-Pourquoi n’étudie-t-on pas l’apport de la civilisation arabo-musulmane en cours d’histoire ?
-Pourquoi, nos parents qui sont musulmans ne savent rien sur cette civilisation ?
-A quoi nous a servi le zéro, réinventé par nos ancêtres ?
Les réponses paraissent évidentes, me diriez-vous !
Vérité indéniable, la civilisation Arabo-musulmane a beaucoup apporté à l’humanité. Pourquoi tout a été dilapidé ? Qu’est ce qui a fait en sorte que nous n’avons pas prolongé cette civilisation et nous en avons même perdu les traces historiques ? Tant de questions se bousculent dans la pensée et il serait judicieux d’évoquer et de brandir les réalisations de cette civilisation pour motiver et insuffler une dynamique de fierté chez nos jeunes et notamment les jeunes Français musulmans, issus de l’immigration et souvent sujette à stigmatisation et à un manque de considération. les ouvrages scolaires français divergent toutefois sur l’importance de l’apport scientifique et technique de la civilisation arabo-musulmane. Plusieurs d’entre eux mettent en avant l’emprunt des savants musulmans à la science grecque, persane, chinoise, et restent vagues sur leur apport ou le réduisent à un ajout ponctuel, tel que l’algèbre.Ce n’est pas donc dans les manuels Français que les jeunes, d’origine Maghrébine apprendront que leurs ancêtres ont bâti les fondements de la science, ont construit le premier pôle universitaire, Beit El Hikma (la maison de la sagesse),ont été à l’origine du GPS, ont dominé toutes les sciences, ces éléments de l’histoire qui ont marqué l’humanité et qui aideront à avancer, voire parfois à décomplexer quelques jeunes qui décrochent ou quittent le système scolaire par manque de motivation, par manque de confiance et plus souvent par un regard sur l’histoire qui se résume juste au vécu de leurs parents, de simples ouvriers venus d’ailleurs pour travailler durement, dignement et que la société a qui ils ont consacré toute une vie ne leur voue pas du respect. Le fait de savoir que leurs ancêtres sont pour beaucoup dans l’essor actuel des pays occidentaux peut être un facteur motivant psychologique et un message subliminal qui déclencherait le désir d’étudier, de faire des études supérieurs au lieu de se contenter d’une orientation vers les voies professionnelles.
Les jeunes issus de l’immigration ne savent pas grand-chose sur leurs ancêtres. Ne dit-on pas que c’est le passé qui aide à construire l’avenir? Qu’est-ce qui empêche donc les pays arabo-musulmans a accentué et encourager l’enseignement de l’apogée de notre civilisation, à travers les cours d’Arabe dispensés dans le cadre de l’enseignement de la langue d’origine dans les pays occidentaux, par exemple ? Ces cours d’arabe classique, qui Jadis bien encadrés, disparaissent au fur et à mesure.
L’histoire nous témoigne un peu plus de cinq cent astronomes, des centaines de médecins, de physiciens, de philosophes qui ont consacré leur vie à la recherche, à la transmission du savoir aux autres contrées du monde. L’écrivain Espagnol Blasco Ibanez, dans son livre «l’ombre de la cathédrale – 1957», précise qu’en Espagne, l’essor n’est pas venu du nord avec la horde barbare, elle est venue du midi avec les arabo-musulmans conquérants, affirmant que c’est une expédition civilisatrice beaucoup plus qu’une conquête.
Dans les manuels scolaires et à travers les médias, des interprétations fausses demeurent. Elles présentent l’islam comme une religion conquérante, exhortant à la violence, qui doit son expansion rapide à la force des armes. Le peu relaté sur la civilisation arabo-musulmane dans les manuels scolaires Français est englouti par «la sémantique» de la peur , à travers des définitions erronées des mots qui reviennent le plus souvent: Djihad qui est pris par les auteurs dans l’acception «guerre sainte» ayant pour but de défendre l’islam ou de convertir les infidèles, occultant que la notion de Djihad peut avoir plusieurs signification selon qu’il s’agit d’un contexte politique ou sociétal et l’Islam qui est défini comme la religion de la soumission…
L’islam, cette religion tant stigmatisée en France est à l’origine de cette civilisation, de ce savoir qui a profité à l’Occident. L’islam généreux incite à la diffusion du savoir, sans distinction aucune, à l’instar du hadith rapporté par Abou Horeira: «Dans le cas où quelqu’un vienne à vous, dans le but d’étudier, traitez le avec déférence et estime, car c’est mon convive».
