ,Mokhtari Aoued Bouasba Djilali … Créa blog sur blog afin de s’échapper à un monde qui désormais ne lui appartient pas où il ne se retrouve guère . Il retrouva vite sa passion dans son monde en miniature apportant tout son savoir pour en faire profiter ses prochains. Tenace ,il continuera à honorer ses amis ,sa ville et toutes les personnes qui ont agi positivement sur lui

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