Le parcours militant de Zabana est des plus captivants, car il s’inscrivait dans la prise de conscience d’un homme unique en son genre et ce très tôt, avec cette certitude qui permettait tous les espoirs prés au sacrifice et armé d’une extraordinaire confiance, c’est ce qui ressort des témoignages.
Deuxième jour du déclenchement de la révolution
Au deuxième jour du déclenchement de novembre 1954, Sidi Ahmed conduira le groupe de Zabana à Ghar Boudjelida (grotte de la chauve-souris) se trouvant dans une zone montagneuse et qui servira de PC provisoire à Zabana et à son commando composé de Ali Cherif Cheriet, les frères Fettah, les frères Fizi, Said Stambouli, Mohamed Ben Aissa Mechraoui, Ahmed Kefif Kadi, Smain Saim, Abdelkader Zoubir, Zoubir Bouadjemi, Larbi Dahou, Bachir Miloud, Abdelkader Brahmi et Brahmi Bourada. Au cours de la marche la nuit en direction de la grotte, Cheriet a probablement, par une fausse manœuvre, déclenché un tir de PA ; il a dû buter sur une pierre et perdu son équilibre provoquant le départ du coup de feu. La balle l’effleure au-des-sus du genou droit. Il sera rapidement pris en charge par Stambouli qui lui prodiguerades soins ; on se rend compte qu’il y a eu plus d’inquiétude que e mal. Ne perdons pas de vue qu’à cette époque il n’existait pas de piste, mais un sentier emprunté par les chasseurs et Ahmed le Parisien était un grand chasseur de la région. Au 3ème jour tôt le matin, Zabana réveillera son groupe, pour expliquer que dorénavant ils devront vivre en communauté dans le nouveau PC et ce conformément à des décisions prises lors de la réunion du 30 octobre 1954 à Oran. Il exécutera la consigne qui est de faire diriger sur Oran Cheriet Ali Cherif, Larbi Dahou Bachir Miloud et Brahim Bourada, qui avaient pour instruction, selon les déclarations de Stambouli Said, de rejoindre Benalla à Oran pour une action de sabotage visant à incendier des dépôts d’essence à Victor-Hugo Oran. Par mesure de sécurité, Cheriet par tout seul, suivi un peu plus tard par Brahim Bourada et Larbi Daho Bachir Miloud, selon le témoignge de Stambouli, « j’ai été désigné comme secrétaire et trésorier du groupe par Zabana. Il m’avait chargé, avec Saleh, de me présenter chez l’épicerie d’El-Gaâda pour lui remettre une proclamation du 1er novembre et ramener du ravitaillement et c’est Fizi qui a fait les achats nécessaires. Sitôt notre mission accomplie, ajoutera-t-il nous devions retourner au refuge. »
Les premières actions du groupe de Zabana
Zabana à la tête de son groupe s’ébranlera, le 3 novembre en fin d’après midi, à pied en direction de la Mare d’Eau, à quelques kilomètres d’Oran, car il avait pour mission d’attaquer la maison forestière, en vue de récupérer l’armement détenu par le garde forestier, François Braun. Mohamed Gedider, un ancien taleb coranique avait auparavant présenté à Zabana Djilali Benchoulia, cantonnier. Il habitait la maison de service située au bord de la Route nationale Oran-Alger entre le tronçon reliant Oued Tlélat à Sig. Comme prévu, c’est le 4 novembre 1954, que sera décidé au coucher du soleil, le groupe fait mouvement vers la maison du garde et encercle le lieu, en prenant soin de ne pas éveillé l’attention du garde forestier. Calmement, Zabana et bKefif s’approchent de la maison et se présentent devant le garde forestier qui poussait une brouette de fumier qu’il devait jeter aux abords de la maison. Zabana lui dit après les salutations d’usage : « Nous sommes en panne de voiture et nous désirons utiliser votre téléphone pour demande de l’aide à Oran. » Mais le garde forestier se doute de quelque chose ; il fait semblant d’être d’accord et se dirige vers sa maison d’un pas rapide, leur demandant d’attendre qu’il leur ouvre la porte. Mais c’était compter sans