Dans son oeuvre «Essai sur les moeurs et l’esprit des nations», Voltaire écrit: «Nous leur devons de nouveaux remédes qu’on nomme les minoratifs, plus doux et plus salutaires que ceux qui étaient auparavant en usage dans l’école d’Hippocrate et de Galien. L’Algèbre fût une de leur invention et il ajoute: « dans nos siècles de barbarie et d’ignorance, qui suivirent la décadence et le déchirement de l’empire romain, nous reçûmes presque tout des Arabes: astronomie, chimie, médecine» et que «dès le second siècle de Mahomet, il fallut que les chrétiens d’Occident s’instruisissent chez les musulmans ».
René Taton, dans «La science antique et médiévale, des origines à 1450», écrit : Si nous réunissons les conditions religieuses et humaines, nous comprendrons la situation des savants musulmans et la poussée qu’ils ont donnée aux savants de toutes confessions et de toutes races, en les mobilisant pour une oeuvre commune en langue arabe. La science est effectivement une des institutions de la cité musulmane. Non seulement des mécènes l’encouragent, mais des califes travaillent à son instauration et à son développement. Il faut citer surtout Khalid, le «prince philosophe », dont l’action relève peut-être de la légende, AI-Mansûr, le fondateur de Bagdad, et Al-Mamoun qui envoyait des émissaires à la recherche des manuscrits pour les faire traduire avec ardeur.» Sigrid Hunke, une chercheuse Allemande dans son oeuvre «le soleil d’Allah brille sur l’occident» rend hommage à ces inventeurs de génie, trop longtemps ignorés des manuels scolaires occidentaux et aujourd’hui encore souvent réduits au rôle de simples traducteurs des textes des Anciens.
Rappelons donc quelques grandes lignes des origines et des apports de cette civilisation à l’humanité.
Les origines de la civilisation musulmane
Au milieu du 7éme siècle, l’islam fit son apparition, la civilisation gréco-romaine était à son déclin, l’islam incite à la science comme en témoigne le premier verset coranique:
Lis au nom de ton Seigneur qui a tout créé, qui a créé l’homme d’une adhérence !
Lis, car la bonté de ton Seigneur est infinie !
C’est lui qui a fait de la plume un moyen du savoir et qui a enseigné à l’homme ce qu’il ignorait.
Le coran invite toujours à cultiver la science et contient sur les phénomènes naturels beaucoup de détails explicatifs qui sont conformes aux données de la science moderne:
Dis: sont ils égaux ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? (verset coranique) Ou Dis plutôt : «Seigneur, donne-moi encore plus de savoir !»
Depuis la révélation, notre prophète (SAW) s’est attelé à transmettre la révélation et le savoir par l’intermédiaire du coran et des ses règles qui régissent la société Arabe.Le prophète ne se limitait pas à enseigner les règles de l’islam et les règles du comportement uniquement aux hommes mais également aux femmes.
Ibn Said, un compagnon du prophète rapporte le fait suivant:
Une femme est venue voir le prophète (SAW) et lui dit: Les hommes bénéficient de votre savoir et de vos dires, réserve nous un jour pour que nous aussi, nous puissions acquérir ce que Dieu vous a enseigné.
Le prophète lui répondit: Réunissez vous tel ou tel jour dans tel ou tel lieu… Elles se sont réunies et le prophète (SAW) est passé leur transmettre quelques enseignements sur les règles de l’Islam.
L’origine du savoir musulman ou de la civilisation arabo musulmane est bien entendu la religion musulmane, une religion de Savoir, de Savoir être et de Savoir faire.
Cette règle des 3 S, chère aux gens de la communication dans notre époque a été déjà inventée par le prophète (SAW) qui déployait beaucoup d’effort pour que les savoirs et les enseignements théoriques soient transposées en application, c’est-à-dire en savoir faire et il incitait à lui bénédiction et salut au savoir être, c’est-à-dire à adopter des comportements, la communication verbale et le paralangage pour mener à bien ce savoir.
L’Islam interdit l’ignorance et prescrit à ses membres d’acquérir la connaissance. Le savoir est rendu obligatoire, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, comme l’a souligné le Prophète à travers plusieurs hadiths.
