La fédération de France avait un avantage celui de se trouver sur le sol français et celui des hommes qui constituait l’organisation C’était là un fait nouveau, inattendu, et d’une portée considérable. Jusqu’alors inimaginable voire inconcevable pour les Français, s’imposant ne laissant aucune alternative à l entité coloniale.
Une organisation à l’avant-garde du combat
L’autre témoignage est celui de Mohamed Méchati, du groupe dit « des 22″, modestement intitulé Parcours d’un militant ( Ed. Chihab, 2009) comprenant une partie consacrée au témoignage de sa vie militante et une autre aux Ecrits de Combats rassemblant ses contributions journalistiques durant la période sismique des années 90 et 2000 et publiés dans différents organes de la presse privée. Ce témoignage ne consacre que quelques pages à la Fédération de France du FLN dont il est l’un des fondateurs après son arrivée en France pour des soins, le 12 février 1955. L’intitulé du chapitre mentionne « Fédération du FLN en France » et non « Fédération de France du FLN. Si l’auteur n’explique pas cette interversion dans l’appartenance de la Fédération (faite à postériori), il en a précisé la portée sémantique dans une conférence donnée au SILA de l’année 2009 à l’occasion de la sortie de son livre. Pour lui, la différence est de taille. La Fédération n’appartient pas à la France mais au FLN ; la France étant un lieu, celui de la métropole coloniale. Il a sans doute d’autres explications liées peut-être au fait que la dénomination de « Fédération de France du FLN » laisse penser que c’est une structure extérieure au FLN. A ces témoignages sur la Fédération de France engobés le plus souvent par leurs auteurs dans leur parcours du PPA au MTLD.
Retour à la Mémoire
De tous les écrits remontant la genèse des partis nationalistes nés en France et l’histoire de la Fédération de France du FLN et de l’immigration sont à relire dans cette perspective, notamment par l’identité du travailleur immigré, qui sera aux premières lignes de la résistance algérienne en Métropole. A propos de la rareté des témoignages des militants de base de la Fédération de France du FLN sur la journée du 17 octobre, Linda Amiri, doctorante en histoire de la Fédération de France et auteure de La bataille de France ( Réed. Chihab, 2005), relève qu’après l’indépendance : « Aucun manifestant n’a repris la plume, même si beaucoup acceptent aujourd’hui d’en parler publiquement. Il faut bien comprendre que pour eux, le 17 octobre 1961 n’est pas une simple date, ils l’ont vécu dans leurs chairs. Ils ont vécu l’humiliation et la violence de cette « nuit d’horreur et de honte », puis ensuite l’occultation… C’est un événement douloureux, pour que la parole se libère, il faut non seulement du temps, mais pour les témoins l’assurance qu’ils seront écouter. Ce n’est donc pas un hasard si ce retour de mémoire fut si long. » Si les témoignages publiés sur la guerre de libération (1954-1962) sont nombreux et que les écrits sur la Septième wilaya « Fédération de France se comptent sur le bout des doigts. L’histoire de la guerre de libération nationale n’est toujours pas dépassionnée comme le thème est quelque peu général, dans ce contexte l’histoire de la Fédération de France doit prendre une large part dans les débats historiques pour lever le voile sur une partie de l’histoire de l’immigration algérienne et de son rôle pendant toutes les étapes du combat libérateur. La constitution de cette organisation n’a été possible, que par le sens du devoir et la résistance qui se poursuivra jusqu’à ce que soit obtenue l’indépendance nationale, seul aboutissement concevable de l’autodétermination. Des hommes dirigeront la lutte libératrice au cœur même du territoire Français Le grand public, français sympathisant ou non, devait comprendre le bien fondé de cette lutte d’indépendance, ainsi à partir de 1957 le conflit se trouvait engagé dans une dialectique nouvelle et ce n’était là qu’un commencement, pour amener la France à de nouvelles concessions et pour enregistrer chacune d’elles comme un acquis sans retour et pour que l’autodétermination soit complète en arrachant un à un la totalité des objectifs visés
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2 août 2012
Benyahia Aek, Guerre d-ALGERIE