l’intelligence de Zabana, qui a rapidement compris que le garde veut leur fausser compagnie, se barricader et résister à l’intérieur, en attendant l’arrivée des renforts alertés par les coups de feu. Zabana dégaine rapidement son PA, braque le garde et le pousse à l’intérieur de la maison. Kefif attache solidement les mains du garde derrière son dos. Zabana coupe les fils téléphoniques ; la maison est fouillée rapidement ; on ligote aussi la fille. Affolée, la femme du garde forestier, ayant peur pour sa fille, propose à Zabana de lui remettre tout l’or et l’argent en sa possession. Zabana lui répond fièrement : »Madame, nous ne sommes ni des voleurs ni des bandits, nous sommes des soldats de l’ALN. Il est inutile de serrer votre fille prés de vous, nous ne lui ferons aucun mal car nous ne sommes pas des sauvages. Par contre, vous avez un sauvage prés de vous, en lui désignant son mari. Et pour votre fille, vous avez plus à craindre des militaires qui viennent boire leur pastis chez vous que nous ». Et s’adressant au garde, il lui dit : « Je te laisse la vie sauve et je te donne un dernier avertissement : si j’entends dire une autre fois que tu as fait du mal à nos femmes et à nos paysans, tu le paieras de ta vie. Les gens se plaignent beaucoup de toi. » Et le garde de lui répondre d’une façon arrogante- c’est là qu’il va faire une erreur fatale qui va lui coûter la vie-tout en passant en revue les visages des autres membres du groupe : « Vous n’êtes que des voyous et vos visages ne me sont pas inconnus. » A ces mots, sans aucune hésitation, Zabana l’abat d’un coup de pistolet, puis le groupe fouille et trouve un lot d’armement et de munitions nécessaires à ses prochaines actions. Ayant accompli leur mission, Zabana et ses amis emportent leur butin de guerre mais, dans leur précipitation, raconte le témoin, ils oublient un caisson de grenades armes redoutables par excellence. Voici le lot d’armement emporté par le groupe de Zabana : 1 Sten anglaise, 1 fusil de guerre, 1 Fusil de chasse, 1 pistolet 7,65, 1 pistolet 6,35 et 1 paire de jumelles. En ce temps-là, ce lot était considéré comme un grand butin de la guerre .Nous sommes toujours le 4 novembre et le soleil était déjà couché. « Il est temps de rejoindre le PC à Ghar Boudjelida , nos camarades nous attendent pour fêter cette importante prise », préconisait Zabana. En effet, tout le monde était pressé de rejoindre le gîte. Ils arriveront à 23h .Ils seront reçus par des cris de joie : » Allah Akbar, Tahia el Djazair. » Selon Nous Abdelkader Zoubir qui a été un témoin direct de cet événement qu’il qualifie de mémorable : « Je n’oublierai jamais ces grands moments de toute ma vie ; et nous considérons que nous sommes bénis de Dieu et de nos camarades chouhada ; nous faisons partie d’une catégorie de militants combattants qui ont eu la chance et le suprême honneur d’avoir tiré les premiers coups du glorieux 1er Novembre 1954 ». Celui ci a pu prendre contact avec le tissal du Dahra. Hélas, c’est pour apprendre la mort héroïque au champ d’honneur de Ramadane Ben Abdelmalek, le premier chahid du groupe des 22. Le tissal avait demandé alors à Fettah de transmettre la triste nouvelle à Zabana afin qu’il procède à la désignation d’un remplaçant de Ramdane. Cependant, fettah, devant l’alerte générale et le temps nécessaire pour rejoindre El – Gaâda, n’arrive que le 8 Novembre pour constater de loin de déploiement impressionnant de nombreuses troupes et l’encerclement de la grotte. Il assistera la rage au cœur à la neutralisation de ses amis. Deux grands leaders de la révolution viennent d’être mis hors de combat, l’un chahid l’autre fait prisonnier, tous deux de grands meneurs d’hommes.
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2 août 2012
Ahmed Zabana