«Celui qui emprunte un chemin menant à l’apprentissage d’une science, Allah lui facilite l’accès au paradis.» Rapporté par Ibn Mâjah
Et d’autres hadiths parmi lesquels:
«La recherche du savoir est un devoir pour tout musulman », ou bien «Demander le savoir de la naissance jusqu’à la mort», ou bien «Allez chercher la science, même en Chine ».
Le savoir est bénéfique pour la société et pour cela il est même préférable aux prières surérogatoires comme le souligne le hadith suivant :
«Que de bonne heure, tu apprennes un chapitre de sciences, vaut mieux que de faire cent génuflexions de prières rituelles ».
Ali Ben Abi Talib a dit: L’orphelin n’est pas celui qui a perdu ses parents.Non ! L’authentique orphelin est celui qui ne possède ni savoir, ni éthique».
La notion du savoir a toujours été en frontispice de la pensée musulmane:
Le monde est soutenu par 4 colonnes:
-Le savoir des juges
-La justice des grands
-La prière des justes
-La valeur des braves
Cette inscription figure sur les frontons des universités de l’Espagne musulmane. On remarquera que le savoir y figure en première place.
Rien d’étonnant donc si l’on se rappelle que l’islam exalte la science dans plusieurs versets du coran qui affirme par la bouche de son prophète (SAW) que L’encre des savants et plus précieuse que le sang des martyrs. Les Arabes, sont entrés dans l’histoire parce qu’ils ont porté un langage universel: l’Islam, l’héritage des grands courants monothéistes, remontant à Ibrahim. Un Islam qui incite à la science, à la concertation, à la compréhension et à l’empathie. La justice, l’égalité, les notions de droits, la sociologie et d’autres disciplines ont été mis en exergue par la religion musulmane. Le prophète ne cessait de rappeler et rappeler les règles qui doivent régir les comportements entre les humains, les sciences sociologiques assistent à leur début :
Rappel aux musulmans, rappelle leur comment ils doivent se comporter (verset coranique).
Omar Ibn el khattab, le 2ème calife musulman n’a pas attendu la déclaration universelle des droits de l’homme pour rappeler les méfaits de l’exploitation de l’homme par l’homme, l’esclavage .Il luttait pour la libération des esclaves ou du moins pour le bon comportement vis-à-vis d’eux.
-Pourquoi vous appropriez vous vos semblables alors que leurs mère les ont enfanté libres, disait-il.
C’est durant le règne de Omar Ibn el khattab, surnommé le juste que les musulmans ont eu l’idée du recensement des humains dans des registres et la conservation des informations sur les soldats, la trésorerie, c’était les débuts des techniques de recensement et des statistiques
L’islam pénètre le monde chrétien et gréco-romain peu après la mort du Prophète Mohamed. Pendant le pouvoir des Omeyyades, l’expansion continue, les conquêtes territoriales se faisant par voie terrestre jusqu’au Maghreb à la fin du VIIe siècle, et jusqu’aux côtes espagnoles au début du VIIIe siècle. En 712 ils franchissent le détroit de Gibraltar et envahissent l’Espagne. Les musulmans sont arrêtés à Poitiers en 732.
Une des raisons qui a facilité la conquête est le fait que les musulmans étaient porteurs d’un message humanitaire, de savoir.
Dans une de ces interventions, Ahmed Djebbar, mathématicien et chercheur Algérien en histoire des sciences depuis 30 ans précisait que les musulmans quand ils arrivaient dans les pays conquis ils disaient aux populations:
«Nous, nous sommes d’Arabie et nous sommes une nouvelle religion, nous combattons pour une religion, donc nous ne sommes pas venus pour vous spolier et cette religion n’est pas opposée à votre religion, mieux encore cette religion ne fait que prolonger la religion chrétienne et juive. Si vous acceptez notre religion tous vos biens seront protégés. ce n’est pas une soumission des peuples, même si l’islam étymologiquement veut dire se soumettre mais se soumettre à Dieu. Mais la soumission ne doit pas se faire sous la contrainte. C’est l’un des grands principes de l’islam.»
L’islam a donc permis l’émergence du savoir, de la réflexion et de l’analyse profonde et a jalonné l’itinéraire de l’humanité en facilitant la transmission de ce savoir.
Christophe Colomb aurait-il redécouvert l’Amérique sans son astrolabe revu, corrigé et utilisé par les Arabes ?
