Le jeudi 4 Novembre 1954, il est environ 23h et tout le groupe se trouve à Ghar Boudjelida. Le matin du vendredi 5 novembre 1954, Zabana désigne Keffif et Zoubir Bouadjemi pour ravitaille le groupe en denrées alimentaire depuis le douar d’El- Gaâda.
L’offensive de l’armée française contre Ghar Boudjelida
Mais se sera tropr tard, car désle matin l’on constatera des mouvements de troupes dansles environs et l’agitation se faisait sentir, de par le nombre de troupes mobilsées et selon ce qui a été rapporté Six cars de CRS se dirigaient d’Oran vers la zone en question, qui seront appuyés par des unités de gendarmes de la garde mobile et de la territoriale de Mostaganem, Oued Tlélat, Sig, Mohammadia (ex-Perrégaux), de Sidi Bel Abbés. Il y avait, racontent les témoins, plus de 500 hommes armés jusqu’aux dents contre dix moudjahidine. (Dans sa déclaration à la télévision en 1974, Kadi Ahmed Kefif donne le chiffre de 500). De nombreux troupeaux de moutons sont réquisitionnés pour la logistique (et faire des méchouis pour fêter leur victoire).
Abdelkader Brahim l’un des premiers chahids de la région
La nuit Zabana décide de rappeler ses éléments déployés à l’extérieur et de les abriter dans la grotte pour se réchauffer et se reposer. Nous sommes dans la nuit du 7 au 8 novembre 1954. Le groupe d’Ahmed Zabana, en place ce soir-là à Ghar Boudjelida, est constitué de dix éléments. Ahmed Zabana (chef de groupe) Said Stambouli (secrétaire et financier du groupe), Fettah Abdallah, Abdelkader Zoubir, Abdelkader Brahmi, Smain Saim, Mohamed Mechraoui, Saleh Fizi Mustapha Fizi et Ahmed Keffif Kadi. Ce jour-là, c’est Abdallah Fettah qui prend la garde à partir de 4 heures. La nuit se passera sans incident mais très tôt le matin, Fettah s’aperçoit alors que quelque chose d’anormal se passait et avise aussitôt Zabana qui ne peut que constater que des vagues entières d’assaillants s’apprêtaient à investir la grotte. Soldats et CRS surgissaient des alentours come des diables, les Français étaient là. Les éléments de Zabana se précipitèrent hors de la grotte afin d’occuper le terrain dans le but évident de briser l’encerclement, mais les Français étaient nombreux. Les moudjahidine tentèrent de briser l’encerclement, n’arraveront pas Brahmi armé de son PM sort et commence courageusement à tirer avec son arme contre les soldats français ; il se met debout et tire il est alors atteint d’une balle en pleine tête. Abdelkader Zoubir décrit comment Abdelkader Brahmi est mort : « Brahmi sort de la grotte, s’adosse contre la paroi extérieure puis se met à tirer en direction de l’ennemi qui s’avance inexorablement dans sa direction. Il ne bouge pas de sa position de combat et continue à tirer couvrant ainsi ses camarades qui tentent comme ils peuvent de sortir de ce cercle de feu. Il vide son chargeur ». « Puis, précise Zoubir, je le vois glisser le long de la paroi de la grotte, atteint d’une balle au front » Tout est fini alors pour le groupe qui, mal armé et n’ayant pu se déployé à temps, enregistre la perte de Abdelkader Brahmi, l’un des premiers chahid du groupe Zabana un militant du PPA-MTLD doté d’un esprit révolutionnaire.
Zabana : « Les Français ne doivent pas me prendre vivant. » Selon Zoubir et Stambouli
Zabana, Fizi et Saim tentent de sortir de l’encerclement en tirant et s’éloignant, mais Zabana est atteint par une rafale à la jambe et une autre balle le touchera au bras. A côté de lui, Saim tire également comme il peut avec son 7.65. Selon Saim : « En avançant, nous nous sommes aperçus que nous étions prés d’un endroit ou le dégagement n’était pas possible et c’est là que Zabana blessé et voyant qu’il ne pouvait résister longtemps, comprendra à ce moment-là qu’il n’avait aucune chance de s’en tirer vivant. Les Français le feront parler sous la torture, car Zabana avait été une première fois déjà soumis à la « question » en 1950. Il n’ignore pas que les Français savent qu’il connaît beaucoup de choses sur les ramifications du 1er novembre. Les Français étaient décidés, à le faire parlé, mais il était décidé à ne rien révéler. Il savait aussi que le peloton d’exécution l’attendait. Il s’adressera alors à Saim et lui dit : « Les Français ne doivent pas me prendre vivant. » selon Zoubir et Stambouli. Saim stupéfait regarde son chef. Alors d’un geste brusque, Zabana s’empare du pistolet de Saim et se tire une balle dans la tête. Il ne devait pas mourir, ce jour-là ; c’était son destin : parce que la balle traversant la tempe droite est ressortie par son œil gauche évitant ainsi d’aller se loger dans son cerveau ; il ne meurt pas, mais perd l’œil gauche. Version confirmée par Saim. Mechraoui, tente à son tour de mettre fin à ses jours en se faisant hara-kiri en se plantant un couteau dans le ventre mais sans sucées ; le sort en a voulu autrement. Il faut rappeler que les deux font partie de l’OS. Quant à Abdallah Fettah, il s’en sort avec une blessure par balles à la jambe. Le reste du groupe est fait prisonnier. Stambouli est emmené battu à coups de crosse à la tête et à l’œil droit ; il porte une cicatrice encore visible à ce jour. Personne n’est épargné. Le corps de Brahim est emporté dans un demi-sac chargé sur un mulet. Arrivé au douar on dépose le chahid Brahim sur l’estrade de la classe de l’unique école primaire : une baraque Filloud, existante à ce jour. Les prisonniers sont conduits, sous forte escorte, dans des véhicules cellulaires vers la ville d’Oran à Châteauneuf, siège de la police française. Rapidement, ils les soumettent à l’interrogatoire sous la torture. Les policiers tortionnaires commencent par les impressionner en faisant défiler les premiers moudjahidine ensanglantés qui avaient été arrêtés avant l’attaque de Ghar Boudjelida en l’occurrence Benchouilia, Bouadjmi et Gedider. Selon Abdelkader Zoubir tous les membres du groupe de commando de Zabana arrêtés à Ghar Boudjelida subirent les affres de la torture.
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2 août 2012
Ahmed Zabana, Benyahia Aek