Les mauvais élèves de Giap ont ceci de particulier qu’ils sont plus difficiles que les autres. Avec eux, on est obligé de souquer très ferme, de travailler au rabot très dur, d’insister et de revenir à la charge à plusieurs reprises et encore ! le résultat n’est pas assuré d’avance.
Dans le cas qui nous occupe et que l’indigence de la vie intellectuelle et culturelle de notre pays nous impose, à notre corps défendant, comme très léger sparring-partner, nous qui avions, directement, frayé, dans notre jeunesse, avec les Maxime Rodinson, Boutros Boutros Ghali, Mohammed Boudia, Mohammed Khedda, Mohammed Issiakhem et Roger Garaudy, il semble qu’au bout de l’effort, nous ayons fini par obtenir gain de cause. Il me plaît de relever que le peu que j’ai cru comprendre dans le galimatias de Abdellali Merdaci conforte, parfaitement, les appréciations que j’avais faites à propos de ses commentaires infondés et irrévérencieux sur la bataille de Constantine de 1837 et sur la Révolution du 1er Novembre 1954. Quoi que noyés dans un flot de minauderies de circonstance et de froufrouteuses indignations de précieuses ridicules du genre «je vous déteste, profondément, Monsieur le Directeur Général ! Na ! Je suis arrivé à vous le dire !», les rectificatifs apportés ont tout l’air de s’apparenter, quant au fond, à un revirement à 180°, pour ne pas dire à une pantalonnade consentie avec la contrition d’une nonne prise en flagrant délit de péché véniel. Et alors, foin du char «pacifique » de la discorde, vite expédié, sans l’infâme mention, objet de la controverse ! Et triple ban pour «les martyrs constantinois de la Révolution et du beylikat de l’Est d’antan» ! alors que dans la version originale, l’armée française avait le droit de glorifier ses crimes en Algérie et El Hadj Ahmed Bey était présenté sous les traits repoussants d’un fuyard, tout juste intéressé «par restaurer le glaive turc sur le pays ravagé». Dans la version corrigée, exit les Constantinois jetant leurs femmes, par-dessus bord, pour préserver leur honneur ! Et bonjour «le sacrifice (sic) des Constantinoises pour sauver celui des familles musulmanes (resic) !» Volatilisées les complaintes sororales et les références aux radotages de grand-mère de Malek Benabi ! Et confirmé notre rappel sur les accusations de collusion avec Yves Chataigneau, le gouverneur général de l’Algérie, portées par notre «critique éclairé» contre Kateb Yacine dont on apprend, en plus, dans la relation actualisée, qu’il recevait argent et recommandations de la part du commanditaire des massacres du 8 Mai 1945. Le tout noyé dans des pleurnicheries à n’en plus finir. Mais moi, mon pauvre ami, qu’y puis-je ? C’est vous qui l’aviez voulu et vous n’avez à vous en prendre qu’à vous-même, car qu’est-ce qui vous a pris, petite felouque, de vous fourvoyer sur la route des paquebots, comme le dit un adage algérois, et de vous gratter là ou ça ne vous démangeait pas, ainsi que prévient un autre, celui-ci annabi ? A défaut, vous auriez dû prendre conseil chez Fadéla Dziria qui chantait : «Li darbatou yeddou, ma yebki, oua idha baka, yakhfi sawtou ! Que celui qui se frappe avec sa main ne pleure pas et s’il lui arrivait de le faire, qu’il le fasse en baissant la voix !» M’enfin, n’est pas Jean Edern Hallier qui veut ! Pour prétendre lui ressembler, il faudrait avoir des reins solides et se munir, avant de s’exercer aux sauts périlleux, d’une perche bien flexible pour ne pas se faire, à tous les coups, ramasser, piteusement, une fois par les Lacheraf, une autre fois par Hamid Khodja et une autre par Médiapart, etc. Au lieu de m’inviter à consulter vos «travaux d’histoire littéraire», une triste et fastidieuse énumération de titres d’ouvrages et de noms d’éditeurs — Dieu me garde de cette horrible punition que vous infligez, régulièrement, à vos rarissimes étudiants ! — et d’appeler à la rescousse «l’idiot» de Shakespeare pour vous fournir un argument fallacieux, vous ferez bien de méditer cette pensée d’un sage, bien de chez nous, en l’occurrence Cheikh Bachir El-Ibrahimi qui disait «qu’avant d’écrire, il faut bien lire et qu’avant de lire, il faut bien écouter». Et dans la foulée, au lieu de délivrer des sauf-conduits à l’armée française pour parader sur les Champs-Elysées, à bord de véhicules blindés portant le nom de ses guerres d’extermination, lisez ce qu’en dit Ferhat Abbes dans cet extrait d’ Autopsie d’une guerre. «Aucune colonisation n’est humaine. Pour réduire notre peuple à une poussière d’individus, il a fallu que les généraux français de la conquête aient conçu sa disparition. Ils pensèrent sérieusement à son génocide ou, du moins, à son refoulement dans le Sahara et sur les crêtes rocailleuses des montagnes. Laisser la place nette au peuplement français a été l’idée directrice de l’aventure française en Algérie. De tous les peuples africains, le peuple algérien paya le plus lourd tribut à la colonisation, mais les historiens occidentaux ont la fâcheuse tendance de glorifier l’occupation romaine quand ils voulaient justifier les entreprises coloniales !» Fin de citation. Avant de vous quitter, avec plaisir, je vous invite à vous réviser et à vous réconcilier avec la glorieuse Histoire de notre Nation sans intermédiaires étrangers et sans grilles de lectures falsifiées. Alors stop et fin ! La récréation est terminée ! Rejoignez, vite, votre classe, les cours de rattrapage ont commencé !
B.-E. M.
P. S. : Qu’est-ce que c’est que ce nombrilisme qui vous pousse à en appeler aux lecteurs du Soir d’Algérie dans un geste de désespoir quémandant à l’arbitre un penalty ?
Source de cet article :
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2012/08/01/article.php?sid=137381&cid=41
1 août 2012
Contributions