Les engins occidentaux auraient-ils atteint la planète Mars si, bien longtemps avant eux, des Arabes n’avaient cessé d’observer rigoureusement le ciel ? Nos ancêtres n’ont pas attendu le GPS pour s’orienter! Dans la mesure où les progrès technologiques modernes s’inscrivent dans la longue chaîne des connaissances universelles, il est indéniable d’affirmer que les musulmans ont, à une époque, contribué à révéler de nouvelles découvertes scientifiques.
On comprend comment l’Islam invite à l’observation et l’analyse des phénomènes naturels, à la recherche intellectuelle, au progrès et à la science. La référence religieuse sert de moteur à la dynamique de la créativité humaine dans des domaines aussi variés que les sciences, la littérature ou l’architecture. A une époque où l’Eglise, de son côté, privilégie l’obscurantisme et l’élitisme, l’Islam parait d’une grande modernité.
On s’étonne de découvrir à quel point notre quotidien, le quotidien des occidentaux est agrémenté d’expressions arabes : le petit café du matin avec un peu de sucre, le verre de limonade dégusté sur le sofa ou sur le divan, la cotonnade…sans compter le safran, la muscade…
Grâce au commerce, les marchands arabes ont introduit en Europe les épices, le coton, les tissus, le papier (précieux support de la vie intellectuelle), ou encore la boussole ou les notions d’hygiène.
Et que dire des multiples apports scientifiques des arabes dans les domaines des mathématiques, de l’astronomie et de la médecine ? Pour le musulman, l’univers entier est la preuve de l’Unité de Dieu. Allah, dans le Coran, invite le croyant à observer le ciel, les étoiles et toute Sa Création. Il est alors naturel pour le fidèle d’explorer les sciences naturelles, astronomie, physique ou médecine.
Le génie des arabes est d’avoir su étudier et traduire les ouvrages des savants grecs, indiens ou chinois en les critiquant et en apportant de nouvelles conclusions. Ce n’est que par le biais des ouvrages arabes, traduits en latin, que l’occident, à partir de la Renaissance, pourra se lancer dans la grande aventure scientifique du monde moderne. Peut-on imaginer l’étude des mathématiques modernes, de l’algèbre, sans l’adoption de la numération décimale par l’humanité entière ? Déjà, bien avant Copernic, les arabes avaient émis l’hypothèse de la rotation de la terre autour du soleil, ils avaient établis des catalogues d’étoiles et construit des observatoires. Ils connaissaient les mécanismes de la circulation sanguine et avaient abordé les domaines de l’ophtalmologie, la psychiatrie, la chirurgie…dont les traités de la Renaissance se sont largement inspirés. Comment de telles avancées ont-elles été possibles ? Plusieurs paroles du Prophète de l’Islam nous renseignent: «L’étude de la science a la valeur du jeûne, l’enseignement de la science celle d’une prière», ou encore: «Quiconque part à la recherche de la science agit pour la cause de Dieu jusqu’à ce qu’il retourne chez lui». Ainsi, la ferveur religieuse a engendré l’émulation intellectuelle. On ne saurait étudier aujourd’hui l’histoire de l’Occident sans rendre compte de l’héritage de la brillante civilisation arabo-musulmane.
II-L’essor de la civilisation musulmane
l Les Omeyyades: (661-750)
Les Omeyyades ou Umayyades sont une dynastie de califes sunnites qui gouvernèrent le monde musulman de 661 à 750, établissant leur capitale à Damas.
Ils tiennent leur nom d’un de leurs ancêtres, Omayya, grand-oncle de notre prophète. Ils appartenaient à la tribu des Quoraychites, tribu dominante à La Mecque au temps du prophète (SAW). Après s’être opposés à celui-ci, ils l’avaient rejoint au dernier moment.
Les Omeyyades étaient liés au troisième calife, Uthman. Quand celui-ci fut assassiné par des opposants qui portèrent au pouvoir Ali, cousin et gendre de Mahomet, tous ceux qui étaient liés à Uthman crièrent vengeance, notamment l’Omeyyade Muawiya, qui était alors gouverneur de Syrie.
À la suite de quelques combats, Ali fut écarté du pouvoir en Syrie par un arbitrage, et Muawiya fut proclamé calife par les Syriens en 661. Ali ayant été assassiné par les Kharidjites, ses anciens partisans, plus rien ne s’opposa ensuite au règne des califes omeyyades.
Les califes Omeyades ont donné le premier essor à la civilisation musulmane.Littérature et arts connurent un magnifique essor.A l’exemple des grands poètes satiriques: Jarir, Farasdaq et el Akhtel, ce dernier est resté Chrétien jusqu’à sa mort, preuve en est de la tolérance des musulmans.
Al-Akhtal est resté chrétien tout au long de sa vie. Pourtant, les princes et les califes omeyyades l’ont grandement incité à embrasser l’Islam, allant jusqu’à lui proposer de hautes responsabilités pour qu’il renonce à sa religion. Jarîr et Al-Farazdaq ont, pour leur part, trouvé que c’était un point faible que Al-Akhtal soit chrétien.
Durant la période Omeyyade, la littérature a atteint son apogée.Nous pouvons citer un des auteurs qui ont marqué cet époque : IBN EL MOUKAFA (720-757), d’origine Perse et qui a embrassé l’Islam tardivement.
Ibn el moukafaa, est un des premiers traducteurs qui a traduit des oeuvres persanes et hindoues.Il a écrit plusieurs oeuvres en histoire, en philosophie. Il est connu pour avoir écrit les premières fables, mettant en scène les animaux et donc bien avant la Fontaine.
Durant la période de le régne de Abdelmalik: la dynastie ommeyade a été gouvernée par 6 Khalifats: Mu’âwiyya 1er, Yazîd 1er, Mu’âwiyya 2, Marwân 1er, Abd al-Malik et Al-Walîd;
C’est durant le régne de ABDELMALIK, passionné d’architecture et de poèsie (lui-même poète) que fut construite la mosquée d’Omar à Jérusalem.Son fils EL Walid étendit l’empire jusqu’aux Indes et au Maroc à l’ouest .C’est durant cette période que la langue arabe devient la langue de l’administration.Le règne des omeyades ne fut cependant qu’une période de gestation.
Les Omeyyades furent ensuite détrônés en 750 par les Abbassides, qui fondèrent leur propre dynastie. Presque tous les membres de la famille furent massacrés, mais le prince Abd al-Rahmân Ier réussit à s’enfuir, à gagner l’Espagne et à y établir une nouvelle dynastie à Cordoue. En 929, l’émir Abd al-Rahmân III prit le titre de calife, affirmant ainsi la complète indépendance du califat de Cordoue. En raison de cette suite d’évènements, les califes Omeyyades souffrent d’une mauvaise réputation dans l’historiographie musulmane, et le titre de calife (successeur du prophète) leur est généralement refusé, pour le titre plus séculier de Malik, roi
l Les abassides (750-1258)
Le flamboiement culturel qui a baigné et nourri pendant plusieurs siècles tout une partie de l’humanité entre Méditerranée et océan Indien constitue un apport décisif à la fondation de la science moderne: c’est en substance la démonstration qu’apporte le mathématicien et historien des sciences Ahmed Djebbar, avec son dernier ouvrage: Une histoire de la science arabe. L’avènement de l’Islam et son expansion territoriale suscite, dès la fin de l’empire Omeyyade, une effervescence intellectuelle qui se traduit par de remarquables avancées dans tous les domaines de la science… Pendant toute la première partie du Moyen âge, nul peuple n’ apporté au progrès humain une contribution aussi importante que celle des arabo-musulmans. Du 9éme au 12 éme siècle, la langue arabe a produit plus d’oeuvres philosophiques, médicales, historiques, religieuses, astronomiques et géographiques que toute autre langue humaine. La langue arabe a été celle de la science, de la culture et du progrès intellectuel.
Pour une perspective juste de la civilisation musulmane, il sied de ne pas oublier que cette civilisation n’est pas la création du seul peuple Arabe.
Des peuples très différents de race et de langue que l’islam avait fédéré en communauté spirituelle avaient collaborés.
Pendant un demi-millénaire écrit Jacques Risler dans son oeuvre la civilisation arabe, l’islam domina le monde par la puissance, le savoir et la primauté de sa civilisation. Vers le milieu du 8éme siècle, L’Irak devient le centre de l’empire musulman.c’est dans leur capital, Baghdad que débute une formidable révolution des sciences.
On raconte qu’en l’an 762, le calife El Mansour fait convoquer les meilleurs astrologues pour leur demander ou il serait judicieux d’établir la capital de son empire.Grâce à de nombreux calcul, le conseil est excellent : Le tigre est avec l’Euphrate, deux grands fleuves qui irriguent la région. A l’endroit désigné par les astrologues se croisent des canaux et des routes commerciale de l’empire. Rapidement la ville sort de terre.les paysans des alentours lui donne le nom d’un petit village qui existait déjà là: Baghdad.
Baghdad attire les richesses du monde.La capitale du savoir est née. Moins de 20 ans après la fondation de la ville, un premier hopital est construit sur ordre du calife Harum Errachid.
A baghdad, on produit dès le 8éme siècle de la pâte à papier: partager le savoir devient plus facile grâce à des manuscrits rédigés ou copié sur papier.A baghdad débute l’épopée scientifique.
Haroun Errachid offre au roi Charlemagne une horloge dont la mécanique et la précision à susciter l’admiration de ce dernier.
L’horloge offerte à Charlemagne en 807 par lambassade de Harun al-Rachid (766-809) est décrite par le chroniqueur royal de lempereur, Eginhard dans ses Annales:
Une horloge construite avec autant dingéniosité que dart, où le mouvement des douze heures était dû à un mécanisme hydraulique, de petites boules de bronze tombant dans un récipient quelles faisaient résonner, chaque fois quune heure était révolue. Douze cavaliers se tenaient derrière douze portes fermées, autant de portes souvraient autant de cavaliers en sortaient que lhorloge sonnait de coups. Il y avait encore, dans le mécanisme de cette horloge, beaucoup dautres merveilles dont la description nous prendrait trop de temps». C’était en 807. En 830, la création de Beit El hikma (la maison de la sagesse) à Baghdad par le calife Haroun Errachid, une sorte de grande université ou d’académie des sciences.c’est l’un des plus grands évenements marquants de l’histoire.
El Mamoun, fils de Haroun Errachid succède à son père au début du 9éme siècle.Le nouveau calife est passionné de sciences, il cherche à accroitre ses connaissances et celles des savants de sa ville.Il se rend souvent à la maison de la sagesse pour écouter les savants.Un des objectifs du calife el Mamoune est d’avoir une carte fiable de son empire.Il en a besoin pour connaître son territoire et mieux gouverner ses sujets. Pour concevoir cette carte, les astronomes repartent d’un document conçu par Ptolémé,un géographe grec du 2éme siècle.ils y apportent des corrections importantes. Baghdad donne naissance à El Khawarizmi, né en 780, auteur du premier livre sur l’Algèbre. Il explique les opérations élémentaires (addition, soustraction, multiplication, division), les équations à une inconnue, il donne naissance à une nouvelle science l’Algèbre du mot arabe El Jabr, qui signifie «restaurer».il est à l’origine des algorithmes, qui est la déformation de son nom par les occidentaux.
L’épopée de la science arabe continue avec d’autres savants:
-Ibn Sina (Avicennes) qui écrit le canon de la médecine, Ibn Rochd (Averroes),El Farabi ( philosophe),El idrissi le grand géographe voyageur qui réalise la première carte élaborée du monde, Zyriab, le poète chanteur ,Ibn khaldoun, le plus grand sociologue de tous les temps, spécialistes des relations humaines et des comportements, dont les concepts sont malheureusement plus connus en occident que dans les pays arabo-musulmans, Ibn Nafis qui décrit la petite circulation du sang, Ibn El Shatir qui élabora de nouveaux modèles pour les mouvements des planètes qui inspireront Copernic ,le mathématicien et physicien Ibn Al-Haytham (XIe siècle) avec son monumental traité d’optique ,qui sera d’ailleurs traduit en latin et qui restera une référence, en Europe, jusqu’à la fin du XVIIe siècle et la liste est encore longue. La décadence continue bien entendu tant que nous ne rappelons pas à la génération future l’histoire détaillée de notre civilisation qui devait être notre fierté et le zéro ne s’ouvrira pour nous laisser sortir de notre léthargie que lorsque l’on commence par bien comprendre et mettre en application la citation du défunt Mohamed Boudiaf «Observons les nations développées : en quoi nous ont-elles dépassés ? Elles nous dépassent par la connaissance» et bien entendu et en réhabilitant les lieux du savoir, les écoles pour leur rendre leur vocation première, à l’instar du collège Mohamed Khemisti de Relizane et d’autres écoles détournés de leur mission principale, car transformer une école, en un lieu de commerce par exemple est un crime contre le savoir, donc un crime contre la civilisation arabo-musulmane qui a fait de la transmission du savoir son cheval de bataille.
*Professeur d’économie-Paris
1 août 2012
Universitaires